Contre les marchands du temple

“ L’unité n’est pas et n’a jamais été de mise au sein du hip-hop ”. Le ton fut donné d’emblée, quitte à ébranler le “ Peace, Love & Unity ” cher à Afrika Bambataa qui lança ce (free)style musical au début des années 80. La Rumeur ne se voile pas la face et adresse un doigt d’honneur à tous ceux qui “ ont mis le hip-hop sur le trottoir ”. Hamé : “ Le hip-hop est devenu un business. Nombreuses sont les personnes qui se sont détournées de sa mission première de contestation pour en faire un produit consensuel propre à amasser le pognon. Au cours de nos concerts, nous n’hésitons pas à dénoncer ceux qui ont fait du hip-hop une putain. Skyrock fait partie de ceux là et on ne se prive pas de le rappeler. ”

L’underground est-il l’antidote à cette dérive mercantile ? Rien n’est moins sûr. La Rumeur est signé depuis peu sur une major et adopte une attitude plus intègre que bien des groupes mettant en avant leur appartenance à de petits labels. “ Malgré notre signature chez une major, nous pouvons sortir des disques qui nous font honneur et dont l’intégrité est préservée voire renforcée. La logique de rentabilité d’un indépendant est la même que celle d’une major. Ce n’est pas parce que tu es sur un indépendant que tu es plus vertueux. La véritable indépendance est artistique. La véritable radicalité, l’aspect politique et subversif viennent de ce que tu es capable d’exprimer artistiquement. Un groupe de rap signé sur un petit label indépendant et qui épouse les formats du rap dominant n’a rien d’indépendant. Il se cale, au contraire, dans un moule formaté par l’industrie du disque. ” Et Hamé d’enfoncer le clou en désignant la scène rap française : “ Ça ne dit plus rien. C’est de la guignolade. C’est tout sauf cette velléité de contestation et de réappropriation des mots, du verbe et de la poésie populaire. ”