Art numérique
Lorsque danse et numérique font corps
96 détails, performance aux accents atypiques
Depuis une dizaine d’années, la compagnie Mulleras propose des œuvres décalées. Qu’elles soient numériques ou scéniques, elles laissent le spectateur voguer entre technologie et poésie. Au Théâtre Universitaire de Nantes et en collaboration avec l’Olympic, scène de musiques actuelles, a été présenté 96 détails. Cette performance artistique laisse froid ou transcende. Didier Mulleras, chorégraphe, revient sur ce projet atypique.
96 détails est un projet global dont Traces fait partie. Comment définiriez-vous cet ensemble ?
96 détails est un projet développé sur quatre ans et Traces est l’un de ces détails. C’est une œuvre globale composée d’un cube dont chaque face est composée de seize petits carrés. Le cube s’ouvre et propose 96 espaces de création. On travaille d’une façon fragmentée avec une multiplicité d’espaces. La performance scénique, Traces, ne doit pas être vue comme la version live d’un des modules du cube mais plutôt comme une relecture, un prolongement du travail numérique.
Pourquoi avoir choisi de travailler avec le numérique, l’informatique ? Est-ce un moyen de toucher un public différent ?
Ce n’est pas pour amener le public à la danse ni pour surfer sur les avancés technologiques. Bien sûr, il y a des personnes qui ont découvert la danse grâce à notre projet présenté sur internet mais ce n’était pas notre but. Aujourd’hui, les contraintes technologiques se réduisent et notre travail créatif peut s’exprimer de plus en plus librement. Si nous avons fait ce choix de travailler avec les nouvelles technologies, c’est d’abord pour trouver un nouveau territoire de création et de diffusion.
Jusqu’en 1998, vous présentiez des chorégraphies de plateau puis vous avez commencé un travail à l’image, notamment sur internet. Qu’est-ce que ce médium a changé pour vous ?
Oui, nous sommes des artistes issus du spectacle vivant. Internet c’est la possibilité pour le spectateur de découvrir notre compagnie et nos spectacles aux quatre coins du monde, de cliquer, sans télécharger ni payer et ainsi de pouvoir nous découvrir. Nous revendiquons cette liberté et cette gratuité que permet internet. Le rapport au public est certes différent mais il y a toujours de l’humain de chaque côté. Certains nous reprochent de désincarner la danse par le web, de perdre l’humain et le physique. Notre priorité est de rendre visible le corps, le mouvement, même si ce n’est pas toujours de façon visible, comme le mouvement des pixels.”
Notre priorité est de rendre visible le corps, le mouvement, même si ce n’est pas toujours de façon visible, comme le mouvement des pixels
Vos spectacles s’exportent de par le monde, des Etats-Unis à la Malaisie en passant par l’Italie. D’où vient ce succès ? Le rôle d’internet est primordial, non ?
La compagnie est découverte, à l’étranger, par le biais du site internet puis est bien relayée par les médias. Il y a un effet boule de neige mais sans volonté de notre part. Internet n’est pas un plan de carrière. L’étranger, c’est un beau cadeau que l’on nous fait. Bientôt, nous nous rendons en Australie.
Il y a un effet boule de neige mais sans volonté de notre part
Et les autres chorégraphes, plus traditionnels, savez-vous s’ils apprécient vos créations ?
Nous avons peu de rapport avec les autres chorégraphes hormis quelques compagnies étrangères. Au départ, beaucoup de chorégraphes institués ont aimé. Nous avons eu très peu de retours négatifs de la profession.
Vous faites quasiment l’unanimité alors…
Nous ne souhaitons pas être l’opium du peuple. Nous souhaitons rester libres dans la création et la diffusion notamment par internet qui nous a permis ceci. Le succès n’est pas un moteur. L’important, c’est de pouvoir toujours créer des objets transversaux.
Propos recueillis par Aurore de Souza Dias
Photos : Cie-Mulleras
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