Pause italienne avec Massimo Andreï
Dans le cadre du festival de cinema italien qui s’est tenu du 5 au 9 avril au cinema Katorza, Massimo Andreï est venu présenter son premier film « Mater natura  » qui sortira prochainement dans nos salles françaises. L’homme ne peut nier ses origines italiennes, la main gauche tenant une cigarette l’autre fouettant l’air avec animation, Massimo nous fait partager avec passion sa vision de la vie napolitaine qu’il aborde dans « Mater Natura  ».
Pour ceux qui ne connaissent pas le film pouvez-vous nous le résumer en quelques mots ?
Massimo Andreï : Mater natura est avant tout un film d’amour. Il raconte l’histoire d’un jeune transexuel Desiderio, qui croit vivre une passion forte avec Andrea, un responsable de station essence, jusqu’au jour où il apprend que celui-ci doit se marier avec une autre jeune femme. A l’annonce de cette nouvelle Desiderio le quitte, car cette amour qu’il pensait fort se révèle ne pas être ce qu’il a toujours désiré. A côté de ce mélodrame, j’ai aussi voulu conter l’histoire de Naples à la fois colorée et musicale typique de l’esprit napolitain et de ses habitants.
Le film a été interdit en Italie jusq’aux élections législatives du 09 octobre 2004, Pourquoi ?
M.A : Vladimir Luxuria, un des acteurs principaux du film qui joue le rôle d’un metteur en scène transexuel, devait participer à ces élections en tant que candidat... J’ai donc choisi en accord avec nos distributeurs de reporter la sortie du film afin que cela n’interfére pas dans la promotion du film.
Le fait d’engager un acteur « politisé » peut-il nuire à l’image du film ?
M.A : Non pas du tout. Vladimir est lui-même un transexuel dans la vie réelle, finalement il joue dans le film ce qu’il vit quotidiennement, ce qui confère à son jeu d’acteur une véritable authenticité. Ce qui est amusant, c’est de voir Silvio Berlusconi, notre président actuel et également farouche opposant à la candidature de Vladimir au parlement, parler sans cesse de lui. Cet acharnement sert notre film car il en fait indirectement la publicité.
A contrario le film pourrait-il desservir la carrière politique de Vladimir Luxuria ?
M.A : Je ne le pense pas. Son rôle dans « Mater Natura » lui permet de parler du problème de la diversité dans la cité napolitaine, un thème cher à son discours politique.
Le film se concentre autour de la vie de jeunes travestis napolitains, pourquoi avez-vous choisi de traiter ce sujet peu commun ?
M.A : J’ai grandi à Naples et je voulais parler de la diversité qui y règne, c’est une ville cosmopolite où se mélange des communautés de différentes nationalités mais aussi des personnalités hétéroclites. Cette variété de gens apporte une réelle richesse à la ville mais est également génératrice de conflits. En outre, les travestis vont peut-être devenir un symbôle de Naples car ils suggèrent une certaine musicalité et des couleurs parfaitement représentatives de l’esprit de la ville.
Vous avez choisi d’aborder des thèmes de société très graves (prostitution, drogue) avec beaucoup d’humour, pour quelle raison ?
M.A : Il s’agit d’un film amer et il me semble que lorsqu’on parle de choses amères il est souvent plus juste de les traiter avec le sourire ou avec légèreté.
Le film a été récompensé par le prix de la Semaine de la Critique du Festival de Venise, cet accueil favorable de la profession vous pousse-t-il à envisager d’autres projets ?
M.A : J’attends, en premier lieu, la sortie du film en Italie et les réactions du public qui sont très importantes pour moi. Cependant, j’ai encore beaucoup d’histoires à raconter et j’espère avoir la possibilité de le faire dans l’avenir...
Traduction : Francesca Graziani
Propos recueillis par Laurence Guillevic
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses