Le verbe contre les maux

Plus encore qu’un exhutoire, La Rumeur considère le hip-hop comme une arme, un moyen de se défendre. “ C ‘est une parole qui permet de reconstruire beaucoup de choses qui, dans nos consciences, ont été détruites et laminées. A commencer par notre propre image. Jusqu’à présent, on a laissé le soin aux puissants de nous tendre l’image qu’ils se faisaient de nous : une image peu flatteuse. Le travail des mots, c’est un travail sur soi, sur sa propre histoire, sur ses blessures intérieures et parfois très intimes ”.

Bouffeurs de bouquins, les membres de La Rumeur reconnaissent l’influence de pères spirituels qui manièrent les mots comme des grenades à main : Jean Genet ( “ Une poésie d’une puissance et d’un souffle dévastateurs ” ), Pablo Neruda, Victor Hugo ( “ Lorsqu’il quitte les rangs de la droite parlementaire pour rallier la cause des insurgés ” ) ou encore Kateb Yacine, écrivain algérien décédé en 1989 dont “ L’œuvre en fragments ” est longtemps resté le livre de chevet du quartet. Point commun à tous ces auteurs : le désir de transfigurer le plus noblement possible leurs dégoûts, leurs désirs, leurs angoisses. A travers les mots…

Forts de ces riches influences, les membres de La Rumeur tiennent à pousser, à leur tour, les jeunes générations à s’emparer de stylos et de bouquins. Ainsi, ils participent régulièrement à des ateliers d’écriture. “ Le constat que l’on en tire est à la fois positif et négatif. On est heureux de constater ce qui macère dans le bide de certains jeunes. Cependant, on est exaspérés de constater les lacunes que beaucoup ont accumulés ainsi que ce mimétisme qu’adoptent certains lorsqu’ils se mettent à écrire. ” Sans démagogie, Nos quatre ciseleurs du flow savent dispenser les bons conseils à ces jeunes qui ne connaissent du hip-hop que les tubes calibrés FM et de l’actualité que les gros titres. “ On les incite à revenir à eux, à leurs subjectivités, à leurs propres blessures, à leurs espoirs, à leurs illusions. On les incite à s’intéresser aux parcours respectifs de Lumumba, de Malcom X ou de Che Guevara : ces gens qui ont épousé la cause du Tiers Monde avec une totale abnégation. ”