Festival du cinéma espagnol : une ouverture forte en émotions
Projection de "Salvador" devant un public conquis
Mercredi 14 mars, la 17ème édition du festival du Cinéma Espagnol a démarré au quart de tour avec la projection de "Salvador", un film riche en émotions de Manuel Huerga, dans une salle comble et une ambiance survoltée.
Comment expliquer ce que l’on peut ressentir à la sortie d’un film tel que « Salvador » ? Touché, vidé, en colère, ému ?
Tiré du roman de Francesc Escribano, « Salvador » retrace l’histoire vraie de Salvador Puig Antich, étudiant révolutionnaire du MIL (Mouvement Ibérique de Libération), luttant contre le régime dictatorial franquiste. Menant des actions à la fois violentes et désespérées, ces jeunes, imprégnés d’un sentiment d’invulnérabilité, s’affrontent rapidement avec la police, représentante d’un pouvoir oppressant. Lors d’une arrestation musclée, Salvador tue un policier dans des circonstances ambiguës. S’ensuit alors une descente aux enfers pour ce jeune espagnol qui devient l’icône d’une révolution, l’emblème d’une génération toute entière. Un combat est mené par son avocat, sa famille, ses amis afin qu’il échappe à la peine de mort. En vain. Le 2 Mars 1974, Salvador Puig Antich est exécuté selon le procédé barbare du « garrot vil ».
Menant des actions à la fois violentes et désespérées, ces jeunes, imprégnés d'un sentiment d'invulnérabilité, s'affrontent rapidement avec la police
Quand montage, lumière et cadrage servent un idéal.
Basé sur un flash-back continu, le film de Manuel Huerga est une réalisation qui use d’oppositions et de contrastes tant du point de vue du cadrage que de la lumière ou de la musique. Chacun de ces éléments indépendants forme un tout puissant qui procure au spectateur une émotion débordante.
Le réalisateur teinte son film pour marquer la séparation entre deux périodes différentes dans la vie du personnage principal : le passé et le présent. Les couleurs chaudes, telles que le rouge, renvoient à la révolution, au sang de la violence, au désir ardent d’individus souhaitant changer leur avenir. Au contraire, les couleurs froides comme le bleu, marquent le temps présent, reflet de la réalité de Salvador : un prisonnier, racontant son histoire, qui va finir condamné à mort.
Le montage accompagne également les différents moments du scénario. Aux actions violentes correspondent des plans serrés et rythmés. Aux moments d’intimité collent une succession de plans photographiques qui captent ces instants. Cet effet de montage double est accompagné de la musique de Lluís Llach qui créée une ambiance seventies loin des clichés.
Manuel Huerga définit lui-même son film comme n’étant « pas un voyage nostalgique vers un épisode isolé ou anecdotique mais, au contraire, il prétend démontrer son caractère actuel et universel, en dehors de tout cadre historique et géographique. ».
Saluons également l’exceptionnelle interprétation de l’acteur principal, Daniel Brühl, qui est plus que remarquable dans ce rôle poignant.
Le public plonge dans une poésie hors du commun, dans un scénario empreint de violence aussi bien physique pour les personnages que psychologique pour les spectateurs.
Une soirée dont personne ne sort indemne, un film qui marque les esprits, un réalisateur applaudi par un public ému jusqu’aux larmes.
plus d’infos sur le site officiel
Julie Parpaillon
Céline Quéro
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