
The Healthy Boy, Belone Quartet et Mansfield.TYA Ã l’Olympic
Kythibong : sus à l’Olympic !
Benjamin Nerot sait créer de l’espace, et laisser sa guitare parler autant que ses mots.
Des montées en puissance d’une rare intensité ‘trance-portent’ le public.
La folk lo-fi de The Healthy Boy
C’est à The Healthy Boy que revient l’honneur d’ouvrir le bal. Benjamin Nerot, l’homme qui se cache derrière The Healthy Boy, se présente seul accompagné de sa guitare. Dès les premières notes, il nous emmène dans les contrées fantasmées d’une Amérique aux grands espaces, aux villes fantômes, aux highways interminables sur lesquelles l’autoradio crache Johnny Cash, Leonard Cohen et la guitare de Ry Cooder période Paris, Texas. La beauté du concert tient à cette faculté qu’a Benjamin Nerot de créer de l’espace, et de laisser sa guitare parler autant que ses mots. Tout au long de sa prestation, durant laquelle il nous présente son second album, Jusqu’a ce que nous soyons repus, l’ambiance reste sombre et pesante, et l’on croit deviner la souffrance et les démons qui traversent notre hôte. Ses chansons n’en sont pas moins envoûtantes et captivantes, et Benjamin sait également détendre l’atmosphère lors de quelques interludes où il est question de lasagne difficile à digérer et "d’urines qui sentent le plastique lorsque l’on mange des asperges"… Notre homme n’est pas complètement perdu ! On quitte à regret The Healthy Boy au bout de cinquante minutes magnifiquement ténébreuses.
Belone Quartet ou l’électronica-rock hérissée
Belone Quartet entre en scène et l’on retrouve avec plaisir Benjamin Nerot, cette fois accompagné d’Antoine Bellanger. Ils viennent défendre leur second album en commun, 1802. On quitte les grands espaces désolants pour se retrouver enfermés dans une chambre confinée où la lumière n’est pas entrée depuis longtemps. Avec des guitares tranchantes, des basses saturées, une batterie minimale, des samplers et des synthés aux rythmiques vintages et crachotantes et des voix entremêlées, les deux hommes créent une musique heurtée, dense, hypnotique, où des montées en puissance d’une rare intensité “trance-portent” le public. Leur concert est impressionnant de bout en bout et Benjamin Nerot révèle une autre facette de sa personnalité, celle d’un lion en cage arpentant la scène dans tous les sens et cherchant à en découdre physiquement avec sa musique. Belone Quartet offre un show épique et époustouflant.
Un mauvais soir pour la folk de Mansfield.TYA ?
C’est Mansfield.TYA qui clôture la soirée. Carla Pallone et Julia Lanoë viennent présenter, dans une salle conquise d’avance, leur second album, Seules au bout de 23 secondes (produit par Antoine Bellanger, tout se tient). Il s’avère difficile pour les deux jeunes femmes de créer des ambiances aussi fortes que celles qui furent imposées par les deux premiers groupes. Si leurs chansons se veulent aussi le reflet d’une certaine part sombre de chacun d’entre nous, elles s’enchaînent sans réelle unité. On a l’impression qu’elles hésitent entre la douleur économe de Cat Power et la foudre rageuse de PJ Harvey. On ne peut leur enlever une sincérité tangible dans le propos, mais leur éparpillement les desserre. Jouer à domicile est souvent à double tranchant. Alors on espère que cette prestation décevante n’était le résultat que d’un mauvais choix de set list, ou d’un excès de confiance, car leurs compositions sensibles, Pour oublier je dors ou Je ne rêve plus méritent mieux que cela. A découvrir sur disque absolument !
Au final, on se dit que l’affiche de cette soirée aurait pu être inversée, et permettre à The Healthy Boy de clore le spectacle. Le public serait ainsi reparti dans la fraîche nuit nantaise, des images plein la tête d’un cow-boy solitaire sillonnant d’immenses plaines désertiques avec comme seuls compagnons ses tripes et sa guitare.
Texte et photos : Vincent Hallereau
Bloc-Notes
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