Interview de O.Lamm

Depuis son minuscule chez lui parisien, O.Lamm répond à 9 questions que vous ne vous étiez peut-être jamais posées...

1_ Pour commencer donne-nous donc quelques renseignements de routine sur toi : ton nom et ton prénom, ta date de naissance ou bien simplement l'année si tu ne compte pas te faire souhaiter ton anniversaire par les lecteurs de Fragil, et puis je suis sûr que tout le monde meurt d'envie de connaître ton sexe, ta profession, là où tu vis... ce genre de choses, quoi !

Je suis américain, militaire et j'apprécie les petits déjeuners à base de fruits. Plus sérieusement, je suis un parisien vissé à Paris depuis toujours, j'ai 24 ans, je suis en thèse de littérature américaine et je vis dans un minuscule studio du neuvième arrondissement.

2_ Te souviens-tu de quand tu as commencé à faire de la musique et ce qui t'as poussé à en faire ? Résume-nous ton parcours depuis lors et jusqu'à aujourd'hui : comment es-tu arrivé chez Active Suspension et ce qui a pu t'influencer, te faire évoluer.

Je fais de la musique, comme tout le monde depuis l'adolescence. Je suis arrivé sur Active Suspension par hasard, à l'époque où c'était un label exclusivement dédié au 45tours, que je venais de découvrir, en envoyant ma première démo (cassette) à JC. Je l'ai rencontré pour une itw, pour le fanzine que je faisais avec quelques amis à l'époque, et j'ai adoré son propos, sa vision très saine de la manière de diriger un label. Comme j'étais incapable d'envoyer mon travail de manière anonyme, c'était l'occasion ou jamais. J'ai ensuite attendu un an et demi avant que le 45 tour sorte (le label était très lent, à l'époque), et ça m'a permis de ne pas sortir n'importe quoi. Enfin, pas tout à fait n'importe quoi.

3_ Collabore-tu avec d'autres labels ? Si oui, lesquels ? Y a-t-il une différence avec ce que l'on connait de toi chez Active Suspension ? Pourquoi différents labels ?

J'ai connu JC d'A.S. en même temps que Damien d'Evènement !, qui était une structure toute jeune à ce moment. Mon premier disque, "Snjor" est la deuxième référence du label. A cette époque, je faisais de la musique avec des petits instruments, un sampler, et un ordinateur complètement archaïque, et je découvrais ma musique en même temps que je la faisais. C'était une musique totalement expérimentale, donc, dans son essence, même si ça à l'époque ça voulait autant dire du bruit blanc que de l'ambient fait avec une guitare désaccordée et un delay. J'ai sorti deux disques sur le label. Evènement ! est une sorte de collectif, un vrai groupe qui a beaucoup collaboré par le passé dans le cadre de performances collectives et de concerts bordéliques, qui est toujours actif même si aujourd'hui, on prend surtout du plaisir à improviser avec des synthétiseurs jouets dans le cadre de Concertmate. Le workshop de cet été, qui a eu lieu en Bretagne, a été particulièrement enrichissant. Sinon, je participe à des compilations dès qu'on m'en fait la proposition, ce qui est pas mal arrivé (sur Melange, Cirque, Gooom, Charhizma, Shambala, Tsunami-Addiction, Odoriko, V/VM Test Records...) mais le seul label qui sorte véritablement mes disques reste Active Suspension.

4_ Comment définirais-tu ta musique à nos lecteurs sourds ou malentendant ? (ou plus généralement à ceux qui n'ont aucun extrait à se mettre entre les deux oreilles et que tu ne peux sensibiliser à ta musique que par l'écrit)

Je fais de la pop à partir de plein de fragments épars, de bruit de neige, de crissements de pneus et, évidemment, d'amour.

5_ J'aimerais que tu nous en dise plus sur la genèse de ta musique : comment compose-tu tes morceaux, où, ce lieu a-t-il une influence sur ta musique, quand, ce moment a-t-il lui aussi une influence sur ta musique, quel matériel utilise-tu ?

Je travaille dans un désordre d'idées et d'intentions total, ce qui fait que souvent je dois tout jeter à la poubelle. Généralement j'improvise pendant deux heures avec un programme, patch ou autre, et je note ce qui me plait. Après je découpe, j'édite, j'organise, je lance un séquenceur, et après, c'est un aller-retour constant et très laborieux entre la construction du morceau et les sons que j'enregistre, fabrique et modifie, selon les besoins, pour le compléter. Je procède par touches et par couches, si j'ose dire. Je travaille chez moi, sur ordinateur, avec des milliards de programmes et d'applications dans Max, Reaktor, etc., et dès que j'en ressens le besoin, je sors enregistrer une batterie chez un ami ou un bruit de voiture dans la rue. Sinon, les moments où je pense le plus à ma musique, c'est quand je marche dans la rue en écoutant de la musique qui n'a rien à voir avec la mienne, Fugazi, Rufus Wainwright ou Magazine (trois noms qui me viennent au hasard), sur mon discman.

6_ Et lorsqu'il t'arrive de sortir de chez toi pour présenter ta musique au public, à quoi ressemblent tes prestations ? S'agit-il de lives ou bien de dj sets ? Dans ce cas précis avec quel matériel ou même avec quelles personnes travaille-tu ?

Il s'agit bien de live, même si ma musique exige qu'il y ait une partie enregistrée qui passe derrière - c'est à la fois un problème d'ordre technologique, mais aussi une nécessité musicale. Quand je joue ma musique, j'aime qu'elle soit structurée et organisée, exactement comme un groupe de rock qui joue ses morceaux. J'improvise simplement à partir de divers programmes et applications par dessus. Sinon, je joue très souvent dans le cadre d'improvisations totales avec des amis musiciens, comme Minifer (dans le cadre de Miniflamm, duo d'improvisation assistée par ordinateur) ou Concertmate (improvisation totale avec des synthés cheap).

7_ Dans quel sorte de lieux joues-tu le plus souvent à l'occasion des concerts, les trouve-tu adaptés ? Essais-tu d'ajouter un aspect visuel, tactile, olfactif... bref quelque chose en plus du son à tes prestations ?

Ca dépend. J'aime les salles de concert rock, où les gens peuvent discuter, aller boire une bière et/ou écouter attentivement. J'ai joué au centre Pompidou, et c'est très étrange de voir quatre cent personnes assises, immobiles, qui te fixent en permanence. Sinon, j'ai joué dans à peu près toutes les configurations possibles, galerie, théâtre, cave, plein air... Je n'amène rien en plus que ma musique et c'est un choix volontaire. Il n'y a rien à voir dans mes concerts et c'est très bien comme ça. (même si pour mon dernier concert au Café de la danse à Paris, j'ai chanté en duo avec Zoé de The Konki Duet). Je ne supporte pas ce complexe de la musique électronique qui consiste à vouloir à tout prix compléter la performance avec des images, le plus souvent vides et indigentes. Ma musique n'est pas juste esthétique, elle communique des choses, des messages si tu veux. Et 98% du temps, les images qui accompagnent les concerts sont des aplats sans aucun parti pris ni aucune imagination, qui peinent à combler un vide qui n'était même pas là à la base. Pour l'instant, je fais des concerts pour présenter ma musique, je ne fournis pas un spectacle clé en main. Si l'envie me prend de faire un spectacle ou de simuler les conditions d'un concert rock, par définition plus immédiat, je te ferai signe.

8_ Laquelle de ces deux activités préfères-tu, la composition ou les concerts ? Si bien-sûr tu as une préférence, dans le cas contraire contente-toi de nous expliquer ce que chacune d'elle t'apporte...

Ca dépend des conditions de ces deux activités. Faire un concert peut être grisant ou totalement frustrant. Composer peut être enthousiasmant ou extrêmement éprouvant pour les nerfs. En fait ces deux activités sont tellement différentes que je ne peux même pas comparer ce qu'elles m'apportent respectivement.

9_ Pour finir, as-tu un message à délivrer au monde entier ? Veux-tu aborder un sujet qui n'a pas été traité ? Nous dire ou tu as menti ou bien combien de fois es-tu allé aux toilettes pendant l'interview ? un révélation ? un scoop ? un divination ? bref, un mot de la fin...

Faites attention à ce que vous faites. Quand vous préférez un disque de r'n'b à un disque de Phill Niblock, ne croyez pas que ça n'aura aucune incidence sur le monde dans lequel vous vivez, vous faites un choix politique.

Des informations concernant o.lamm sont disponibles sur le site du label Active Suspension : www.activesuspension.org

Brian Brialy

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