Comment être femme... ?
« ¿Como ser mujer y no morir en el intento ?  »
Rencontre avec Ana Belén, qui vient pour la première fois au festival du cinéma espagnol présenter son dernier film, « Ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue  » (« Cosas que hacen que la vida valga la pena  »). Elle incarne dans ce film un personnage relativement froid, mais c’est une femme chaleureuse et modeste, à la conversation facile, que nous avons rencontrée.
Ana Belén est en Espagne une véritable icône. Artiste complète, elle est présente dans tous les domaines de la vie culturelle espagnole : musique, cinéma, théâtre... Actrice depuis l’âge de 13 ans, elle a tourné dans de nombreux films (« Démons dans le jardin », « Tourment », « Rosa Rosae »...), et réalisé le film « ¿Como ser mujer y no morir en el intento ? » en 1991. Elle a par ailleurs milité contre le franquisme dans les années 70, et dernièrement contre la guerre en Irak, initiant ainsi, avec d’autres artistes, un important mouvement populaire à l’origine de récents changements politiques en Espagne.
Il s’est écoulé sept ans entre « L’amour nuit gravement à la santé » et son dernier film, « Ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue », deux comédies réalisées par Manuel Gomez Pereira, la première montrant un milieu de la haute société et du luxe, et la seconde « beaucoup plus humble, sans grandes prétentions, sur deux personnages au premier abord très différents, leurs sentiments et leur quotidien. ». Elle explique son choix d’avoir tourné ses deux derniers films avec Pereira : « J’ai accepté de faire ce film avant même d’avoir lu le scénario. Pereira pourrait me demander n’importe quoi, j’accepterai. » Tous deux sont très complices, sur le plan humain et cinématographique. « C’est peut-être parce que nous sommes de la même génération, nous partageons le goût du travail bien fait et aussi la volonté de se divertir en travaillant. »
Réalisatrice
Ainsi, Pereira l’a suivie dans son expérience de réalisatrice en tant qu’assistant. Ana Belén n’a cependant pas la prétention de se considérer comme une réalisatrice à part entière puisqu’elle n’a réalisé qu’un seul film. Celui-ci est une adaptation d’un roman de Carmen Rico Godoy. « Le producteur Andres Vicente Gomez pensait à un homme pour le réaliser, mais Carmen voulait que l’adaptation passe par un regard féminin. » Ana Belén a d’abord été surprise qu’on s’adresse à elle, puis a refusé la proposition avant de l’accepter sur les conseils de son mari.Elle l’a vécu comme une aventure avec beaucoup d’excitation, mais aussi avec des moments de solitude face aux décisions à prendre. Le film a eu beaucoup de succès en Espagne, mais les critiques ont été inégales, « le monde du cinéma n’est pas tendre envers les acteurs qui tentent de passer de l’autre côté de la caméra, c’est considéré comme une forme de transgression. »
Cette pression est aussi dûe à sa grande popularité, qu’elle pense être néanmoins en baisse. En effet, selon elle, « en Espagne, les actrices, à partir d’un certain âge, sont comme les pièces rapportées d’un protagoniste masculin, elles deviennent transparentes. » Elle a cependant de nombreux projets, sur lesquels elle est heureuse de pouvoir se concentrer pleinement, tout en ayant plus de temps pour elle. Elle reprend ainsi la seule oeuvre de Garcia Marquez écrite pour le théâtre, un monologue qu’elle souhaite également jouer au Mexique, et prépare une tournée de chanson en Espagne avec son mari Victor Manuel.
Nathalie Landais et Jessica Wallace.
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