RENCONTRE
Couvrez ce cinéma que je ne saurais voir
Dans l’ombre des salles obscures, l’association Accès au cinéma invisible propose des projections de films oubliés ou méconnus. Rencontre avec Alexis Thébaudeau.
C’est au coin d’une table de la cafétéria de la fac de Nantes que nous rencontrons Alexis Thébaudeau, membre de l’association, grand croqueur de pommes mais surtout de films, juste avant la séance hebdomadaire. Crée en 2006, abritée par l’Université de Nantes, Accès au Cinéma invisible projette chaque semaine une œuvre méconnue ou tombée dans l’oubli, non sans une curiosité et une pointe d’humour un peu décalé… Vous passerez ainsi de Vorace, film cannibale d’Antonia Bird, à la spéculation immobilière dans Glenngarry de James Foley.
le cinéma de la seconde chance
L’idée est de pallier aux problèmes de diffusion que connaît le cinéma : peu de copies, diffusion parfois limitée à Paris, voire uniquement à l’étranger. En la matière, ce sont les distributeurs qui font la loi et décident du potentiel d’un film. Parallèlement, l’offre est très importante ; une quinzaine de nouveautés sortent par semaine et il est difficile de faire sa place. Comme ciné-club et association étudiante subventionnée par l’Université et la Mairie de Nantes, Accès au cinéma invisible contacte et paie directement les ayants droit : il donne ainsi une seconde chance aux films et aux cinéphiles.
Ceux qui aiment le cinéma prendront… le train de l’Accès au Cinéma invisible
Les lumières de la cafétéria s’éteignent quand s’allument celles de la salle de projection. L’accès est gratuit. Nous sommes une quarantaine, le public est varié, pas forcément étudiant. L’ambiance tient du ciné-club et de la projection à la maison entre potes. L’association ne prétend pas éduquer à l’image mais plutôt proposer des œuvres divertissantes et souvent singulières. Alexis présente le film de ce soir. Il en donne quelques clés de lecture ; son contexte, sa sortie, le parcours des acteurs, émaille son introduction de quelques anecdotes intéressantes et lance la projection.
Saturé de couleurs technicolor, ébouriffé de plumes, dégoulinant de paillettes, décadent et tapageur, Velvet Goldmine de Todd Haynes (1998) nous embarque jusqu’à l’écœurement sur la vague du Glam Rock des années 70 en Angleterre. Arthur, un journaliste enquête sur la disparition d’une star 10 ans plus tôt dont il est lui-même fan ; Brian Slade alias David Bowie, et sur ses liens troubles avec Curt Wild (libre portrait d’Iggy Pop). Labyrinthe inextricable ponctué de flash-back, galerie des glaces hyper-narcissique, le film revisite la biographie de ces stars entre légende, fantasme, souvenirs et travestissements.
Rendez-vous sur le site de l’association, pour tout savoir de la thématique d’avril. Allez, un petit indice. Ceux qui aiment le cinéma prendront… le train de l’Accès au Cinéma invisible.
Jacinthe Blancart
Crédits photos : Sophie Nilles
Chaque mois : une thématique, deux projections au Pôle étudiant, une troisième à POL’N ou au café le Baroudeur.
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