Publié le 24 août 2005

Claire Robin


C’est la grande ère du décoincement (ou celle de la liberté, c’est selon). Il faut enlever les balais du cul, se dérider, trop triper, être rock’n roll. En soirée, une seule moue dubitative suffit à vous attirer des remarques compréhensives du genre : "fais pas la gueule" ou bien : "bah quoi c’est la fête ou pas ?". Et s’il est une notion relative, c’est bien celle de « faire la fête ». Et quand pour beaucoup, la simple évocation du mot fait surgir des envies de chenilles qui redémarrent ou de canards qui secouent le bas des reins, d’autres préfèrent se trémousser avec les bien nommés « Vive la Fête », artistes belges ayant eu le privilège de clôturer les festivités du fort Saint Père cet été. En guise de bouquet final d’une édition 2005 plutôt réussie, une grosse farce électro-rock à grands renforts de basses et de lumières.

Au beau milieu de ce joyeux tape gamelle, une fusée. L’époustouflante chanteuse Els Pynoo, tout droit sortie des fantasmes masculins les plus primaires, quelque part entre la remplaçante de la maîtresse, l’hôtesse de l’air, et Debbie Harry. Et là, comme on a lu dans les chroniques bien pensantes de la presse spécialisée, surtout, on s’efforce de ne pas prendre au premier degré. Mais déconner des gros nénés en plein festival à affiche fine et réfléchie, ça fait désordre. Le public mélomane, et conscient de l’être, s’est pourtant laisser aller. Ce même public qui refuse en bloc la culture M6 ou les clips r’n’b. Et oui, entre Beyonce et Els Pynoo, il y a une légère nuance : quand la seconde nous excite, c’est pour de rire, pour de faux. N’empêche que les seuls cotillons de la soirée auront été les « salopes » et « à poil » qui fusaient du public.

Didier Super, Elmer Food Beat, les Suprêmes Dindes... : il y aura toujours une place pour les artistes qui s’essaient dangereusement à flirter avec la vulgarité et le mauvais goût, trouvant refuge auprès d’un public qui, lui, à la capacité d’une écoute au 3ème degré. Parodier la culture beauf est un exercice risqué. Et puisqu’on la dénigre tant, qu’on la laisse où elle est : chez les beaufs.

Réac’ ? Non...Juste un peu trouble fête.

Claire ROBIN