Publié le 26 avril 2007

Chloé Vigneau


En ce printemps 2007, l’art brut pousse dans les galeries. Le sculpteur Patrice Cadiou expose àla galerie Joë lle Possémé àParis. Silhouettes noires,formes abstraites, objets venus d’ailleurs se déshabillent pour le plaisir des yeux.

Parmi les cavernes aux mille et un trésors que cache Aubervilliers, l’usine liquide est l’une des plus mystérieuse. Elle abrite des sculptures témoins d’un autre monde, entre grilles, ferrailles, et croix chrétiennes. L’art sauvage a pris possession de ce hangar où seuls les créateurs sont admis. Patrice Cadiou, ancien danseur, en a fait son lieu d’habitation. En croisant les matériaux, en mêlant pointes perçantes et douces rondeurs, il façonne, tente d’insuffler la vie dans chaque création. "Quand l’une d’elle n’a pas encore délivré son message, qu’elle ne me parle pas encore, je cherche à l’écouter, à la modifier pour qu’elle me révèle tout son secret".

Du 17 avril au 26 mai, ses œuvres s’échappent dans une contrée plus accessible mais plus froide : la galerie Joëlle Possémé (46 rue trousseau 75011 Paris du mardi au samedi de 14h30 à 19h30. Métro Ledru Rollin). Cette exposition est dédiée à André Parinaud, écrivain, journaliste et critique connu pour ses fameuses interviews d’André Malraux, de Colette, de Céline ou de Salvador Dali. Avant son décès en juillet 2006, il avait lui sculpté à travers ses mots un texte sur Patrice Cadiou, une parure littéraire, un accessoire utile pour comprendre le sens caché derrière le fer et le bois.

"Cadiou témoigne d’un monde que nous soupçonnons à peine, de l’existence d’un univers où Dieu et le Diable n’ont pas de nom. Ses sculptures sont comme les superstructures d’un gigantesque moteur dont le magnétisme obéirait à une énergie incontrôlable ou bien les circuits cérébraux d’un ordinateur mettant en circulation des données magiques. Mais il me semble qu’à partir de leur noir démoniaque, cesse aussi l’antimatière et peut commencer la règle de la lumière. Cadiou est un explorateur qui cerne le vrai territoire de l’homme"...

André Parinaud In Galerie des Arts N° 208 « Les conquêtes de la sculpture » 1980 p.32

Site de Patrice Cadiou