LunDIY
Dessine-moi la presse !
Ce lundi 22 février 2016, l’équipe Fragil a retrouvé ses LunDIY d’après-vacances, autour du thème du dessin de presse. Au programme, décryptage d’un métier scruté autant par les médias que par le citoyen, et dont la déontologie et les enjeux sont d’autant plus questionnés à l’aune des attentats de Charlie Hebdo.
Conviés par l’intervenante de la semaine, la dessinatrice tunisienne Fatma Ben Hamad, actuellement en résidence journalistique à Fragil, les participants à l’atelier se sont adonnés au débat, à la découverte, à l’émotion, et, évidemment, au dessin !
Le dessin de presse faisant plus que jamais ou presque objet de suivi, de vive critique ou d’analyse allant parfois jusque dans le moindre détail, une lecture de la situation présente du métier de dessinateur s’est imposée. L’atelier n’a pas omis également de parcourir l’historique de la caricature, de la bande dessinée "de presse" et du dessin de presse en France, pays bien connu pour ses canards à l’humour acerbe n’épargnant rien ni personne, et ce, depuis la Révolution de 1789.
Mousses, actu et coups de crayons
Ainsi, confortablement installés dans l’arrière-salle du Mojo, café ayant accueilli le LunDIY, les participants, entre membres de l’équipe Fragil, collaborateurs externes et dessinateurs invités, ont analysé et comparé plusieurs dessins et strips, sélectionnés selon différents caricaturistes, époques et contextes, plus ou moins objets de polémique.
Nous évoluons aujourd’hui dans une société crispée, traversée par une multitude de cultures différentes et donc de regards différents. La probabilité qu’un dessin irrite quelqu’un augmente donc mécaniquement
D’ailleurs, les polémiques : sont-elles devenues au cœur de ce métier, aussi défendu que persécuté par les ambassadeurs de la liberté de la presse et d’expression ? Une question à laquelle ont tenté de répondre, entre deux gorgées de mousse, le public et l’intervenante, prenant en compte la position paradoxale du dessinateur de presse d’aujourd’hui, entre deux feux : celui de la liberté d’expression et l’autre, plus relatif, d’une déontologie encore morale.
« Nous évoluons aujourd’hui dans une société crispée, traversée par une multitude de cultures différentes et donc de regards différents. La probabilité qu’un dessin irrite quelqu’un augmente donc mécaniquement. », affirmait l’ancien de Charlie Hebdo, Luz.
Le numérique aurait favorisé cette tendance à user des images sans prendre le temps d’avoir du recul, avec son caractère instantané, consumériste de l’information comme d’un banal produit périssable. Notre intervenante, appuyée du dessinateur nantais Baptiste Chouët, présent au LunDIY, reconnaît néanmoins l’apport qu’a eu Internet sur la popularité du travail de l’un et l’autre, ayant commencé à publier tous deux sur les réseaux sociaux ou des plateformes collectives de dessins de presse. C’est d’ailleurs grâce à l’outil numérique qu’ils parviennent à se rencontrer et échanger entre dessinateurs, mais aussi à interagir directement avec leur public virtuel.
Après avoir visionné des témoignages de dessinateurs de presse du monde, extraits du documentaire « Caricaturistes, fantassins de la démocratie » du collectif français Cartooning For Peace, les dessinateurs en sont venus ensuite à la question du militantisme dont doit se parer le dessinateur de presse : est-ce un engagement automatique ? Choisit-on de militer en dessinant ? Aidés des récits de caricaturistes ayant bravé la censure imposée par leurs États dictatoriaux, les participants ont disséqué la conjoncture dans laquelle tente, tant bien que mal, de survivre le dessin de presse, comme genre journalistique à part entière.
En clou du workshop, l’équipe de Fragil et ses invités se sont prêtés au jeu et on dû imaginer un ou plusieurs dessins, selon une liste d’actualités variées préalablement dressée : en binômes ou en solo, tout le monde s’est armé volontiers de crayons et de stylos, sans laisser de côté la dose d’humour dont chacun a doté son œuvre. Ainsi, le choix de l’assemblée s’est majoritairement porté sur deux thématiques : le référendum autour de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et la dénonciation par le Pape François de la migration forcée, qu’il avait qualifiée de « tragédie humaine ». Le très appliqué Jean, du haut de ses 8 ans, a fait quant à lui son original et a opté pour un joli dessin de François Hollande, tout sourire, inspiré de la caricature de Michel Kichka !
Retrouvez le récapitulatif détaillé du LunDIY par là !
Texte : Fatma Ben Hamad
Dessins : Fatma Ben Hamad, Kévin Lemoine, Baptiste Chouët, Charlotte Dugast, Antoine Galtier, Jean
Dessin-exemple : Michel Kichka
Photos : Pierre Pigeault
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