Publié le 2 mars 2005

Pauline André


Questionnement sur la nature et l’ordre ( ou plutôt le désordre ) du monde, et la place de l’humain dans tout cela, Du Zhenjun réalise une véritable chorégraphie théâtrale et audiovisuelle.

Né à Shangai, Du Zhenjun vit et travail aujourd’hui à Paris. Son domaine : les arts numériques, jugeant les autres formes artistiques "dépassées". Il voit dans l’informatique, l’émergence d’un nouveau "langage contemporain", idéal pour évoquer la vie actuelle et "lier de façon sensible le visiteur à un programme informatique".

Une mise en scène ludique et intéractive qui prend totalement à partie le spectateur. Celui-ci se retrouve en effet immergé dans une salle sombre avec pour seule lumière celle des écrans virtuels. La déambulation dans le « Human Zoo » peut alors commencer...

L’expo présente une dizaine d’installations multimédia interactives. Libre de jouer, manipuler, cliquer, le spectateur se transforme en voyageur observateur et acteur dans cet univers à demi mesure entre réel et virtuel.

L’oeuvre “On cherche la lumière”, par exemple ; le spectateur est invité à monter sur une petite passerelle. Il peut alors manipuler un joystick et déplacer ainsi un faisceau de lumière projeté sur un écran multimédia. La foule se déplace afin d’être systématiquement dans la lumière, mais paradoxalement elle y est moins visible.

Une autre installation, intitulée “Chienman”, présente une créature mi-chien, mi-homme, qui se dédouble et se bat férocement contre elle-même. Une dizaine de positions apparaîssent à l’écran selon la volonté du spectateur qui dispose d’une souris.

Riche de deux cultures, orientale et occidentale, Du Zhenjun pose à travers ses oeuvres les bases d’une réflexion sur le monde d’aujourd’hui. « Ce qui est intéressant, c’est de voir comment l’homme de façon générale se retrouve très rapidement pris dans une uniformisation. Aujourd’hui la Chine, demain peut être le Tibet et l’Inde : tous sont devenus des petits Américains avec la même soif de conquête. »

Critique des médias et du traitement de l’information, c’est ce qu’exprime “Cover”. Un écran circulaire qui regroupe des images diffusées par les médias à la TV. Lorsque l’on s’approche, l’artiste s’interpose par des capteurs disposés dans le sol et nous empêche de voir l’information. La situation est assez comique, chacun tournant incessamment et curieusement autour de l’installation.

L’homme à vouloir se civiliser s’enferme dans un mode de vie et de pensée, dans un monde avec de nouveaux éléments qu’il tente de maîtriser. Mais en réalité, il est dépassé et plonge dans un individualisme croissant, pourtant paradoxal dans un monde qui prône la communication et les nouvelles technologies. Selon Du, les hommes dépassés et impuissants réagissent tel des animaux en cage ayant le monde pour zoo...

Finallement Du Zhenjun critique ni plus ni moins la vie quotidienne, caractérisée par un individualisme, un carriérisme qui conduisent à la solitude et à un mal être. Une souffrance interne refoulée, qui finalement se traduit par des actes malsains, tragiques et illustrent ces sociétés de violence, méfiance, conformisme et superficiel.

zjdudu@hotmail.com

http//membres.lycos.fr/duzhenjun

Renseignements au 02 40 12 14 34.

Pauline ANDRE