Et du côté du public ?

Ce soir c'est concert et la salle est comble. En première partie un groupe étonnant, les General Electrics, qui joue une musique funk électronique sautillante tellement fraîche qu'elle semble improvisée. Bassiste faussement désinvolte, batteur électronique qui martèle son groove grâce à seulement quatre doigts tapotant le sampler et surtout chanteur qui s'énerve au point de commencer à faire des bonds derrière son clavier ! Un groupe dont le nom est à retenir. Mais le public est avant tout là pour M, et la clameur monte quand celui-ci apparaît à la fin du set pour annoncer gentiment la suite de la soirée.

La scène est maintenant ornée d'une guitare Billy rose géante, dont l'ouïe laisse passer successivement l'ensemble des musiciens. Basse ou violoncelle, platines, batterie, guitare, ils sont quatre sur scène à accompagner M, qui pour l'instant n'apparaît qu'en ombre chinoise tandis que sont entamés les premiers accords de Mon Ego. Mathieu Chédid est transformé. LA coiffure, une veste argentée, et plus aucune timidité devant le public. Tout s'enchaîne : chansons du dernier album, reprise d'anciennes, le public conquis d'avance connaît toutes les paroles mais M ne se repose jamais sur la facilité de cette reconnaissance immédiate.

Entre deux chansons une plaisanterie, quelques mots, pour détendre l'atmosphère. M se fait complice, demande soudain le silence pour lui permettre d'observer les visages tendus vers lui. Le public s'exécute sans un souffle. Quelqu'un gueule, c'est ce qu'attend M pour le faire monter sur scène. Il lui tend un micro et lui propose de s'exprimer face au public. Surprise. Un peu plus tard, M fait monter des gens sur scène pour danser autour de lui. Ambiance festive.

"Est-ce qu'il y en a dans la salle qui chantent, qui composent leurs chansons ?" Beaucoup de mains se lèvent puis se rabaissent au fur et à mesure que M détaille le profil qu'il recherche. Ce soir à Nantes, il fait monter sur scène une jeune fille et son ami qui l'accompagne. M prête sa guitare et ses musiciens. Seul garde-fou il se garde le droit d'interrompre la prestation d'un coup de wizoo. Hasard du soir pour un moment de grâce. Le public est étonné par cet exercice sans filet et applaudi à tout rompre. Au Mans la semaine suivante, la groupie montée sur scène se révélera moins prometteuse, interprétant seulement quelques instants une chanson de son idole. Toujours la volonté de se mettre en danger quels que soit les aléas.

Ce qui compte, c'est la surprise de l'instant. Le public est acteur de la soirée. Pour interprété la musique des Triplettes de Belleville, tous les musiciens sont masqués. Un peu plus tard, sur un rythme lancinant, ils rejoignent tous M pour une chorégraphie robotisée rehaussée de lumières aux couleurs électriques. Entre deux chansons le batteur improvise, M discute, l'encourage, l'imite, puis enchaîne sur un autre titre. Chaque instant de cette soirée est marqué par un moment d'étonnement : ce soir nous avons dansé, chanté, rêvé, applaudi, à la magie du spectacle.

Interview, photos et article : Mathieu Sonet