Cie Nathalie Béasse : un paysage controversé
Pourquoi j’ai aimé "Landscape"
Landscape est la dernière création de la compagnie angevine Nathalie Béasse. Elle met en scène quatre comédiens et deux danseurs, et provoque des réactions à vif : son langage singulier ouvrant sur des silences engendre l’adhésion ou l’agacement.
Que propose la Compagnie Nathalie Béasse pour générer des avis contraires au point qu’on peut se poser la question de savoir si l’on a, les uns et les autres, assisté à la même représentation ?
Bâti en trois tableaux et un épilogue, Landscape n’est ni tout à fait un spectacle de danse, ni tout à fait un spectacle de théâtre ou de cinéma muet, et c’est peut-être une matière à reproches : qualifier aide toujours à circonscrire, et circonscrire permet d’analyser. Création hybride issue de l’imaginaire de la plasticienne à l’écoute des propositions de sa compagnie, Landscape reflète indubitablement le goût de Nathalie Béasse pour le fil ténu de la charge émotionnelle dans ce qu’elle a de fugitif, jusqu’à l’évanescence. C’est toujours, en effet, autour de l’émotion d’une rencontre que se tissent ses histoires qui n’en sont pas vraiment, ses ballets qui ne dansent pas véritablement, ses dialogues qui flirtent avec le silence.
Le charme de la délicatesse
Comme Diderot, nous aimons un spectacle lorsqu’il provoque en nous une émotion, une série parfois de pensées en écho, en cascade. La sensibilité de Landscape au mouvement quotidien des rapports humains, mis en œuvre en trois fois les relations d’un couple, se joue en prise directe de nos petites vérités. Attirances et conflits, terrain universel, y prennent ces airs d’intimité où la question n’est pas tant de parler des histoires d’amour que d’évoquer une fraternité possible entre êtres humains. Une intimité manifestement dérangeante. Il serait erroné d’y lire une manière de règlement de comptes entre les deux sexes, où les femmes auraient la part belle : les personnages en présence sont duels, et leurs errances communes.
L’expression des visages, celle des corps, les monologues parlés et les balbutiements en dessinent une cartographie qui se révèle dès lors qu’on la regarde de près. Landscape est un paysage dans lequel il convient d’entrer, en laissant les souliers dehors. Les belles compositions d’Alain Lardeu ponctuent cette balade à la sensualité retenue où les femmes, vêtues de robes fleuries et chaussées d’escarpins à bride, et les hommes, en costume, profilent des gestes récurrents. Leur univers est bleu, et léger comme une voile. L’invitation à y plonger peut ne pas être suivie d’effet, il n’en demeure pas moins qu’un charme étrange opère. Le charme de la délicatesse. Trop de délicatesse nuirait ?
Victoire Delisle
photo DR, Jef Rabillon
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