La pluie et le beau temps sur les musiques actuelles au Printemps de Bourges
Plus qu’un simple rendez-vous musical, le Printemps de Bourges s’est imposé en trente ans comme une référence en matière de musiques actuelles pour les professionnels et les artistes.
Finalement peu abordable au public, il n’existe pas de pass semaine, le Printemps de Bourges est devenu, année après année, un carrefour des professionnels dans le domaine des musiques actuelles. Malgré des hauts et des bas, dont un dépôt de bilan, le festival affiche cette année encore, pour ses trente ans, sa suprématie sur le petit monde de la musique. Tout le gratin s’y bouscule : programmateurs, tourneurs, producteurs, maisons de disques, labels, journalistes généralistes et spécialisés... "Il y avait même des tourneurs japonais" raconte, amusée, Julia du groupe Mansfield TYA. Avec une politique d’accréditation très accessible, même les plus petits ont leur place (Webzine, Fanzine, Cityguide...). Les chiffres parlent d’eux-mêmes : cette année, 653 forfaits pros ont été vendus et 631 journalistes ont été accrédités.
Clés du succès
Programmé à la mi-avril, avant les traditionnels festivals d’été, il s’impose comme lanterne rouge et permet d’affiner les programmations de bien d’autres. "Je suis venu voir ce groupe pour savoir si je le calais" annonçait un programmateur de la Route du rock l’an passé. Le Printemps de Bourges annonce les couleurs musicales, les programmations à venir (même si certaines sont déjà bouclées) et permet de prendre la température de groupes à l’œuvre sur scène. La photocopie des programmations est parfois flagrante lorsqu’on compare les différentes affiches.
Idéal pour les relations publiques, le printemps de bourges est aussi "l’endroit ou il faut se montrer" assure un journaliste du Rock&Folk. Si le printemps de Bourges s’est imposé en trente ans comme une référence dans le monde des musiques actuelles, c’est qu’il ratisse large. Six jours et autant de soirées musicales dans tous les styles et pour tous les goûts. Piloté par quatre grands noms de la musique : Daniel Colling, dépositaire de la marque Zénith, Christophe Davy, programmateur, entre autres, du Rock en Seine et tourneur de groupe à succès, Jean-Michel Dupas, programmateur de l’Olympic et Patrick Budzinsli. Leurs simples noms sont synonymes de qualité. Ces quatre là ont misé sur le morcellement des publics pour convaincre le plus grand nombre. Une équipe qui marie les styles à ravir et sait dénicher des groupes parfois improbables.
Pour nous ce n'est pas la programmation qui fait l'actualité musicale, mais l'actualité artistique qui doit conduire à un choix de programmation
Jackie O’Motherfucker en première partie de Delerm avait marqué les esprits en 2003. " Nos choix sont avant tout guidés par l’actualité musicale. Nous essayons de coller au mieux à cette actualité, dans toute la palette des musiques actuelles, de la chanson à l’électro, en passant par le hip hop, le rock, etc. Pour nous ce n’est pas la programmation qui fait l’actualité musicale, mais l’actualité artistique qui doit conduire à un choix de programmation. Nous avons essayé d’être attentifs à tout ce qui bouge, qui tourne, qui émerge, pour aboutir à une photographie de ce que sera l’année 2004-2005. Nous avons un rôle de catalyseur de ce qui se fait du point de vue musical, et nous en proposons une mise en forme." analysait Christophe Davy l’an passé dans le journal éphémère du festival.
Cette année, lors de la black night et sa tête d’affiche à rameuter les foules, Indochine, on trouvait des groupes rock moins connus, parfois indé, comme White rose mouvement (malheureusement annulé au dernier moment). Coco Rosie était couplée avec Architecture in Helsinki, Emilie Simon et les Flamming Lips. Deux ans auparavant, Jamel partageait l’affiche avec I am. De part sa taille (Cinq salles différentes et des jauges variables) et sa longueur, le PDB peut créer des soirées cohérentes, difficiles à mettre en place dans d’autres festivals, limités dans le temps. "Les soirées à Bourges sont bien pensées, ils marient des artistes qui ont la même étiquette, hip hop ou métal par exemple, mais qui sont très différents dans leur style, ce qui offre un panaché très intéressant. Par exemple marier Hocus Pocus, les puppet Mastaz, Cold cut et le Saïan" démontre un pigiste de Guitar Part. Avec 98% des jauges pleines cette année, le Printemps de Bourges n’a plus rien à démontrer.
Les soirées au 22, plus petite, réservées à un public d’avertis, réunissent des groupes plus underground sur la pente ascendante. Les meilleures découvertes ont lieu là. Beaucoup de badgés s’y rendent pour prendre les tendances musicales à venir.
La dernière marque de fabrique, sans doute la plus importante : les découvertes. Depuis 86, le PDB s’est lancé dans la pêche aux artistes, des festivals comme les Vieilles charrues ou le Rock en seine lui ont, depuis, emboîté le pas. En 2000, le concept est même labellisé sous la marque "Attention Talent Scène" en association avec la Fnac. Tremplin de prestige, chaque groupe sélectionné peut espérer taper dans l’œil d’un label ou d’une maison de disque ainsi qu’être distribué chez l’un des premiers vendeurs de disques français. Cette année, Gong Gong, groupe des Pays de la Loire, ont été signés peu de temps après leur prestation sur le label de Laurent Garnier. Et les groupes ne s’y trompent pas. En 2005, 32 candidats ont été sélectionnés sur 3400 postulants. Des dizaines de groupes ont explosé après avoir joué une demi-heure à la maison de la culture. The Young Gods, High tone, Smooth, Sanseverino, Anaïs, Nosfell se sont, entre autres, fait connaître là...
Charlotte Houang
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