Publié le 24 mars 2005

Manon Hericher


Régis Mazery & Sylvie Terezo se sont rencontrés il y a dix ans, dans une troupe nantaise. A force de nombreuses pièces en binôme, une complicité s’est installée entre eux. Et voilàqu’aujourd’hui ils se décident àmettre leur humour loufoque àl’épreuve de l’écriture. Une écriture à4 mains pour des sketchs aux 4 pieds de Gildas et Blandine... qui font Crraaac !

Un concept universel

« On a décidé de travailler les rapports homme/femme. C’est pas forcément des personnages très éloignés de nous - puisque d’une façon ou d’une autre, on retranspose notre vécu ; Sauf, que là, ces rapports sont poussés à l’extrême. Ce qui nous a beaucoup inspiré, c’est le rythme des frères ennemis. On voulait que ça fasse ping-pong. L’absurde est venu au fil de l’écriture. En fait il n’y a pas vraiment d’histoire. C’est une succession de sketches, qui tire plus vers le café théâtre. Certains sont absurdes et parfaitement hors de la réalité, dans d’autres, les gens s’y retrouvent facilement. »

L’amour des mots

« Notre point de départ, c’était de jouer avec les mots. On adore plaisanter avec les expressions. Mais on ne voulait pas utiliser de proverbes, parce qu’une expression peut facilement s’intégrer dans une phrase avec d’autres termes, alors que c’est plus difficile d’enchaîner les proverbes les uns après les autres. Donc, à une ou deux exceptions près, il n’y a pas de proverbes ; et encore que ceux que l’on utilise sont, de toute façon, modifiés... “c’est l’hôpital qui appelle la charité cul noir”, “je serai muette comme une truite” »... Un feu d’artifices de jeux de mots, de mixage d’expressions en tout genre, d’humour noire... Un condensé d’absurdités qui pousse au-delà des limites. Une atmosphère surprenante où ceux que l’on est venu voir en spectacle regarde eux-mêmes une pièce, et la détruise... pour mieux illustrer les fantasmes dont tout le monde rêve en secret.

Humour... humour...

« En fait, ce ne sont que des délires, à prendre au 82ème degré. On s’amuse, on tourne en dérision ce qu’on a pu voir, à droite, à gauche... des situations avec des personnages qui ne collent pas du tout à la normalité. Des gens qui n’arrivent pas à communiquer et qui ont une case en moins...ou d’autres. On voulait ressasser l’incompréhension, dans sa globalité, entre l’homme et la femme, revisiter le pathétique de la vie quotidienne, tout en restant dans un univers décalé »...où les proverbes indiens sont cités en russe... Sylvie me confie : « Ca me plaît qu’il y ait quelques fois un effet de miroir, que les gens gambergent, que les femmes viennent me voir pour me dire qu’elles se sont retrouvées un peu en « moi », grâce à ces phrases, parfois cruelles, qui ramènent à une réalité que chacun a pu vivre. C’est plaisant de se dire qu’il y a des gens qui vont réfléchir, qui vont se dire “oh là là, j’y vais peut-être un peu fort des fois”, qui ont peut être été un peu bousculé... »

Un chaperon aux brillantes idées

La mise en scène de William Flaherty a, semble-til, beaucoup apporté à cet univers burlesque. Régis m’explique : « William est un ami d’enfance. On lui a lu nos textes, ça lui a plu, ça l’a inspiré. Nous, nous sommes comédiens, pas metteur en scène. Donc il s’est glissé dans nos rails, ou on s’est glissé dans les siens, plutôt. Et beaucoup d’idées viennent de cette collaboration, la scène des militaires entre autres... L’univers de base, on l’avait déjà dans la tête, mais William l’a accentué, et l’a vraiment fait devenir absurde au possible. C’est lui qui a formulé et mis en scène les choses les plus inconcevables. »

La concentration... de mise

« On est bien conscient que ça va vite. Il ne faut pas être trop fatigué pour voir le spectacle, c’est du « tac au tac », donc il faut être très concentré. »

... Bien concentré pour arriver à capter toutes les allusions, tous les calembours et autres boutades, aussi extravagants puissent-ils être. Des myriades d’expressions insolites, de mimiques en tout genre, de singeries insensées et... confidences pour confidences, ils finissent par tout se balancer dans la gueule,... même le point de vue des beaux-parents...

... A consommer sans modération jusqu’au 26 mars 2005, au TNT.

Manon HERICHER.

TNT Terrain Neutre Théâtre 11 allée de la maison rouge Renseignements : 02.40.12.12.28 www.tntheatre.com