CONCERT
Du rap et des plumes : Pigeon John
Le 9 octobre dernier, Stereolux accueillait le rappeur américain Pigeon John. L’artiste est en tournée à l’occasion de la sortie de son dernier album, All The Roads, le 23 septembre en France. On le connait pour ses performances lives détonantes. Entre énergie et humour, performance de haut vol.
Il s’en est fallu de peu. Pigeon John aurait pu s’appeler Chicken John, comme lui indiquait un des amis. Mais ce n’était pas écouté la mère de cet ami, qui lui préférait le pigeon. Le rappeur américain West Coast n’est pas un bad boy bling bling, et n’a rien à envier à ces derniers. Cet artiste, issu de la scène hip-hop, rappe et chante des textes qu’il écrit en s’inspirant de son expérience personnelle. Sa musique est riche de diverses influences (Phil Collins, De La Soul, Wu-Tang Clan …) où le digital a son importance, puisqu’il rappelle les duos soundsystem et MC (classique de la performance hip-hop). Il aime aussi s’entourer de musiciens, notamment lors de ses concerts. Ses compositions sont teintées de tonalités éloignées du hip-hop pour aller chercher dans les musiques électroniques, la pop et le rock, ses gimmicks. Le genre d’artiste qui nous fait prendre conscience de la finesse des frontières entre les différents styles musicaux, et qu’il faut savoir oser les mélanges.
C’est au Good Life Cafe (un restaurant qui a permis à de nombreux artistes hip-hop de partager leur talent) qu’il fait ses premiers pas dans le hip-hop, en tant que MC, et fait des rencontres déterminantes dans sa vie d’artiste. Pigeon John a été membre de plusieurs collectif, tel que L.A. Symphony, et le Quannum Projects, basé à San Francisco depuis 1992. Le Quannum projects est aussi un label indépendant qui a produit deux albums de Pigeon John dont Dragon Slayers, sorti en 2010 (qui inclut son premier tube, The Bomb).
Pigeon John a entièrement écrit et composé son album, All The Stars, réalisé par Hervé Salters déjà aux manettes de General Elektriks. L’enregistrement a eu lieu entre Berlin et la Californie. All The Stars est le sixième album du rappeur américain (le deuxième sorti en France), le Pigeon a donc de l’expérience et une réputation bien forgée. Ce n’est pas pour autant qu’il se repose sur ses acquis, il innove, se renouvelle. Dans cet album, il invite différents artistes (et amis) à se joindre à lui : les Flynn Adams, LDonthecut, Ariano, 6r Jsn Beits, ainsi que 20syl et Atom (membres de C2C). C’est à son image : frais, parfois drôle, et détonnant.
Retour sur le concert
Il s'en est fallu de peu. Pigeon John aurait pu s'appeler Chicken John, comme lui indiquait un des amis. Mais ce n'était pas écouté la mère de cet ami, qui lui préférait le pigeon
À 20h30 la salle est presque pleine. Le groupe HHH pour Happy Hip Hop, première partie de Pigeon John, commence à jouer. Ce groupe nantais est une étonnante découverte. Un hip-hop enjoué, des rythmes rocks et jazzys, entrecoupés de sessions de scratch accompagnent des textes justes, déclamés en français, anglais et espagnol. Ce qui surprend : les musiciens de la formation font autant de beatmaking que de leurs instruments respectifs : guitare, claviers, batterie. On en redemande.
Un groupe à suivre de très près, qui devrait revenir pour de nouvelles dates au printemps. Écoutez leur premier EP : Jones !
21h30, Pigeon John entre en scène. L’artiste, accompagné d’un batteur et claviériste, est réputé pour ses lives explosifs. Sa grande énergie dès le début du concert est contagieuse, le public est très réceptif au dynamisme du rappeur. Chose étonnante et bien pensée, la batterie est à l’avant de la scène ce qui ne relègue pas le batteur au simple état d’instrument de musique, accompagnateur de l’artiste, mais l’intègre pleinement au spectacle (parce qu’avec Pigeon John, on peut parler de spectacle).
Ce qui est également frappant chez Pigeon John, c’est son sens de l’humour et de l’autodérision que l’on retrouve aussi bien dans ses paroles que dans son interprétation live. Il se met en scène, joue avec le public. L’artiste est très théâtral, il vit ses chansons et le public aussi. Sa générosité n’a pas de limite, nous avons même droit à deux bananes, un mars, un lion et une pomme à demi croquée. « Who wants some banana ? ». Il semble qu’on ne s’ennuie jamais avec Pigeon John.
Quelques chansons avant la fin du concert, 20syl rejoint Pigeon John sur scène pour le titre Boomerang qu’ils ont écrit et composé ensemble. L’accueil du public envers le rappeur nantais aux multiples casquettes est très chaleureux. Le duo est dynamique. La poésie du français et de l’américain se mélange. On retrouve la plume, le flow de 20syl, et quelques bribes d’Hocus Pocus nous reviennent en mémoire. On apprécie pleinement, c’est presque trop court. Les deux artistes se sont trouvés, et se connaissent bien maintenant : Pigeon John a partagé pendant un an et demi la scène avec C2C lors de leur dernière tournée.
Aux alentours de 23h, le concert n’est pas loin de se terminer. Ça coïncide avec l’arrivée sur scène (prévue ou non ?) d’un homme-singe. S’en suit un appel de Pigeon John au public : « Come on stage ! ». Le public, dans un premier temps timide, reste perplexe, puis un premier spectateur ose et de nombreux autres se joignent à lui, pour danser et chanter avec le rappeur. Après la dernière chanson, Pigeon John est rappelé sur scène, le public en veut plus, et le rappeur aussi puisqu’il revient pour deux morceaux de plus. Jamais rassasié, Pigeon John.
Texte et photos : Alice Grégoire
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