La break dance expérimentale de Franck II Louise
La danse hip hop devenue danse contemporaine
Des hommes en tenue de combat du troisième millénaire enchaînent les mouvements en fonction de la bande son. Affublés de capteurs ils interagissent eux même sur la musique. Telle est la nouvelle proposition artistique du chorégraphe Franck II Louise, artiste de hip hop de la première heure qui parvient à créer un nouveau langage.
La danse hip hop de Franck II Louise là ne renie pas ses origines mais sait s’en émanciper pour s’élever au niveau de la danse contemporaine. Les danseurs réunis par le chorégraphe ont su garder les codes du hip hop, s’en affranchir parfois suffisamment pour en conserver toute son identité. On retrouve donc dans son dernier spectacle 1st Konnection, des vrilles, flip flap et autres toupies. Franck II Louise formule ainsi une véritable proposition artistique loin d’une simple mode et loin des clichés des quartiers. Les spectacles de la Compagnie Franck II Louise sont présentées la plupart du temps dans les scènes nationales, preuve d’une reconnaissance des institutions culturelles, puis la technicité des compositions nécessite un véritable plateau de danse. Exception sera faite au Festival Scopitone qui aura eu l’honneur de présenter sous un chapiteau, une prestation formidable.
Exprimer l’intériorité du breaker
Sur le plateau de danse, les silhouettes esquissées par le chorégraphe sont interprétées par des breakers confirmés qui défient constamment les lois de l’apesanteur. On croirait ces personnages débarqués d’une bande dessinée de science fiction. Munis de capteurs, les danseurs interviennent directement sur la bande son et lancent au gré des mouvements des samples de sons, de percussions. Ils deviennent ainsi instrumentistes et agissent sur le rythme et les mélodies. Les danseurs sont aussi à l’écoute de ce qu’ils produisent et cela influent sur leur gestuelle. Pour Franck II Louise, « il y a la volonté de faire exprimer au danseur son intériorité et de lui faire modeler une matière sonore ». Ce projet peu commun en danse hip hop nécessite l’utilisation des nouvelles technologies. Sur les costumes conçus spécialement en fibres synthétiques, 16 capteurs parcourent le corps du breaker. Pour 1st Konnection, ils sont deux à être relié à ce dispositif, l’autre danseur refusant la connexion.
Pour arriver à formuler un tel projet, Franck II Louise a eu un parcours exceptionnel où il a appris en autodidacte avec toutes les réussites et difficultés qui s’imposent. Artiste de hip hop de la première heure, Franck II Louise a découvert le rap, le tag, la break dance à New York au début des années 80 quand le mouvement n’en était qu’à ses débuts. A cette époque, Afrika Bambaata improvisait dans le Bronx ou à Harlem. Enrichi par ces découvertes, Franck II Louise devient Dj, danseur et même animateur d’une émission de télé sur le hip hop. Il fut le créateur du premier groupe de break dance française, Paris City Breaker en 1983. C’est en 1998 qu’il décide de se lancer en totale indépendance dans la chorégraphie avec « Instinct Paradise », puis progressivement il se met à composer les musiques de plusieurs compagnies marquantes de la danse hip hop : Aktuel Force, Käfig.
L’aventure se poursuit avec le projet Connecting Song qui est le second volet d’une trilogie commencé avec Drop It ! Le défi est de produire des sons proches de l’état du danseur, comme la colère, la joie, les émotions... Une recherche sur le rapport entre musique et danse, une quête à long terme pour Franck II Louise, ce prince du hip hop à particule.
+ d’infos sur le site de la Compagnie Franck II Louise
Pascal Couffin
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