
MUSIQUE
La promesse Fatou
En un peu plus d’une heure de concert, Fatoumata Diawara a électrisé la salle maxi de Stéréolux vendredi 3 février. La chanteuse malienne qui a travaillé avec Royal de Luxe, avant d’interpréter la sorcière Karaba pour la comédie musicale grand public Kirikou, a su se créer un univers personnel et intimiste entre chant traditionnel malien, blues, jazz et envolées rock.
C’est l’histoire d’une soirée qui commence à l’envers… Pour beaucoup de spectateurs venus ce 3 février à Stéréolux, Fatoumata Diawara devait être la tête d’affiche. Mais la belle malienne s’est retrouvée en première partie de Sally Nyolo, au regret de plusieurs fans qui ont donc loupé une partie de sa prestation. Pas grave… En une heure et quelques de concert, Fatou (oui, maintenant qu’on la connait, on a très envie de l’appeler Fatou) a offert un concentré d’énergie plus que prometteur pour l’une des rares dates françaises de sa tournée (elle tournera essentiellement en Europe durant les mois à venir). Il est sûr qu’avec cette énergie, sa délicatesse et sa générosité, Fatoumata Diawara sera programmée cet été dans les festivals de l’Hexagone (son nom figure déjà à l’affiche du prochain festival du Bout du monde, en août à Crozon).
Robe noire à franges, corsetée et lacée de ruban rouge. Larges boucles d’oreille vert-jaune-rouge. Bracelets aux poignets, aux bras et aux chevilles. Coiffe de tissus jaune et rouge. Fatou, son tour de taille et son mètre 80 en imposent... Mais c’est en toute simplicité qu’elle débarque sur la scène du Maxi accompagnée de ses musiciens (guitare, basse, batterie, et une choriste-percussionniste). Une guitare entre les bras, elle entame son concert tendrement, presque timidement. L’ambiance sonore oscille entre un chant traditionnel du Mali (plus précisément un chant de Wassoulou, région au Sud Est de Bamako), et une rythmique folk, blues et jazz. A travers des titres comme Clandestin ou Sowa, Fatoumata évoque le déracinement, ou encore une enfance coupée de ses parents. Des thèmes qui la touchent de près, elle qui a quitté sa famille et sa Côte d’Ivoire natale pour le Mali à l’âge de dix ans.
Celle que l’on croyait timide se transforme en bête de scène très expérimentée
Karaba rock
Au bout d’une demi-heure de concert, tout change. Et celle que l’on croyait timide se transforme en bête de scène très expérimentée. Il aura suffi d’une parole pour que le public de Stéréolux jusque-là assis, encore décontenancé de voir Fatou en première partie, se lève pour danser : « allez, on est samedi, on n’est pas là longtemps alors venez danser maintenant » (euh… oui, Fatou, en fait on est vendredi, mais au point où on en est…). Fatoumata lâche sa guitare, empoigne le micro et danse, tournoie, crie, joue avec le public. La musique, elle, prend des allures rock. Le talent scénique de la chanteuse est indiscutable. Il faut dire que tout au long de sa carrière de comédienne et chanteuse, Fatoumata a su apprendre de son entourage professionnel. Et pas n’importe quel entourage : Dee Dee Bridgewater, Oumou Sangaré, Herbie Hancock, Damon Albarn, ou encore le collectif d’AfroCubism… Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est une musique très personnelle, un univers entre mélancolie et dureté, que nous propose la jeune malienne de 29 ans sur son premier album Fatou est sur la scène de Stéréolux.
Oui mais voilà… Première partie oblige : 21h30, fin du concert. On en aurait voulu plus, beaucoup plus. On aurait voulu voir Fatou improviser des gammes jazz ou interpréter Nayan au bord des larmes, comme au Jazz café de Londres en octobre dernier. Mais non, fin de l’envoûtement. Fatoumata laisse la place à Sally Nyolo qui poursuit brillamment la soirée entre fables pour adultes, chanson française et plongée dans les cultures premières du Cameroun. Juste avant de partir, Fatou lâche : « bon, c’était court. On espère jouer plus longtemps la prochaine fois … ». Promis ?
Pierre-Adrien Roux
Retrouvez le concert en images sur le portfolio de Fragil.
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