
EXPO
Lichtenstein, Roy du Pop Art
Le Centre Pompidou consacre jusqu’au 4 novembre une rétrospective à Roy Lichtenstein, auteur majeur du Pop Art dont les œuvres restent encore aujourd’hui une référence ultra moderne.
Comme tout bon artiste d’avant-garde, Roy Lichtenstein est aussi la caricature de lui-même. Ses détracteurs (on en trouve) le réduisent à un peintre de bande dessinée alors que l’on aimerait inlassablement parcourir ses œuvres comme une longue histoire qu’il nous raconterait.
Son style reconnaissable inspire encore très largement aujourd’hui la publicité, les médias et le monde de la communication.
Mate un peu mon Mickey
Tout a démarré en 1961 avec son tableau, Look Mickey, où Lichtenstein imitait avec talent les personnages de Disney, Donald et Mickey (copie très ressemblante à l’original), à la façon d’une publicité simplement limitée à trois codes couleurs primaires : rouge, bleu et jaune. Sa patte était née.
Ensuite, il enchaîne dès 1963 avec des portraits de femmes peints sur le même principe. On y découvre des icônes américaines souvent blondes et glamours au regard mélancolique. On pense à Hitchcock. Ces portraits sont en réalité inspirés de véritables bandes dessinées à l’eau de rose pour adolescentes nunuches. Aujourd’hui encore, ils sont le gage d’un signe tendance et branché pour les publicités qui s’en imprègnent.
Sur ce créneau artistique, il se met également à peindre des scènes de guerre, ajoutant un peu plus encore un côté surréaliste et futuriste à son œuvre. Allant même jusqu’à y incruster des onomatopées comme on pouvait en voir dans la série télé Batman et Robin pour mieux rester fidèle à l’esprit de la BD.
De la peinture à la sculpture
Les œuvres de Lichtenstein, loin de rendre hommage à la com’, sont au contraire un regard critique sur la représentation consumériste véhiculée par la publicité
En 1965, conservant ce même style pictural qui le caractérise, Roy Lichtenstein se lance dans des coups de pinceau. Ainsi naît la série Brushstrokes représentant en format XL des éclaboussures à trois couleurs avec une impression de relief. Il se met aussi à travailler sur différents matériaux comme le Plexiglas ou l’émail en utilisant de la peinture acrylique.
Dans la suite logique de son art, il en arrive à créer des sculptures mettant ainsi en pratique la mise en perspective de ses peintures. Des têtes de femmes adaptées de ses célèbres tableaux, mais également du cubisme façon Picasso à qui il rendra hommage plusieurs fois dans ses œuvres. Il crée aussi des peintures-objets qui concrétisent les explosions qu’il mettait en scène en peinture, et même de la vaisselle !
Une œuvre critique
Dans les années 90 enfin, il reprend ses portraits de femmes des années 60 et leur donne un corps. Si elles y apparaissent nues, il conserve néanmoins sa griffe picturale et ses trois codes couleurs. En revanche, il apporte une nouvelle forme de création à son style, le point. Non plus cantonné à représenter le grammage de la peau ou la densité d’une couleur, le point lui sert désormais de perspective et de s’amuser des ombres et lumières. Malgré les trente années qui les séparent, ces deux séries conservent farouchement la même représentation de la femme. Caricature de la perfection telle qu’on nous la vend dans la publicité, les magazines de mode, les cosmétiques ou les salons de coiffure neo-kitschs.
Roy Lichtenstein est mort en 1997. Ses œuvres marquent depuis cinquante ans l’inconscient populaire. Sans doute aussi grâce à la communication et la publicité qui se sont largement inspirées de son style d’avant-garde. Un juste retour des choses pour celui qui créait d’après les codes de la réclame des années 60, des comics ou des revues de bande dessinée. Les œuvres de Lichtenstein, loin de rendre hommage à la com’, sont au contraire un regard critique sur la représentation consumériste véhiculée par la publicité. Ce qui en fait un artiste contemporain plus que jamais d’actualité. Comme il le déclarait lui-même à propos de son œuvre avec tellement d’auto-dérision : « Je ne pense pas que ce soit important pour l’art. Plus mon travail est fidèle à l’original, plus il est critique et lourd de sens. »
Jérôme Romain
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