Fantazio à la Barakason
L’éléphant sensible
C’est bien triste ma bonne dame mais la Barakason ferme ses portes pendant un an ! Pour mieux revenir avec des locaux tout neufs ! Pour ses deux dernières grosses soirées, c’est naturellement que je me dirige vers Fantazio après son premier passage dans la roulotte del Kerfi Marcel...Depuis 87, l’homme à la contrebasse continue de « marcher à l’aveuglette  » s’inspirant de ses rencontres et de ses voyages principalement asiatiques. Dans la rue comme sur la scène, il sait imposer son style sensible, parfois mélancolique parfois énigmatique...
Aborder Fantazio, c’est tout d’abord aborder quelqu’un qui sait prendre son temps, observer et profiter de chaque moment de la vie quotidienne, « Chaque journée est différente » affirme -t-il « Comme chaque concert est différent. Il n’y a pas de formule, faire toujours la même chose, ce serait mentir...Il n’y a pas eu un moment où la composition de l’album est restée figée . Tout est resté accidentel et les morceaux se sont composés dans le temps » Son regard sur la société occidentale, lui, n’a pas changé . Observation que l’on retrouve notamment dans le morceau « Ce monde sur de lui » , un monde où « Les pauvres imitent des pays opulents et ivres de leur opulence », notre monde...« On a décidé d’un mode de vie qui s’étend au monde entier, un standard de vie ». Sûr de ses idées, il l’est pourtant moins sur scène et se demande « à quel point on peut parler de soi devant les gens ? Se montrer comporte quelque chose de monstrueux... » m’explique-t-il « J’aime les concerts où j’oublie que je suis là, quand il n’y a plus de différences entre le public et moi, quand on forme une sorte de matière, on se sent bouillonnant ! »
L’eléphantazio !
L’univers de Fantazio est un monde imaginaire, presque torturé où l’éléphant revient sans cesse comme un leitmotiv, une image déformée de lui- même « C’est Popay qui réalise tous les dessins des pochettes. » m’explique-t-il « Il connaît bien ma vie. C’est une imbrication, souvent inconsciente, un mélange des éléments personnels de ma vie. Puis, il a commencé à jouer avec les mots avec Eléphantasme, éléfantazio... » Pourtant l’image du monstre vient de beaucoup plus loin « L’affiche d’Eléphant Man m’a marqué aussi quand j’étais petit. On ne voyait rien donc on pouvait tout imaginer ! Le noir et blanc donnait un effet irrationnel... Tu me parlais du dessin de l’éléphant avec la femme tout à l’heure...Inconsciemment, je crois qu’il s’agit du rapport entre la Belle et la Bête, deux états qu’on peut avoir en soi et entre lesquels on peut osciller... Est-ce qu’il faut montrer ses difformités, parler de soi ? Il y a des pays où c’est important... »
Grand corps malade
Je lui demande alors de me parler de quelqu’un d’autre, Grand Corps Malade, avec qui il a tourné et que plus personne n’ignore maintenant... « Tu parles de la promotion autour de lui ? Je pense que c’est à double tranchant. Je juge pas le côté commercial car il y a eu un travail de fourmi jusqu’à présent. C’est pas être underground à tout prix ni jouer que dans des petits lieux mais il est connu en deux émissions de télé ! Je pense que ça retire des libertés intimes. Les gens décident d’un rôle pour vous alors que c’est Grand Corps Malade qui a tout inventé !Mais il est simple donc il va bien réagir... (Il réfléchit) Ce rôle que les gens attendent n’existe pas quand tu restes autonome. C’est une sorte de prison qui donne l’impression de non-retour en arrière. C’est une exposition très chimique, rapide et violente, les gens veulent juste ce qui les intéresse... (Un peu après) Mais j’espère que sa situation va s’alléger... »
Fantazio, lui, continue sa route, toujours ouvert aux changements. Lentement mais sûrement, il laisse transparaître dans ses textes les hasards de ses rencontres « dans les squatts de la capitale » comme à l’autre bout de la planète « Je vais continuer de jouer à l’étranger » conclue-t-il « Découvrir d’autres réactions de culture différentes... M’ouvrir de nouvelles portes... »
Lien vers le site : www.fantazio.org
Sabrina Rousseau.
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