Festival Let’s dance au Lieu Unique
Le festival Let’s dance se déroulait au Lieu Unique du 20 au 24 mars, la danse contemporaine était à l’honneur. L’occasion pour Fragil d’y assister et de vous donner un aperçu des différents spectacles.
"Pour tout l’or du monde", Olivier Dubois
Olivier Dubois, danseur clownesque « Pour tout l’or du monde » du chorégraphe et interprète Olivier Dubois a ouvert les festivités. Avec grâce et humour, il nous offre un solo étonnant à la fin inattendue.
« Penser l’interprète, déconstruire puis construire à nouveau ses fondations...Tenter une réflexion sur cette course effrénée à travers le souvenir, le fantasme, l’intime creusé, exhibé, le corps ouvert, offert, profané et pourtant manier encore la dérision, préserver la distance suffisante à l’humour. J’entre en résistance. Pour tout l’or du monde... je l’ai voulu comme une chronique d’un martyr, un précis de guerre... », dit Olivier Dubois.
Pour tout l'or du monde... je l'ai voulu comme une chronique d'un martyr, un précis de guerre...
Olivier Dubois est à la fois acteur, danseur, clown et strip-teaseur. Ce petit bonhomme bien en chair apparaît en costume au fond de la scène puis la musique du « Lac des cygnes » retentit. Il s’avance et esquisse quelques mouvements timides en observant le public d’un air de petit garçon qui va faire une bêtise. Puis avec grâce et élégance il enchaîne des pas de danse classique qui déclenchent les rires dans le public.
Des barres de fer posées au sol, d’autres plantées dans le sol suscitent l’interrogation du public. On aura plus tard la réponse quant à leur utilité lorsqu’il se transforme en strip-teaseur aux gestes langoureux et à la démarche aguichante.
"Comme crâne comme culte" Christian Rizzo et Jean-Baptiste André
Un homme venu d’ailleurs. « Comme crâne, comme culte » est une déclinaison de skull*cult, solo créé en 2002 par Christian Rizzo où un motard se retrouve sans moto, défait de son identité. Jean-Baptiste André est l’interprète de ce solo basé sur la précision des mouvements de chaque partie du corps. La scène rayonne d’un blanc brillant. Soudain apparaît un homme vêtu d’une tenue de motard en cuir noir, le visage totalement masqué par un casque et une cagoule, il entre calmement en scène. Un silence de mort s’installe dans la salle. Le corps étouffé et caché dans le cuir lui donne une présence particulière. Toujours en silence, il se déplace lentement, en douceur et en force à la fois. On ne sait plus où se trouvent ses jambes et ses bras. Chaque partie du corps peut se modeler, se déformer à volonté dans une grande précision. Chaque détail dans les mouvements est important. Telle une araignée il se déplace avec légèreté. Sa tenue qui cache le moindre centimètre de peau nous ferait presque oublier qu’il est humain. Pour finir, la musique arrive, un peu tard peut-être, puis il quitte la scène comme il est venu...
"Althought I live inside" Robyn Orlin"
« Comment une femme blanche vivant en Afrique et une femme noire vivant en Europe mettent leur travail en commun. » Dans le cadre du festival Let’s dance, la chorégraphe Robyn Orlin met en scène la danseuse Sophiatou Kossoko. A la fois surprenant et ludique, ce solo représente la vision de l’artiste, à savoir « redéfinir la chorégraphie et l’art de la scène ».
« Bien que je vive à l’intérieur ... mes cheveux tendront toujours vers le soleil... », tel est le titre du dernier spectacle de Robyn Orlin. Et cette phrase se vérifie lorsque la danseuse, Sophiatou Kossosko, apparaît sur scène. Elle se transforme en une véritable star au look des années 70’s. La danseuse entraine petit à petit le spectateur à découvrir sa passion : la danse et l’invite à partager une aventure aquatique et délirante. Elle évolue alors au milieu de piscines gonflables pour enfants et d’arrosoirs aux coloris variés. Le public est convié à se rendre sur scène pour danser aux cotés de l’artiste sur des rythmes afros et discos. Cette nouvelle forme de représentation peut paraître folle, néanmoins elle est magnifiquement bien amenée par la chorégraphe.
Une nouvelle façon de mêler danse et art de la scène. Ce spectacle est donc une manière d’explorer une nouvelle théâtralité, qui se reflète te s’étend dans le vocabulaire chorégraphique de Robyn Orlin. Elle tente de « redéfinir la chorégraphie et l’art de la scène dans son pays » qu’est l’Afrique du sud. Selon elle, « la danse est politique », elle va alors introduire dans ses créations « la situation sociale et culturelle de son pays », à savoir ses influences, son histoire et ses ruptures. « Une danse-chronique de la société sud africaine » d’aujourd’hui va ainsi naître. La chorégraphie manie l’ironie et la dérision pour faire apparaître « une danse enfin capable de briser les frontières » entre les artistes et le public. Un public qui se retrouve au cœur de la création et bien souvent à ses risques et périls ! Mais Robyn Orlin ne s’arrête pas là ! En parallèle, cette artiste développe un travail de collaboration artistique avec notamment le plasticien William Kentridge. Une artiste féminine qui n’est pas prête à renoncer à ses envies et à ses opinions !
"Optimistic vs pessimistic" Cie l’Alakran"
Les agitateurs du festival Let’s dance. Cette année encore, le festival Let’s dance, qui se veut un instant privilégié à partager avec le public, a visé très haut. Des artistes tels que la compagnie Alakran auront marqué les esprits des spectateurs. Leur nouveau spectacle Optimistic vs Pessimistic, qualifié d’inclassable, est à la fois déroutant et surprenant. La compagnie, créée par Oskar Gomez Mata, travaille sur « l’idée d’enlever l’artifice théâtral » d’une scène en parlant « des plaisirs simples et essentiels » de la vie quotidienne. Mais pour jouer cet état d’esprit, les acteurs impliquent le public dans leur « show ».
A travers un théâtre résolument contemporain, drôle et percutant, l’Alakran suit le courant sans pour autant créer de problèmes. La compagnie renonce à toute sorte de conflits ou autre pensée critique. Les acteurs proposent alors un acte vivant de jeu, un parcours de perceptions et de sentiments. Optimistic vs Pessimistic est une pièce « vue comme une expérience thérapeutique », qui va questionner le public sur les sensations d’angoisse, d’insécurité et de solitude. Fragiliser l’image de soi-même et le temps scénique pour laisser libre cours à la perception du spectateur est un point essentiel dans cette pièce. L’Alakran réussit à montrer que « ce qui provoque l’amour » comme la peur est « l’intrusion de l’inexplicable dans le quotidien ». Dans le spectacle, les acteurs travaillent également sur la représentation de l’échec et ils montrent comment les individus sont attirés inconsciemment par l’échec des autres et comment cette attitude les rassure. Optimistic vs pessimistic répond de « façon ludique à la réalité en offrant toujours un aspect optimiste et pessimiste et les deux mélangés ». Ils gardent l’esprit ludique et le mette en pratique en restant toujours en mouvement.
Le plaisir des acteurs passe par la participation du public. Mais cette manière de jouer ne serait pas la même sans la présence du public. En effet, la compagnie invite son auditoire à partager un théâtre engagé et à trouver sa place dans le spectacle. Le spectateur doit être vu comme « un partenaire authentique » et ouvert sur le monde. Il doit également savoir « remettre en cause son rôle de spectateur » afin de s’impliquer au maximum dans la pièce. Selon la compagnie, le public « n’a qu’à suivre le courant ». « Si le théâtre est un espace de jeu, un terrain pour réinterpréter la réalité » alors l’inconfort devient une aventure. Il faut explorer le territoire inconnu qui s’offre à eux. Le théâtre n’est-il pas « l’art du présent » qui est toujours imprévisible ? Aujourd’hui, un constat se dresse : le théâtre a tendance à devenir « un des seuls lieux où l’on peut se débarrasser des conventions du bien fondé de nos vies ». Ainsi, on oublie « l’angoisse de notre solitude pour goûter à une liberté individuelle ». Mais attention, « nous faisons cela avec beaucoup de volonté » et « espérons de pas être mal compris ». Avec leur réputation « de compagnie d’activisme et d’agitation théâtrale », le ton est donné...
Elise Sabater et Chloé Cartier-Santino.
Bloc-Notes
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