Publié le 4 juillet 2005

Pascal Couffin


« When I say revolution you say !.... » , harangue une sculpturale chanteuse afro-américaine toute de cuir vêtue faisant jouer sa voix parmi les différentes faces de la « black music » américaine, naviguant entre gospel, soul, rythm’n’blues ou funk, sur cette phrase fidèle à l’esprit fortement politisé de cette musique. Et le public de reprendre un puissant « REVOLUTION ! ».

Le ton est donné. Moodyman, alias Kenny Dixon Jr, mythique producteur house de Detroit, loin de se limiter à un style s’inscrit dans une tradition de « great black music » dans laquelle un aspect majeur est la politisation, liée à l’histoire des afro-américains, qui fait de cette musique celle d’un peuple. Reprenant samples de « What’s goin’ on » de Marvin Gaye et commentaires presse du jour de sa mort dans des hommages à la soul (Tribute to the soul we lost), mais aussi Chic ou Curtis Mayfield, ou bien s’orientant vers la house ou le jazz funk, Moodyman pense black et créé une musique authentique, héritière de Motown ou du label disco Salsoul, et loin des boucles insipides de clubs house décadents.

Devenu mythique par la rareté de ses apparitions et de ses productions (5 albums en 12 ans) et par un radicalisme révolutionnaire qui va entre autres anecdotes jusqu’à conseiller aux blancs de renoncer à la musique noire, il est devenu presque obligatoire d’aller voir Moodyman sur scène si l’opportunité se présente. Peut être pas amateurs de house mais amateurs d’expériences musicales, n’hésitez pas.

Marion Sarrouy