Entretien avec Vincent Priou : Le projet Fabrique Ile de Nantes

Depuis 2000, les associations Apo 33, le collectif Microfaune, Mire, l’Olympic et Trempolino portent le projet Fabrique Ile de Nantes, en référence à un premier projet d’installation dans une ancienne fabrique industrielle de glace. "A Nantes, il y avait matière à développer un espace de projet, de construction, de confrontation, à l’image des nouveaux territoires de l’art. Ce projet s’est construit autour de débats, de conférences et d’échanges entre les cinq associations et la ville de Nantes", résume Vincent Priou. Dans une logique de fédération entre les associations et de création d’un noyau, la Fabrique de l’Ile espère devenir un centre d’émergence de projets artistiques et culturels où les associations travailleront en synergie.

La Fabrique Dervallières

En 2008, pour des raisons budgétaires, la construction d’un troisième bâtiment, initialement prévu sur l’Ile de Nantes, a été abandonnée. Dès lors, le projet initial de convergence et de centralisation a évolué vers une logique de mise en réseau des acteurs. La Fabrique Dervallières, située dans ancienne école primaire, s’inscrit dans ce cadre-là : "Le bâtiment ne doit pas être perçu comme une extension de la Fabrique de l’Ile, le bâtiment "C" manquant, mais comme une entité d’un réseau qui s’inscrit dans une logique d’aménagement du territoire, de proximité et de rayonnement". La mise en place d’une telle structure a pour objet de faciliter les relations entre les différents artistes associés d’une part, et les habitants du quartier d’autre part. A terme, entre 30 et 40 structures se croiseront dans un lieu de synergie où idées, mutualisations, projets communs et échanges de savoir-faire pourront voir le jour.

A l’avenir, d’autres projets de Fabrique pourraient émerger dans d’autres quartiers de Nantes, ainsi l’ancien Olympic est amené à devenir un espace de création.

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Portraits et regards croisés des acteurs de la Fabrique Dervallières

La Luna : collectif artistique

La Luna est un collectif artistique constitué de trois plasticiennes : Laure Coirier, Anne Racineux et Marie Rolland. L’association a été créée en 1992. A l’époque, choisir la forme associative était une démarche originale parmi les artistes plasticiens, qui travaillent d’habitude en solo et relèvent souvent du statut d’intermittent du spectacle. Le collectif tient à créer ses œuvres dans une démarche de création partagée associant le public ou d’autres acteurs associatifs.

Aujourd’hui, La Luna suit deux axes de travail : une coopérative publique qui développe des créations partagées dans le champs social, et un atelier sensible d’urbanité (ASUR). Beaucoup de leurs œuvres prennent la forme d’une installation ou d’une performance activées dans l’espace public. Par exemple, dans le cadre de leur coopérative publique, le trio a créé L’Exil 1 et L’Exil 2, des installations plastiques mélangeant son, lumière, dessin et projections vidéo. Celles-ci traitent de l’exil et donnent la parole aux immigrés qui racontent les premières impressions de leur arrivée en France. L’atelier sensible d’urbanité, par contre, est un travail dans et sur l’espace public qui intègre les usagers des lieux et parfois même des scientifiques, qu’ils soient géologues ou sociologues.

La Luna s’est installée à La Fabrique Dervallières dans une logique de continuité : depuis 1992, elles travaillaient dans un appartement situé au cœur du quartier. Les nouveaux locaux de l’ancienne école leur donnent aujourd’hui plus d’espace pour créer des actions collectives à long terme - aux côtés des associations Yolk et Rapacité, La Luna appartient à l’équipe permanente de La Fabrique.

Parmi les différents projets en cours du collectif, celui des Arts planteurs s’inscrit également dans cette optique d’« actions collectives » : une performance prévue pour la fin de l’année 2010 sur la thématique des jardins de Nantes associera les savoirs-faire de plusieurs associations des différents quartiers de Nantes.

La Cie Frasques

En vue de produire et de diffuser la musique jazz et contemporaine, Guillaume Hazebrouck, Olivier Thémines et Jean-Baptiste Réhault ont créé la Cie Frasques en 2003. La coalition de 35 instrumentistes compositeurs organise des (ciné-)concerts, des jazz trios et des ateliers pédagogiques à Nantes et à Tours. Les master-class proposés par les musiciens permettent aux enfants et à tous les publics d’accéder au monde de la musique contemporaine.

La Cie Frasques s’est installée à La Fabrique Dervallières qu’elle perçoit comme un lieu de rencontres qui facilite l’échange avec d’autres associations et disciplines artistiques. Dans cet esprit, la compagnie a développé en 2010 un projet de collaboration avec le spectacle vivant : à partir d’un texte de l’écrivain Tanguy Viel, quatre musiciens de Frasques se sont associés au comédien Philippe Faure et au metteur en scène Marc Paquien pour créer le spectacle Personal Jesus au théâtre le Grand T à Nantes.

A l’avenir, la Cie Frasques souhaite développer une série de courts spectacles qui illustrent l’histoire du Jazz de ses origines à nos jours. Un échange avec les habitants du quartier des Dervallières est également envisagé ultérieurement, quand l’équipe aura pris pied dans le quartier et sera mieux en mesure de comprendre et répondre aux besoins des habitants.

Lire la seconde partie : suite et fin du portrait des acteurs de la Fabrique Dervallières.

- Lire la troisième partie : la famille des fabriquants

Verena Schneider, Antoine Bernier, Emilie Le Moal, Elsa Briand