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La théorie (2)
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La pratique, Discographie

Depuis 1985, le très sérieux compositeur canadien John Oswald se pose beaucoup de questions sur la notion de production et de reproduction de son et de musique. Rien de bien étonnant puisqu'à l'époque le hip-hop est à son apogée, le scratch a propulsé le bon vieux tourne-disque domestique au rang d'instrument de musique et le sampling est devenu monnaie courante dans la création de musique populaire. Oswald profite de ce contexte pour remettre en cause la poussiéreuse notion de copyright (littéralement, droit à la copie) ce qui le mène à composer une pièce intitulée " Plunderphonics " (plunder signifiant piller en anglais) et constituée de samples issus de la pop music et soumis à un traitement sonore particulier.

Un disque voit le jour en 1989 et ne sortira jamais dans le commerce, il est expédié à diverses stations de radio, bibliothèques et critiques accompagné d'un livret où la totalité des samples utilisés sont mentionnés noir sur blanc (l'information sur la couleur du texte reste à vérifier, votre serviteur étant daltonien et n'ayant jamais eu une copie de ce disque entre les mains). Chaque personne ayant reçu l'enregistrement de l'œuvre est autorisée à la diffuser et à en effectuer une copie, l'auditeur est bien-sûr libre de réaliser sa copie sur cassette lors de la diffusion radiophonique d'une extrait. " Plunderphonics " devient rapidement un succès au Canada et trouvera même écho à San Francisco, jusqu'au jour où l'œuvre vient agacer les oreilles des avocats de Michael Jackson* (samplé sur le disque et travesti sur la pochette) qui mandatèrent la Canadian Recording Industry Association pour défendre les droits de leur client. S'en suivra la destruction des copies non distribuées de cette album jamais vendu.

Mais le pillard Oswald ne constitue pas un cas d'école. Quelques années plus tôt, en 1987, les trublions Jimmy Cauty et Ed Drummond sous le charme de la scène hip-hop émergeante formaient The Jams et publiaient leur premier album " 1987 : What the fuck is going on ? ". Les deux sujets de Sa Majesté y rappent avec irrévérence (et accent écossais) sur de copieux samples de tubes plus ou moins récents que les deux compères schizophrènes déclare avoir libéré au nom du KLF (Kopyright Liberation Front). Sur le titre " The Queen and I " utilisant le " Dancing Queen " d'Abba, on ne peut pas vraiment parler de sample tant les similitudes avec du karaoké sont nombreuses. Le morceau des Suédois est utilisé dans sa quasi-totalité agrémenté d'un canard qui chante, d'une boîte à rythme aujourd'hui sérieusement obsolète, d'un sample des Sex Pistols et du rap approximatif des Jams. Mais la farce n'est pas du tout du Goût d'Abba qui y voient… une reprise et exigent des poursuites. Cauty et Drummond, qui se déplaçaient à l'époque à bord d'une voiture de police américaine, décident d'aller rencontrer le quatuor consacré par l'Eurovision dans leur studio pour s'arranger à l'amiable, mais la porte restera close. " 1987 : What the fuck is going on ? " est retiré de la vente et la destruction des invendus est ordonnée. Notre duo excentrique ira plus loin et détruira également les masters de l'album, les disques quant à eux disparaîtront avec classe; certains seront jetés à la mer et d'autres brûlés dans un champs dont le propriétaire, averti de la présence d'intrus par la fumée, chassera les Jams à coup de chevrotine. Au jour d'aujourd'hui le Kopyright Liberation Front a vécu, a samplé (allant même jusqu'à s'auto-sampler) et la musique n'est toujours pas libre.

Si aux yeux de l'industrie discographique piller et libérer restent délictueux, qu'en est-il du recyclage ? à notre époque où le respect de l'environnement et la sauvegarde des ressources naturelles sont des préoccupations gouvernementales, peut-on laisser de vieux tubes remplir les charts, les poches des grosses compagnies et d'une poignée d'artistes businessmen ? Au nom du développement durable ouvrons le débat. De tous temps, les artistes des musiques traditionnelles et populaires se sont empruntés mélodies, vers et riffs mais aujourd'hui la fixation de la musique sur support phonographique et les droits qu'elle engendre changent la donne. Et tout le monde veut sa part du gâteau au détriment de ce qui devrait rester la véritable préoccupation de chacun : l'art. Ne devrait-on pas laisser le public être seul juge plutôt que de confronter les artistes aux magistrats ?

art. | Brian Brialy | brian@fragil.org

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