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La théorie (2)
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La pratique, Discographie

Qui reconnaîtra la moindre tentative de plagiat dans les collages sonores et vidéos de People Like Us pourtant réalisés exclusivement à partir de documents d'archives ? Vicki Bennett y recontextualise des propos désuets issus de publicités, séries télévisées et émissions radiophoniques sur des airs tout aussi désuets que l'on croirait extirpés d'un grenier. En résulte un dadaïsme sonore et visuel jouant sans cesse avec nos repères sans épargner le ridicule de la société de consommation. La richesse et l'originalité de ses sources couplées à un exceptionnel travail de composition fait que People Like Us n'a jamais eu un seul problème avec la justice pour des questions de droits d'auteur.

Ce qui est bien loin d'être le cas de Negativland dont le travail est à peu près similaire à celui de People Like Us mais qui eurent, quant à eux, à en découdre avec la justice. En 1991, ce collectif d'artiste basé à San Francisco est l'auteur d'un single baptisé " U2 ", l'on y entend Casey Kasem, un animateur radio, perdant son sang-froid sur fond de " I still haven't found what I'm looking for ", le succès d'un groupe dénommé… U2. Island, la multinationale sous contrat avec le combo irlandais sera sans pitié avec l'obscure et anonyme groupe qu'est Negativland et qui entreprit, quelques années plus tard, de publier le récit de cette abracadabrante et surréaliste affaire dans un livre intitulé " Fair Use : the story of the letter U and the numeral 2 ".

L'on pourrait voir dans cette manipulation de nos repères sonores une évolution logique de la Musique Concrète, posant cette fois-ci la question de l'illégalité dans l'art et de la place de la musique dans notre vie. Devenue omniprésente, n'échappe-t-elle pas à ses auteurs pour se transformer en un simple bruit de la vie quotidienne ? Pierre Henry lui-même ne rechigne pas à travailler à partir des œuvres de Beethoven ou, plus récemment, Monteverdi dont les compositions sont aujourd'hui totalement libres de droit, mais le pionnier de la Musique Concrète réserve un procès en bonne et due forme à quiconque oserait toucher à ses pièces. Beaucoup plus cohérent dans sa démarche, V/Vm a également travaillé sur la musique classique. Vingt-quatre ans après " La Xème symphonie de Beethoven " par Pierre Henry, V/Vm est l'auteur de la symphonie manquante de Chostakovitch. Mais le mancunien James Kirby (ainsi que ses acolytes) n'en est pas à son coup d'essai, son label, V/Vm Test Records est aujourd'hui devenue synonyme de pop filtrée, le projet " Sick Love " dont fut extrait " The lady in red (is dancing with meat) " - interprété par un certain Chris De Burgher et propulsé single de la semaine par la prestigieuse revue NME - y est certainement pour quelque chose.

V/Vm adresse une critique sévère à une industrie phonographique frileuse et avide de profit. L'alternative qu'il propose n'est certes pas des plus alléchante mais la démarche n'en reste pas moins attachante : rétrograder la musique de supermarché au rang de bruit, ce qu'elle est par ailleurs. Mais l'écurie V/Vm va bien plus loin, ne respectant rien ni personne, elle ose même s'attaquant à la scène électronique actuelle et à son plus digne représentant en la personne de Richard D. James alias Aphex Twin. Ont collaboré aux méfaits du label mancunien des artistes très estimés tel que Boards Of Canada, Kid 606, Hrvatski ou Kevin Blechdom ce qui permis à James Kirby et à ses camarades de boisson d'accéder à une renommée internationale. Parce que la Plunderphonie (puisqu'il faut bien lui donner un nom) c'est aussi ça : la grosse déconne. D'ailleurs vous allez rire mais je n'ai plus rien à ajouter sur le sujet… pour le moment en tout cas.

art. | Brian Brialy | brian@fragil.org

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