Parle avec lui
Invité d’honneur de cette 16éme édition du festival espagnol, Javier Camara n’a pas failli à sa réputation d’acteur abordable et drôle. Sa gestuelle aura compensé son français approximatif.
Vous avez rencontré un succès fulgurant dans la série TV « 7 vidas » en Espagne, rôle qui vous a permis de débuter au cinéma. En France, la passerelle entre télévision et cinéma est très difficile, êtes-vous une exception ?
Non, c’est très typique en Espagne. C’est quasiment impossible de débuter au cinéma. Et puis "7 vidas" n’est pas une série comme les autres, pleine de bon sentiments, c’est l’inverse d’une série moraliste... C’est très drôle, piquant... Après avoir débuté au théâtre (il a intégré le conservatoire de théâtre de Madrid, très réputé dans le pays), j’ai joué dans quelques pièces avant de décrocher le rôle de Paco dans "7 Vidas". C’était une expérience géniale, jamais série espagnole n’aura connu un tel succès. Elle vient tout juste de se terminer, j’ai joué dans 90 épisodes sur les 200 que comptait la série.
Pourquoi avoir arrêté ?
J’ai arrêté quand Almodovar m’a appelé, je ne suis pas comme les femmes, je ne peux pas faire deux choses à la fois !
Savez-vous pourquoi Almodovar a pensé à vous pour le rôle de l’infirmier dans "Parle avec elle" ?
C’est très curieux, il m’a dit qu’il ne m’avait jamais vu jouer mais qu’il sentait que le rôle était pour moi. J’imaginais que je lui avais plu dans la série, mais il m’a répété qu’il ne me connaissait pas. Quand il m’a appelé pour le rôle, j’étais tout tremblant. En Espagne, Almodovar est un peu "le père", celui avec qui tous les acteurs rêvent de jouer. C’est un mythe. Il m’a tendu le scénario de "Parle avec Elle" et m’a dit "Lis-le et si il te plaît, le rôle est pour toi". C’était un honneur d’être pressenti pour un rôle dans un film d’Almodovar sans même passer de casting. Il a même insisté : "Je veux que ce soit toi, tu peux le faire".
Comment s’est déroulé le tournage ?
C’était très passionnel, il est en contact constamment avec ses acteurs. Physiquement même, il te rassure, te conseille, te parle de façon intime. Il y a une ambiance religieuse sur le tournage, lors des scènes difficiles, tout le monde est très concentré et c’est très joli. La passion est forte. "Parle avec elle" et "La mauvaise éducation" restent les deux plus beaux cadeaux de ma carrière.
Vous avez souvent des rôles de doux dingue, comment l’expliquez-vous ?
(Rire). Je ne sais pas, j’ai le physique pour ça... Avec ma tête de plombier. Je pense que "7 Vidas" a donné une image un peu dingue de moi, peut-être qu’inconsciemment on me donne des rôles qui rappelle un peu celui-ci. J’ai la capacité de me transformer, comme dans la mauvaise éducation ou je joue le rôle d’un travesti typique des années 90.
Vous êtes actuellement à l’affiche de deux films, dont "La vie secrète des mots" avec Tim Robbins. Pouvez-vous nous parler du film ?
C’est difficile d’en parler, c’est un film spécial, intime. C’est une histoire d’amour dans laquelle les personnages sont marqués par leur passé. Ce film est comme une métaphore géante. Il a remporté un succès incroyable en Espagne. Il a raflé quatre Goyas (l’équivalent des Cesars en Espagne), les plus prestigieux : meilleur scénario, meilleur film, meilleure production et meilleur réalisateur. Il va sortir un peu partout, ce qui est rare pour un film espagnol.
Justement, comment se porte le cinéma espagnol ?
Il y a peu d’argent mais beaucoup d’imagination. J’observe une nouvelle génération de réalisateurs très intéressants comme Isabel Coixet (réalisatrice de "La vie secrète des mots") qui mériterait de gravir les marches à Cannes. Il y a beaucoup d’émulation chez les réalisateurs basque et catalan.
Ce qui manque en Espagne, c’est une loi, comme vous avez en France, qui réglemente les sorties. 90% des films qui sortent sont étrangers, surtout américains d’ailleurs. J’aimerai que les acteurs culturels se bougent pour promouvoir notre culture à l’écran.
Propos recueillis par Charlotte Houang.
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