Lamarche ou crève : spectacle et atelier publics au Centre Chorégraphique
Spectacle et atelier publics dévoilent les différentes facettes d’une création du Centre Chorégraphique National de Nantes, Ellipse.
A chacune de leurs haltes chez mère patrie, les capitaines du navire CCNN, messieurs Lamarche et Brumachon, livrent moult trésors et autres épices aux profanes nantais avides de sensations bacchanales. Lors d’ateliers rituellement instaurés au plus près des représentations, ils dévoilent la sensibilité et l’approche du mouvement qui fondent leur danse.
Ellipse a ceci d’original qu’elle n’a pas été enfantée dans la douleur, chose rare chez le torturé Brumachon. Douceur et grâce s’expriment dans des chorégraphies vaporeuses et enlevées. On était habitué à des chutes brutales, à des danseurs couverts de bleus, des muscles noués, martyrisés... mais là le danseur semble tirer son énergie d’une douce transe initiatique et hypnotique.
Lair est un étau dans lequel je dessine larabesque de mes mouvements
Le corps n’est qu’un trait d’union entre les hommes, entre la terre et le ciel, entre la mère et l’enfant, entre la vie et la mort. Le corps n’est pas seul, il n’existe pas seul, il n’est que le prolongement de d’autres corps et des éléments, « l‘air résiste à la peau. Il entoure la forme de mes bras, de mes jambes, de mon ventre. L‘air est un étau dans lequel je dessine l‘arabesque de mes mouvements. Dedans, j‘imprime la trace de mon passage. » Chacun de nos mouvements s’inscrit dans une continuité porteuse de sens.
Le groupe se rassemble, chacun de ses membres se nourrit de l’énergie de l’autre en relayant et en transcendant son mouvement. Il n’y a pas de clash, le mouvement est partagé et continu.
Ne pas casser le mouvement
Pour une somme raisonnable, le CCNN organise des ateliers de travail autour de chaque création, pour public néophyte comme averti. On y apprend à se forger une nouvelle conception du corps. La danse est présente en nous, il n’est nul besoin de forcer le mouvement mais au contraire de le laisser aller à sa guise, sans jamais le contrarier. C’est la fameuse métaphore de la sève qui coule en nous comme dans un chêne... Pas si facile à mettre en oeuvre. C’est lorsque l’on croit avoir enfin compris ce que demande Benjamin Lamarche qu’il s’écrit que « tout est faux, qu(’on) fait semblant ». Ne pas s’inquiéter, il reste après tout environ 9h pour le comprendre ! Le stage dure en effet 10 heures, réparties sur les journées de samedi et dimanche.
A priori obscur, l’avant-gardisme de Lamarche semble ne pas être accessible à tous... Et pourtant ses ateliers le sont, accessibles. Les participants n’ont pas besoin d’avoir une ossature de mollusque ou la technique d’un petit rat. Il suffit de laisser à la porte tout ce que l’on a jusqu’alors appris. Réussir à s’infantiliser.
On repart de l’atelier exténué et contusionné mais fiers d’avoir dépasser les préjugés qui diabolisent la danse contemporaine.
Noémie Lehouelleur
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