Honor de cavallerÃa : comment faire « un film aux antipodes du cinéma habituel  ».
Le festival du cinéma espagnol nous surprend.
Le silence est d’or, la parole est d’argent : voici le leitmotiv qu’a suivi Albert Serra, jeune réalisateur espagnol, dans son film « Honor de cavallerÃa  ». Adaptation atypique du chef d’Å“uvre de Miguel de Cervantès, cette histoire nous conte les déboires du célèbre chevalier Don Quichotte et de son compagnon Sancho.
Un paysage de pampa, le bruit du vent et de l’herbe froissée sous les pas de deux personnages silencieux, tels sont les « acteurs principaux » du film « Honor de cavallería » d’Albert Serra. « Intrigue » qui se poursuivra durant tout le film puisque cette œuvre se démarque par son absence de dialogue, de musique ou encore d’éclairage artificiel.
une démarche «non conventionnelle» qui, selon lui, «colle tout à fait au thème du film».
Albert Serra a choisi d’opter pour une démarche « non conventionnelle » qui, selon lui, « colle tout à fait au thème du film ». Bien connu du grand public, Don Quichotte et son comparse Sancho, guidés par Dieu, parcours l’Espagne à la recherche d’aventures. Cette histoire romanesque et la rencontre de deux acteurs non professionnels, Lluis Carbo et Lluis Serrat, ont été le déclencheur de ce projet contemplatif et énigmatique.
Contraint par le hasard, Albert Serra à dû tourner ce film de « façon modeste », avec peu de moyens humains et financiers. Ce côté modeste, ressort de manière intégrale dans le film, bien que les choix esthétiques aient surtout été motivés par une envie de simplicité, de manière à rester fidèle à l’ouvrage. Pourtant, cette épuration a de quoi troubler. Le tournage en caméra à l’épaule donne au spectateur une sensation d’accompagnement des personnages mais bien qu’il serve l’effet de réalisme, il finit par être déstabilisant.
L’absence, presque quasi constante, de dialogue entre les deux personnages manque de faire songer le spectateur à des choses complètement inattendues, et voire, pour certaines personnes à tomber dans les bras de Morphée. Le choix d’occulter la trame narrative, et montre des scènes qualifiées « d’entre chapitres », donne l’impression d’assister à des épisodes sans trop d’intérêt mis bout à bout. L’occultation d’éclairage lors des scènes de nuit, nous plonge littéralement dans la situation du protagoniste mais, perdu dans cette noirceur, la magie du moment nous quitte. Et bien que le réalisateur justifie ces choix dits « esthétiques », que le milieu professionnel salue son génie (Honor de cavallería a été sélectionné pour la quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes), bon nombre de spectateurs n’ont pas réussi à s’identifier à ce cinéma presque expérimental, ou tout du moins en rupture total avec les codes (certes parfois grotesques) auxquels nous sommes habitués.
Pour plus d’informations : www.cinespagnol-nantes.com
Céline Quéro
Julie Parpaillon
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