NUITS ETOILEES

Vega : un groupe inconnu s’est subrepticement glissé dans la programmation du Pannonica, club de jazz nantais. Quelques noms jetés en pâture sur la plaquette destinée aux béotiens que nous sommes, suffisent à appâter notre curiosité : Jeffrey Parker, jeune guitariste de Tortoise, Michael Zerang, batteur, percussionniste et Bernard Santacruz, talentueux contrebassiste.

L’aventure de Vega a commencé lors de la rencontre de Michael Zerang avec Bernard Santacruz, au festival Banlieues Bleues en 2001 : “ il jouait avec Franck Lowe au cours du même show que moi. J’ai aimé ce qu’il faisait. Avec Jeff, nous avions du jouer ensemble une fois ou deux, mais pas souvent. J’ai mentionné que nous pourrions jouer ensemble. ” Peu après les premiers concerts de Vega eurent lieu au club de Jazz parisien des “ 7 Lézards ”.

Nos trois compères multiplient les collaborations dans diverses formations. Jeff Parker est guitariste de Tortoise, mais aussi de Isotope 217, Smog, du Chicago Underground et sociétaire de la mythique AACM (Association for the Advancement of Creative Musicians, coopérative, créée à Chicago en 1965). “ Je m’ennuie vite si je ne fais pas différentes choses ”, avoue Jeff, “j’aime interagir avec d’autres musiciens, je les adore. Autant jouer avec les meilleurs ” Et pas des moindres puisqu’il a accompagné les plus grands : Roy Hargrove, Wynton Marsalis, Antonio Hart, Joshua Redman, Branford Marsalis. Michael Zerang, génial percussionniste, a quant à lui, composé des musiques originales de spectacles de masques et marionnettes, joué dans plusieurs ensembles avec des artistes novateurs tels Fred Anderson (co-fondateur de l’AACM), Jaap Blonk…

Chicago

Jeff Parker et Michael Zerang sont de Chicago, une ville empreinte de mystères pour qui aime la musique. Dans un magnifique creuset se mélangent plusieurs scènes, comme l’a ressenti Bernard Santacruz. “ J’ai eu la chance de me faire inviter pendant 15 jours par des amis à Chicago. J’ai pu jouer avec ce groupe. Ils ont fait en sorte de me faire rencontrer énormément de musiciens pour des concerts et me mettre en relation. Il y a des réseaux multiples. En quelques jours, j’ai joué avec des musiciens, vu des photographes, des vidéastes, des plasticiens, des comédiens, des danseurs, des marionnettistes. ” Cette richesse culturelle trouverait son origine dans les vagues de migration en provenance du sud. Ainsi depuis 150 ans Chicago est reconnu pour le talent de ses musiciens. Joueurs de jazz, de free music, joueurs classiques, de rock’n’roll et post rock… s’épanouissent dans une ville où il est fort agréable de vivre et travailler, parce que la vie n’est pas chère, moins qu’à New York, selon Jeff Parker, mais surtout les artistes viennent y perfectionner leur art !

Emotions premières

Ce qui les relie, c’est l’improvisation pour retrouver les émotions premières. Le trio trouve son inventivité dans la spontanéité : “ nous n’avons aucune règle, ni discussion. Nous jouons, c’est tout. Les compositions que nous jouons sont davantage dictées que dirigées, pour la plupart, ce sont des figures libres. ” En concert, Vega n’hésite pas à expérimenter toutes sortes de sons : des frottements d’une subtile délicatesse, les rayures sonores de Michael Zerang ; Bernard Santacruz laisse échapper des bruits mats de sa contrebasse et s’essaie parfois à distordre les notes. En face lui, la guitare de Jeff exulte de vagissements. Ainsi s’exprime la relation intime qu’entretient le musicien avec le son et la musique. Quelques somptueux morceaux plus composés laissent présager l’avenir de Vega : “ j’ai la sensation que plus ce groupe jouera ensemble, plus il y en aura à réaliser. ”

Quelques concerts éphémères lors d’une tournée éclair d’une quinzaine de jours, et Vega s’éclipse pour quelque temps, avant que ses trois prodiges ne se retrouvent pour émerveiller nos nuits les plus bleues.

art. | Pascal Couffin | pascal@fragil.org

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