Publié le 25 mars 2011

Sandra Schmitz

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En Allemagne, pourtant pays proche de la France, le chèque n’est pas un moyen de paiement usuel. Jamais aux caisses des supermarchés allemands je n’entend la question : "Je peux payer par chèque ?". Confrontée aux habitudes françaises, je me suis parfois retrouvée face àdes situations atypiques...

Imaginez le scénario suivant :

Midi et demi, un supermarché en centre ville de Nantes rempli de monde. J’ai un petit creux et je suis à la recherche d’un sandwich. Les queues devant les caisses sont immenses mais, tout le monde attend patiemment son tour. Après une dizaine de minutes, je patiente devant une dernière cliente pour enfin pouvoir profiter de ma pause du midi bien méritée ! Impatiente, je crois m’en être sortie quand arrive l’incident suivant. La cliente range en toute tranquillité ses achats et pose cette fameuse question : « Je peux payer par chèque ? ». Pour seulement six euros, je trouve ça bizarre. Mais suite à l’accord de la caissière, elle commence à chercher le chéquier dans son sac.

Pendant que le temps passe, je pense à la chanson de Camille « Le sac des filles ». Après avoir fouillé tous les coins de son sac et écarté la possibilité d’avoir oublié le chéquier à la maison, elle le trouve et commence à le remplir. Alors que la pression commence à monter, j’entends la douce voix de la caissière « Prenez votre temps, Madame. » Car, ce qu’elle sait mais ce que j’ignore à ce moment là, c’est que la petite machine pour le remplissage électronique des chèques prendra encore un sacré temps : avec un mouvement avant-arrière répété, on a l’impression qu’il s’agit d’un rituel d’un autre monde.

Impressionnée par la tranquillité des gens : ici on prend son temps et on accepte que les autres fassent pareil, j’en oublie ma hâte. Je réfléchis à cette situation et me demande pourquoi elle me rend tellement agitée. Socialisée en Allemagne, j’ai « appris » qu’il est impoli de ne pas se précipiter et de faire attendre les autres. Je me retrouvais confrontée à un « malentendu interculturel » : j’ai analysé cette situation avec mes automatismes allemands. J’en ai donc conclu que les français étaient incroyablement malpolis de ne pas se dépêcher.

Quant au chèque, il reste pour moi le symbole du respect et du calme qui me rappelle chaque fois les différences de mentalité entre l’Allemagne et la France. Entre-temps, j’ai adopté l’habitude de prendre tout mon temps et de le laisser aux autres. Seulement, je crois qu’il me manque encore un pas essentiel pour réussir définitivement mon intégration : posséder une pochette pour mon chéquier.

Sandra Schmitz

-  le projet Regards croisés