Festival "En route vers le monde"
La femme fait son cinéma
« On ne naît pas femme : on le devient  ». Cette célèbre phrase de Simone De Beauvoir s’est vue illustrée tout au long de la 7ème édition du Festival de cinéma de La Roche-Sur-Yon : les figures féminines présentes, fictives ou réelles, ont incarné à merveille la fameuse citation extraite du Deuxième Sexe. L’infériorisation de la femme n’est pas un sujet prêt de s’estomper...
Chaque année, le Festival de cinéma de La Roche-sur-Yon "En route vers le monde" s’interroge sur l’état de notre monde : ses faiblesses, ses erreurs, ses qualités, ses espoirs. Il explore, à travers ses films en compétition et ses rétrospectives, un angle bien précis de notre société. Pour cette septième édition, les écrans d’En Route vers le monde, ont décidé de dévoiler un questionnement fondamental, qui hante les salles obscures, comme les esprits, depuis des lustres : la place de la femme dans la société contemporaine.
Les femmes débarquent
L’univers féminin a pris d’assaut ce cru 2008. Des destins de femmes racontés par des réalisatrices ou réalisateurs, des portraits de la gente féminine à la frontière entre la fiction et la réalité, des débats avec des femmes sur La femme, des salles pleines à craquer de spectatrices.
le festival yonnais a ouvert ses portes aux femmes, au féminin, au féminisme, à la féminité
Pendant cinq jours le festival yonnais a ouvert ses portes aux femmes, au féminin, au féminisme, à la féminité afin de divulguer une vérité bien dissimulée : le masculin l’emporte sur le féminin (si, si exactement comme la règle de grammaire que l’on nous enseigne en primaire !).
Les œuvres en compétition ont confronté les spectateurs à une réalité bien souvent inadmissible : le quotidien d’un planning familial où les femmes se succèdent avec leurs histoires personnelles (Les Bureaux de Dieu de Claire Simon), la vie précaire d’une américaine (Wendy et Lucy de Kelly Reichardt), la douleur d’une mère qui perd son enfant (Leonera de Pablo Trapero)... Des destins de femmes simples, hélas, et tellement communs que le cinéma s’attache à transmettre afin que jamais on n’oublie qu’être femme n’est jamais chose facile.
Femmes au bord de la crise de nerfs
La difficulté de faire partie de ce fameux « Deuxième Sexe » s’est fait également ressentir dans la programmation établie par François Bégaudeau (génialissime animateur de débat).
A travers sa sélection, c’est toute la question de l’art envahi par la femme qui s’est posée. Les figures d’émancipation féminine présentées lors de ce festival n’étaient pas cantonnées au septième art, elles agissaient pour la société et son amélioration : réalisatrices (Patricia Mazuy), actrices (Jeanne Balibar), scénaristes (Noémie Lvovsky), écrivaines (Joy Sorman), philosophes (Geneviève Fraisse). Toutes présentes, non pas pour défendre avec rigueur le féminisme, mais pour comprendre et disserter sur la question de la femme.
Outre une programmation de qualité, En route vers le monde a offert à son public des débats de grande valeur. Des débats subjuguants, interpelants, choquants, comme autant de preuves que la femme est constamment soumise à l’imaginaire collectif, aux circonstances qui amènent les humains à croire à son infériorité. Les discours émis par ces femmes actrices de notre société, par ces héroïnes du quotidien, exprimaient avec subtilité ce carcan idéologique qui veut que les œuvres produites par la femme demeurent invalides, étant donné que cette dernière n’est pas capable de produire de l’universel puisqu’elle ne parle que d’elle même...
Éternellement condamnée à la reproduction et non à la production, la femme continue à voyager dans un monde d’hommes, à se battre dans un monde d’hommes.
Eloïse Trouvat
Bloc-Notes
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