L’homme de la lumière du jour, la force d’une Å“uvre
Voyage au cÅ“ur d’un texte
Il est parfois des livres qui laissent en nous une marque profonde, indélébile - un souvenir, des impressions bouleversants. Pour Chrystel Petitgas, comédienne et directrice de la Compagnie La Mauvaise Tête, L’enfant brà »lé , roman du Suédois Stig Dagerman, est de ceux-là . Est née alors en elle l’idée de travailler à partir de ce texte, d’en montrer les traces aux spectateurs. L’homme de la lumière du jour, spectacle créé en 2004, a été présenté du 11 au 13 mai au Studio-théâtre.
Preuve, s’il en fallait une, de la force avec laquelle L’enfant brûlé a marqué Chrystel Petitgas : elle a fait plusieurs voyages en Suède, sur les lieux les plus emprunts du passage de Stig Dagermann. L’exposition photographique qui orne les murs du studio-théâtre en témoigne : particulièrement frappantes, certaines montrent l’épouse de Dagerman (encore vivante plus de cinquante ans après la mort de l’écrivain !), ou la maison de l’auteur, toujours debout. Ainsi, avant même le début du spectacle, on est immergé dans cette œuvre si marquante...
Rencontre avec un livre
C’est en effet une rencontre avec un livre qui est à l’origine du spectacle ; Chrystel Petitgas confie : « La première lecture de L’enfant brûlé, en 1993, m’avait laissé une impression à la fois cuisante et glacée. J’étais fascinée par ce monde tout à la fois étranger et familier, un monde froid et blanc dans lequel quelque chose de fragile essayait de vivre, je l’étais aussi par la richesse de l’écriture, par sa précision d’orfèvre. » En 2001, elle décide donc d’écrire une adaptation du roman pour la scène. Déception : « Quelque chose d’essentiel en était absent : la voix de l’auteur se mêlant subtilement au récit, commentant, observant les personnages ou les faits, les imperceptibles changements de point de vue de la narration. ». Découvrant ensuite l’adaptation pour le théâtre qu’avait écrite Dagerman lui-même, la comédienne n’est toujours pas convaincue.
Laisser apparaître l'intimité d'un lien : celui de la trace, de l'empreinte laissée par l'uvre en moi
Témoigner d’une trace
Lui vient alors l’idée de concentrer la création scénique sur les « traces » qu’a laissées en elle le roman de Dagerman. Renonçant donc à l’idée de prendre l’oeuvre dans son intégralité, elle choisit de ne travailler qu’à partir d’extraits : « Laisser apparaître l’intimité d’un lien : celui de la trace, de l’empreinte laissée par l’œuvre en moi. J’ai commencé à travailler à partir de cet endroit en me donnant pour but, dans cette exploration de L’enfant brûlé, non plus de restituer le récit mais d’en faire surgir les tensions, les lignes, des pans, des fragments, des sons et des images... ». La comédienne propose alors à d’autres artistes de s’associer à son projet et, à partir des impressions qu’aura laissée en eux la lecture de L’enfant brûlé , de montrer aux spectateurs une performance scénique.
Une œuvre scénique autonome
Et c’est bien ce que l’on voit sur scène : trois comédiens et une danseuse défilent sous nos yeux ; les gestes se font lents, les paroles tantôt vives, tantôt paresseuses, et l’ensemble impressionne surtout par la précision du travail accompli. A cela s’ajoute une création sonore et visuelle (des images vidéo sont projetées sur le mur du fond), dont le rôle est de créer un arrière-plan vidéo et musical aux performances des comédiens et de la danseuse. Le texte, lui, est donc constitué par des extraits bruts du roman de Dagerman. Et, même si Chrystel Petitgas aimerait que le spectateur se plonge dans la lecture de l’auteur scandinave après avoir vu le spectacle, ce que l’on voit sur scène se démarque suffisamment de son oeuvre pour être compris sans avoir lu L’enfant brûlé .
Gaël Montandon
Bloc-Notes
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