L’esprit chap’
La terre promise ! Quel terrain pour les chapiteaux ?
Etat des lieux dans la région nantaise
Lors du festival Quai des Chaps, de nombreux acteurs de la scène culturelle nantaise s’étaient réunis pour débattre de « La place des chapiteaux et des structures itinérantes dans les politiques culturelles  ». Etat des lieux à Nantes avec l’atelier animé par Samuel Vasse (journaliste à la revue Cassandre), en présence de Jean-Louis Jossic, élu à la ville de Nantes.
Petit rappel des faits : suite aux manifestations des intermittents du spectacle en 2003, plusieurs chapiteaux nantais se regroupent pour former en 2005 un festival nommé « Quai des Chaps ». Un projet qui devait se renouveler tous les ans. Faute de place, celui ci n’a pas eu lieu en 2006. Cette année, les Chapitalistes ont décidé de remettre le couvert et Quai des Chaps a pu se dérouler du 9 au 13 octobre 2007 à l’hippodrome du Petit Port avec les chapiteaux de Sweat Lodge, les Chapitalistes et les Mabouls Distorsion.
Le colloque de 1982
Ces difficultés d’implantation sont d’autant plus étonnantes qu’on constate dès 1982 que les élus sont en majorité favorables au cirque et l’implantation de chapiteaux. Julien Rosenberg, historien, rappelle que cette année là, 150 municipalités se sont engagées à accueillir les cirques durant le colloque de Valence organisé par l’ASPEC (Association pour la Promotion et l’Enseignement du Cirque). Engagement pour accueillir les chapiteaux mais pas trop longtemps non plus : les élus préfèrent les voir deux ou trois jours quand les artistes réclament une semaine d’implantation.
Les élus préfèrent voir les chapiteaux deux ou trois jours quand les artistes réclament une semaine d'implantation
Déjà en 1982, ces oppositions s’avèrent fondamentales pour comprendre les problèmes des chapiteaux aujourd’hui. Plus qu’une implantation pure et simple, les compagnies demandent un emplacement pour la création de nouveaux spectacles. Trois points concluront ce colloque : l’engagement des communes à réfléchir sur les besoins sociaux de la population, la promotion des chapiteaux comme faisant partie de l’artistique et une ville accueillante devant se penser comme organisatrice.
Trouver un terrain...
Mais les bonnes résolutions sont difficiles à tenir et malgré la puissante créativité du milieu du « nouveau cirque », les relations élus/ artistes sont souvent bloquées par quelques incompréhensions. Jean Louis Jossic soutient que le discours de Julien Rosenberg ne peut s’appliquer à une ville comme Nantes. « Le terrain traditionnel serait celui du parking de la petite Hollande, impossible car il y a le marché. La question financière n’est pas un problème. » affirme-t-il « Il faut juste de l’électricité, de l’eau et rejeter les eaux usées . Le problème, c’est de trouver un terrain. » Mais la simplicité, c’est trop simple et malheureusement « Les friches industrielles ne se renouvellent pas » regrette- t- il « La pression immobilière est si forte que l’on ne peut plus imaginer l’espace public sur 10 ou 15 ans. » La rumeur avait pourtant couru d’un éventuel terrain pour les chapiteaux près du Hangar à Bananes « mais avec la phobie de l’eau en ce moment... »
"Il ne suffit pas de pointer du doigt un endroit sur une carte mais de définir un projet avec la municipalité" Medhi (Madame Suzie)
Seulement, les compagnies ne recherchent pas seulement un lieu qu’on leur donnerait pour qu’ils s’y débrouillent seuls et que l’on entende plus parler d’eux. Medhi, de Madame Suzie réclame le « droit d’être associé aux réflexions politiques". Celui de ne pas seulement regarder une carte de Nantes et pointer du doigt un espace libre mais « d’établir un paper board et définir un projet avec la municipalité ! » Cette collaboration s’avère nécessaire pour pouvoir faire évoluer les projets artistiques des compagnies.
... puis « penser l’éphémère »
Un outil de diffusion et de création permet d’attirer un public différent de celui des théâtres « Certaines salles publiques accueillent des chapiteaux qui amènent un autre public que celui des abonnés de la salle. » De par son côté magiquement éphémère, le chapiteau paraît plus accessible qu’un théâtre. On peut donc légitimement se demander si un terrain d’accueil ne viendrait pas casser l’image éphémère d’un chapiteau, « action pérenne peut–elle rimer avec éphémère ? » se demande une personne de la salle. Pour les compagnies nantaises, la question ne se pose pas. Un terrain d’implantation serait un lieu de diffusion, de création qui leur permettrait de se poser entre deux tournées. « L’éphémère existe aussi au théâtre. » conclue Martin du CITI (Centre International du Théâtre Itinérant) « Ce qui est éphémère, c’est le lieu de la rencontre... » Le but est donc de penser « l’éphémère » puis accepter sa part non institutionnelle car « le nomadisme a besoin d’une terre d’ancrage ».
ex Le Chapiteau est avant out un "outil au service du peuple", il est le point central d’une relation triangulaire entre élus, compagnies et publicex
Jean Louis Jossic le confirme, la solution pour le festival Quai des Chaps a été trouvée en urgence. Le but du festival est de prouver qu’il existe un public pour ces lieux de diffusion car le chapiteau est avant tout un « outil au service du peuple », il est le point central d’une relation triangulaire entre élus / compagnies et public. Fort de ce constat, le représentant du Conseil général, propose une ébauche de solution : celle d’un lieu d’accueil sur le parking du Grand T qui va être reconstruit prochainement. Un premier pas rapidement dénoncé par Mario (Maboul Distorsion) qui ne souhaite pas voir la programmation de sa compagnie dirigée par le Grand T. Une à une, les compagnies présentes pointent du doigt les limites de ce projet. « Un lieu près du Grand T, c’est bien mais ma compagnie, trop petite, n’y aura pas sa place. » affirme Martin de Sweat Lodge. Effectivement, une étude a déjà été réalisée pour l’accueil du Cirque Plume sur ce lieu...
Même si un « terrain » d’entente n’a toujours pas été trouvé entre compagnies nantaises et élus locaux, le dialogue est entamé et l’on ne peut nier que des solutions sont proposées. Entre indépendance et collaboration avec les municipalités, les compagnies revendiquent leur volonté de faire partie d’un processus artistique qui allierait institution et public. Trouver un terrain au sens propre comme au sens figuré dans les politiques culturelles pour que l’implantation puisse devenir un acte plus spontané.
Plus d’infos :
20% des artistes tournent aujourd’hui sous chapiteau
Le CITI (Centre International du Théâtre Itinérant) est né en 2001. Il s’agit d’un regroupement de compagnies de théâtre qui se sont d’abord opposées à l’itinérance cirquassienne. Aujourd’hui, ce centre s’est regroupé avec le SCC car ont rencontrés les mêmes problématiques.
Le SCC est le Syndicat de Création du Cirque.
A lire : Art du Cirque, Esthétique et Evaluation, éditions L’Harmattan
Voir le site du collectif "Quai des chaps"
La revue Cassandre
La conférence à réécouter sur le site de la radio Jet FM
Le site de Trempolino qui a permis l’organisation de cette rencontre.
Sabrina Rousseau
Bloc-Notes
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