Poésie théâtralisée de Jacques Prévert
«  Dans ma maison tu viendras  » : « Oui, avec plaisir  »
Les metteurs en scène Laure Mounier et Samuel Découx ont présenté début novembre « Dans ma maison qui n’est pas ma maison tu viendras  » au Théâtre du Cyclope à Nantes. Un spectacle en forme d’hommage à la poésie de Jacques Prévert, qui ressurgit des tréfonds de notre mémoire d’enfant pour porter une réflexion d’actualité, juste et émouvante, sur le monde moderne.
Vendredi 13 novembre, deux heures avant de découvrir l’horreur en boucle sur les chaînes d’info, rendez-vous est donné devant le théâtre du Cyclope. C’est par un étroit couloir perpendiculaire à la rue du Maréchal Joffre, si animée en ce début de week-end, que l’on y accède.
Un décor intimiste
Les spectateurs, de 17 à 77 ans à première vue, attendent patiemment dans le froid. Une fois passées les portes, on est tout de suite frappé par le côté intimiste de la salle, les sièges du premier rang touchant pratiquement le vieux parquet de la scène. Le décor nous plonge directement dans la maison du personnage s’exprimant avec les mots de Prévert. A gauche, un vieux fauteuil recouvert d’une couverture sous laquelle on devine la silhouette du comédien Yvonnick Le Blanc, seul en scène. Sur la droite, un petit coin cuisine et, juste derrière, une table surmontée d’un globe, comme pour indiquer la portée universelle du message du poète. Enfin, dans le fond, un assemblage de cageots de bois du plus bel effet avec sur l’un d’eux, une photo de femme encadrée.
« L’amour, le rêve et le sommeil comme remèdes »
Les souvenirs d’un Jacques Prévert version comptine scolaire sont ici battus en brèche au profit d’un poète libertaire, anticonformiste et critique de certains traits de la modernité, « belle comme la terre et la mer avant la prolifération humaine »
A peine une heure plus tard, il est temps de se lever et d’applaudir l’artiste. On n’a pas vu le temps passer. On rit, souvent, on réfléchit, en permanence, on est ému, parfois. A l’extérieur de la salle où se regroupent les fumeurs, on croise quelques visages aux yeux encore un peu humides. C’est que pour beaucoup nous n’étions pas prévenus. Les souvenirs d’un Jacques Prévert version comptine scolaire sont ici battus en brèche au profit d’un poète libertaire, anticonformiste et critique de certains traits de la modernité : « belle comme la terre et la mer avant la prolifération humaine ».
Son propos d’une intensité rare, notamment sur la guerre, fait sensiblement écho aux troubles actuels. « L’amour, le rêve et le sommeil comme remèdes » propose Prévert. On découvre chez l’auteur une sorte de cuisine inédite entre la gouaille d’Audiard, l’impertinence de Brassens – « le con est toujours aussi con peu importe le trajet » – et la portée philosophique de Camus. Le comédien joue très juste avec une aisance corporelle singulière à occuper l’espace lors des temps faibles en paroles. Un excellent mets relevé par une mise en scène brillante qui a fait l’unanimité parmi les spectateurs présents aux sept représentations données au théâtre du Cyclope.
L’objectif pour la Compagnie du Cyclope est désormais de faire vivre cette pièce dans d’autres villes et d’autres lieux. On ne peut que les encourager dans ce sens.
Texte : Jacques Le Pévédic
Photos : Benoît Niederberger
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