Un Fragilien au coeur de la Maison Ronde : carnet de grève 2
Radio France : et les auditeurs dans tout ça ?
Ce vendredi 3 avril, Radio France entre dans son 16e jour de grève. Des salariés du réseau France Bleu, en région, sont venus à Paris, et un appel à rejoindre la grève a été lancé par le Syndicat National des Journalistes (SNJ). Voilà pour la situation à l’heure actuelle, celle que vous pouvez suivre dans les médias au jour le jour. Qu’en est-il des auditeurs ?
Cette semaine nous sortons un peu des AG et des couloirs de la Maison de la radio. Les auditeurs, dont vous faites sans doute partie, sont partagés entre le soutien d’une radio qu’ils veulent eux aussi défendre et l’incompréhension sur ce qui se passe exactement dans les murs de Radio France. Pour répondre à cela, quelques idées ont émergé.
A lire aussi : Carnet de grève à Radio France
Lundi 30 mars, des producteurs réunis en association (la SPARF : Société des Producteurs Associés de Radio France) ont décidé de mettre sur pied une émission spéciale, enregistrée depuis un studio de la Maison Ronde. Cette émission serait diffusée sur Internet. Le principe ? Une déclaration d’amour à ce qu’est la radio de service public, à leur métier. Plus qu’une façon d’expliquer le mouvement, c’était surtout une occasion de reprendre le micro, pour renouer le contact avec les auditeurs. Des auditeurs qui expriment via les réseaux sociaux leur manque, voire leur agacement face à la playlist qui tourne en boucle, ou carrément leur colère vis-à-vis des grévistes.
Ce retour au micro a été vécu, pour ces raisons, comme un apaisement au milieu des tensions provoquées par la grève. La diffuser en ligne en fait un témoignage échangeable, que les auditeurs peuvent s’approprier et partager facilement sur les réseaux sociaux. Elle devient un élément de lutte supplémentaire.
Entre autres éléments de lutte, on trouve aussi les pétitions, quoiqu’un peu désuètes. Au 2 avril, une pétition en ligne réunissait 16 246 signataires [1], une autre pour la sauvegarde de France Musique en affiche 3250 [2] et pour Fip 16 700 [3]. Symbole de ce soutien, la caisse de grève a été brandie hors les murs de Radio France et affiche aujourd’hui une cagnotte de plus de 60 000€.
Le « médiateur » de Radio France reçoit pour sa part les commentaires des auditeurs, dont moins de 3 sur 10 soutiennent la grève, selon lui. Les réseaux sociaux cristallisent aussi les débats, avec les hashtags #greveRF et #maVieSansMaRadio (lancé par le quotidien 20Minutes). La page Facebook « Auditeurs solidaires de Radio France » affichait plus de 5000 soutiens en 24h. Le collectif d’auditeurs "De l’Air à France Inter" est aussi bien suivi ? Il a été créé avant le début de la grève et dénonce la disparition progressive des reportages sur le terrain. Ses revendications s’accordent avec celles des grévistes, en tout cas en ce qui concerne les moyens dédiés.
Ce sont aussi des artistes, musiciens, comédiens qui apportent leur soutien au mouvement à travers la France. Par exemple, des musiciens de renom ont rédigé une lettre ouverte à Fleur Pellerin pour dénoncer la fusion possible des deux orchestres ; les auteurs de fictions radiophoniques ont également écrit leur attachement à leurs radios. D’autres courriers adressés aux députés et ministres concernés circulent. Tous montrent à quel point le réseau de Radio France est étendu, que ce soit les antennes de Fip ou les locales de France Bleu, et surtout à quel point celles-ci sont touchées.
Ce vendredi, l’idée est de faire prendre l’air à la radio. Des reportages, documentaires et prises de sons diverses devraient être diffusés à l’extérieur de Radio France pour amener les Parisiens à interpeller les grévistes, à poser leurs questions, à partager simplement. Si l’antenne n’est toujours pas reprise, ni occupée, pour ne pas casser la grève, au moins la communication est rétablie. De plus, des producteurs et techniciens rendent compte de ce qui se passe à l’intérieur de la maison grâce à une « radio alternative », un soundcloud sur lequel sont postés les sons de la grève [4].
Enfin, une rencontre avec les salariés, ouverte au public, se met en place samedi 4 avril à Paris [5]. Et en régions ? Eh bien, ça s’organise aussi, par le biais du réseau France Bleu.
Les auditeurs ont forcément un rôle à jouer dans cette défense du service public, qui est bien entendu le leur. Reste à trouver la forme d’action qui convient, avant de n’être totalement épuisés par ce vide à l’antenne.
Texte et photos : Maxime Hardy
[1] www.radiofrancelutte.fr
[2] http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx ?pi=P2015N47596
[3] https://www.change.org/p/fleur-pellerin-pr%C3%A9servez-et-d%C3%A9veloppez-fip-la-p%C3%A9pite-%C3%A9clectique-de-radio-france
[4] https://soundcloud.com/lemeilleur-desondes
[5] http://syntone.fr/agenda/rencontre-avec-les-auditeurs-de-radio-france/
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