
Regards croisés
Nantes et son climat, le point de vue d’une carioca
Peut-on faire un parallèle entre le climat et l’état d’esprit d’une société ? Avec mon regard de brésilienne « carioca  » (de Rio de Janeiro), je m’interroge sur nos écarts climatiques pour essayer de comprendre nos écarts culturels. Une façon de déclarer mon amour pour Nantes : cette ville paisible et culturelle où le climat a tant d’influence.
La diversité peut donner à l’individu des richesses très particulières.
Le climat façonne la façon d’être d’un peuple.
Quand je suis arrivée à Nantes, il y a trois ans maintenant, je suis tombée amoureuse de cette ville tout de suite. Je m’explique : je suis une passionnée des voyages, de la découverte, des nouvelles cultures, des paysages et tout l’apprentissage qui va avec. La diversité peut donner à l’individu des richesses très particulières et je suis très attachée à ça : comprendre et apprendre les cultures d’ailleurs.
Nantes, c’est tellement différent de chez moi à plusieurs niveaux. Une des différences les plus frappantes c’est : le climat, bien sûr. Pour quelqu’un qui à vécu toute sa vie dans un éternel été, c’était un sacré changement. Donc, au fur et à mesure que le temps passait, je sentais que le climat changeait la nature, les paysages, mais aussi l’humeur des gens. J’ai commencé alors à faire attention à mon nouvel environnement, à porter un regard, on peut dire, plus détaillé par rapport aux gens.
Une journée très, très longue
Pour bien comprendre, je commence : lorsque je suis arrivée à Nantes c’était l’été. Le soleil faisait son plan "grand soleil". Il faisait beau tout le temps. Mais je sentais qu’il faisait une température beaucoup plus douce qu’à Rio, c’était très agréable pour moi. L’Erdre avec ses bateaux aux couleurs gaies. Le vert des jardins. Les gens aux cafés. Le chant des oiseaux et la chose la plus étonnante : une journée qui dure jusqu’à 22 heures ! J’avoue que j’ai eu du mal à m’habituer à ça. Très bizarre. En plus, comme la cerise sur le gâteau, tout le monde était souriant, sympa (ça aussi c’était bizarre vis à vis des clichés que j’avais sur les Français comme des gens pas sympa). Tout ça semble magnifique, n’est-ce pas ? Mais non, ce n’est pas si simple que ça !
L’automne et ses tons rouges
Cependant, le temps passe. L’automne arrive et avec lui une nouvelle surprise : la nature change ses habits. Les arbres changeant de couleur font sortir le vert de la scène et apparaissent le jaune et le rouge qui ensemble forment le nouveau décor. Je me disais à chaque promenade : « Qu’est que c’est merveilleux ! Quelle beauté, c’est la plus belle saison, romantique, très belle lumière ! » Oui, pour moi c’était la plus belle saison, avec son décor bucolique et paisible. En revanche, comme toutes les choses dans la vie, il y a deux côtés. Je me suis aperçue tout de suite qu’il y avait moins de sympathie, moins de sourire. Dommage que les "autochtones" soient moins heureux et en conséquence moins ouverts aux échanges. J’ai pu voir aussi que la politesse qui m’avait enchantée au départ était quelque chose de plus formel que vraiment « poli » : les gens disent bonjour d’une façon automatique, sans sourire, sans regarder leur interlocuteur. J’avoue que je suis déçue et enfin consciente que les clichés ne sont pas tout à fait faux, au moins quelques un.
Un rêve d’enfant : la neige
Quelle que soit la dualité de la situation, je continuais à m’émerveiller, surtout sur la nature. Je voulais voir l’hiver, la neige (même si je savais qu’à Nantes, c’était rare qu’il neige). Je connaissais la neige déjà, grâce à un voyage au Chili pour faire du ski. Mais jamais auparavant je ne l’avais vécue au quotidien. Et voilà ! L’hiver arrivait, l’air sec et froid. La nuit qui tombait très tôt et un jour paresseux qui se voulait long à se dévoiler. Définitivement, l’hiver s’était installé. J’adorais ! L’Erdre glacée, la fumée qui sortait de ma bouche … j’étais heureuse avec mes gants, mes bottes (jamais à Rio, même pas en rêve). Le marché de Noël, et encore une fois je me disais : « comme c’est beau ». Mais tout à coup, j’ai vu les Nantais plus pressés. Je me suis aperçue qu’en hiver, les gens marchent tellement vite qu’ils n’ont pas le temps d’être sympas. Et pire, je pense même qu’ils ne le veulent pas l’être. Donc, c’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que mon professeur d’anthropologie au Brésil avait raison quand il disait que le climat est un facteur très important dans l’esprit des gens. Le climat façonne la façon d’être d’un peuple.
En hiver ici, pas de gens aux terrasses des cafés, pas de bateaux à flâner sur l’Erdre, pas d’oiseaux à chanter. Par contre, il y a des corbeaux, ça n’existe pas non plus chez moi. Au Brésil, le corbeau est toujours lié au mouvais œil, au sorcier. C’est donc à ce moment là que j’ai eu peur de ne plus être heureuse comme d’habitude ici dans cette ville que j’aime beaucoup. J’ai eu peur de penser comme les Nantais, de vouloir que l’hiver finisse… enfin, de perdre ma chaleur ! Comme tout le monde je voulais que le printemps arrive. Moi qui auparavant rêvais tout le temps de l’hiver. Mais non, je serai toujours une brésilienne bien « carioca » qui a choisi Nantes pour vivre.
Texte et photos : Monica Mendes
le projet Regards croisés
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