
Le nouveau défi de la Phaze
Beat, dub, jungle,ragga, impossible de classer nos trois stars locales à nous !Et de retour de leur tournée au Brésil, le groupe risque encore de faire parler de lui dans les chaumières des festivals ! Encore plus rock,punk et jungle, bref encore plus mieux , leur nouvel album « Fin de Cycle  »est sorti le 6 juin . Portrait de la tête d’affiche des Z’echotronicks de Saint Macaire...
Eh oui, il a fait chaud, très chaud dans la campagne maugeoise pour ce dernier concert des Z’ Ecclectiques ! Tant bien que mal, nous cherchons un peu d’ombre pour l’interview... Malgré ces conditions surhumaines, Arnaud et Damny de la Phaze (ca fait très bourgeois dit comme ça !) ont accepté de me parler de leurs débuts, de leurs galères, de leurs tournées et surtout de ce qui les énerve dans cette méchante société !
Le nouvel album
Pour tous ceux qui suivent la Phaze depuis leurs débuts, le nouvel album « Fin de Cycle » paraitra surprenant avec plus d’instru, de guitare, bref, une tendance plus rock ... « On voulait un son plus dur, plus brut qu’avant...Plus rock, on peut le dire » explique Damny. « Avec même parfois, le schéma d’une chanson pop, chantée. » ajoute Arnaud « On a toujours la grosse base électro mais le rock a pris le pas sur le côté dub, reggae, ragga. » Mais rassurez-vous, La Phaze reste un groupe ouvert pour qui « l’heure est au mélange et non à la révision » ! « Notre musique est faite de pas mal d’influences comme les Clash à la base ou même des Sound System... En fait, c’est la rencontre de ces deux univers qui fusionnent à un moment. »
Pas facile de les situer donc... « Les armes pour composer, elles viennent avec les machines. » enchaîne Arnaud « Mais on pourrait très bien transposer le morceau sur un groupe classique. On compose comme un groupe de rock ,j’ pense avec des moyens différents. C’est de la jungle, la connexion des deux univers. »
L’insurrection ?
Ce qui ne change pas, c’est leur engagement, encore plus marqué dans « Fin de Cycle », alors quels sont leurs principaux messages ? « Des messages, y’ en a beaucoup. » m’explique Damny « Que ce soit des mises en garde par rapport au mode de communication actuel ou par rapport à la politique du gouvernement français. On est pas là pour donner des leçons mais pour tirer le constat, le bilan de ce qu’on voit, de la façon dont on le vit, nous. La manière dont on retranscrit les choses n’est pas la même que celle des mecs aux postes clés... Revendiquer ses droits, être actif, vigilant avec les acquis sociaux et de pas s’ laisser endormir. » (c’est d’actualité !)
« C’est vrai qu’ y’ a des morceaux qui appellent un peu à l’insurrection. D’autres qui disent attention, il se passe plein de choses sur le net enrichissant certaines personnes au détriment des autres. C’est comme ça qu’on voit les choses, qu’on les entend. Quand on lit un article de journal, on essaie de l’ décrypter... » On l’a compris, le groupe a plein de choses à dire (et surtout plein de matière). Entre deux chansons, les messages fusent pour un public d’initiés qui sait se bouger pour faire vivre autre chose que ce qu’on leur impose !
Les débuts
Un concert complet, un public qui les suit, je cherche à en savoir plus sur les débuts du groupe « On s’est formé sur Angers où on s’est rencontré Damny et moi. Moi, je jouais dans un groupe qui s’appelle Hint. Ca faisait un moment que j’ tournais et donc on a monté un groupe et on a commencé à tourner tout de suite. » Et comment est venu le succès ? « De manière hyper naturelle en fait » continue Arnaud « On a d’abord fait un premier six titre, produit, enregistré par le local, même pas distribué, juste pour trouver des concerts ! Après, on a fait un deuxième six titres avec le label Jarring Effect qui est le label d’Ezekiel et d’High Tone, s’en est suivi une exposition dans la presse spécialisée et on a tourné de plus en plus. Y a eu aussi un bon bouche à oreille sur le live plus que sur le disque comme quoi la Phaze sur scène, c’était bien, on passait un bon moment, une bonne soirée, une bonne défoule... »
Le groupe n’ a pas vraiment connu la galère mais rien n’est dû au hasard : notre trio préfère prendre son temps pour créer un album de qualité . « A la base, « Fin de Cycle », on avait décidé de l’ faire complètement nous-mêmes, d’y aller à fond et de pas se prendre la tête avec un single éventuel ou un truc commercial même si y’a un côté dans notre musique qui est markettable on va dire, vendeur. A la base, on avait pas de moyens pour le faire. Au fur et à mesure des rencontres, on s’est rendu compte qu’on pouvait se faire plaisir sur ce disque et avoir une production de choix pour faire les choses en grand tout en essayant de garder notre état d’esprit. Dès le départ, on s’est battu pour garder ce qu’on avait sur les maquettes et l’enrichir donc ça prend du temps parce qu’ entre temps, tu rencontres plein de gens et de maisons de disques qui eux n’ont pas du tout la même vision que toi. On a mis du temps à rencontrer les gens de Because qui étaient globalement sur la même longueur d’ondes que nous et nous laissaient faire à notre façon. »
La tournée au Brésil
Après Cushy Time, le groupe a donc pris son temps pour sortir Fin de Cycle, près de six ans se sont écoulés « Y’ a eu plein de choses, mais on a pas chômé. » m’explique Damny « On est partis tourner au Brésil, on a fait le disque en Angleterre. Mais des problèmes, on en a eu. Y’a un an et demi, on a démarché sept maisons de disques . A cause de la crise du disque, on nous a dit que ce serait pas pour cette fois. Un an après, c’est eux qui nous ont démarché pour signer ! C’est conjoncturel mais y’ a eu du temps de gâché ! »
Entre-temps, ils sont repérés par Manu Chao « On s’est rencontré au rassemblement du Larzac y’ a deux ans et il a vraiment apprécié ce qu’ il a vu. On est parti sur le principe de se revoir et de faire des choses ensemble. Il est venu à un de nos concerts en novembre dernier à Paris. Sur scène, il a fait deux-trois morceaux avec nous et après le concert, il nous a dit qu’il partait à Porto Alegre pour le rassemblement « Social Rock ». Il nous a dit : si ca vous branche, moi, j’ veux bien partir avec vous ! Ok, c’est parti et on a monté un répertoire ensemble avant de partir là-bas. Je pense que notre musique le touche car le mélange lui rappelle l’époque Mano. On a pris des chansons à lui, des chansons à nous, l’idée, c’était de faire un gros mix ! »
Manu Chao et La Phaze, on ne s’attend pourtant pas vraiment au même public... « Sur scène, on commençait par Mano, on montait la mayo, puis on partait sur La Phaze. C’est vrai, au Brésil, les gens venaient voir Manu Chao. Mais à la fin, on gagnait un public qui venait pas pour nous ! Ca nous a fait griller plein d’étapes par rapport au développement de nos tournées à l’étranger. »
Un nouvel album surprenant qu’on aime ou pas mais la Phaze reste un gros bol d’énergie à l’état brut (même ce grand dadais tout cool de Manu Chao a été séduit )« L’important, c’est toujours d’ aller de l’avant dans le brassage. » conclut Damny « Si demain, un chanteur soudanais vient nous voir pour jouer avec nous, y’a pas de problèmes. Au Brésil, malheureusement, on a pas eu le temps pour les rencontres mais une école de samba serait venue en studio, ça aurait été un honneur ».
On comprend mieux pourquoi ce nouvel album ne ressemble pas aux autres, savoir se renouveler, c’est le mot d’ordre du groupe... Vous avez du temps pour découvrir « Fin de Cycle », le groupe tourne jusqu’à Noel et sera présent dans de nombreux festivals, notamment aux Vieilles Charrues... A redécouvrir et à ne pas louper donc lors de vos prochaines virées arrosées !
Sabrina ROUSSEAU
Bloc-Notes
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