
L’appel du vide
Accepter cette part qui nous manque
"La part manquante" Amélie Labourdette, à l’Heidigalerie, Nantes, Juin 2008
La nouvelle galerie d’art de Nantes, Heidigalerie, accueille la première exposition personnelle d’Amélie Labourdette jusqu’au 1er juillet prochain. Au fil de 11 images à la réalité improbable, la plasticienne entraîne le visiteur dans ’"La Part manquante". Un voyage où constructions, ruines et fragments permettent de redonner un sens au vide qui existe en chacun de nous.
11 images. 11 histoires. Les mêmes éléments reviennent. Des maisons pavillonnaires en construction, des stades en démolition, des animaux terrés ça et là, à l’affût ou peut-être complices de la scène… Au premier plan, l’émotion d’un personnage fait entrer dans l’image… Derrière lui, au milieu des parpaings et des grues, des familles, des enfants semblent pris au piège d’une inquiétante solitude. Devant chaque paysage recomposé grâce au photomontage, le spectateur est embarqué dans un tourbillon de fragments dans lequel se niche une narration latente souvent pesante.
Habiter le monde
Et si on s’arrêtait devant celui où une jeune femme au premier plan semble courir vers nous ? Elle retourne la tête vers l’arrière comme pour regarder une dernière fois, une maison angoissante où une jeune fille dénudée semble prisonnière à l’étage. Quelle histoire Amélie a bien voulu y raconter ? "C’est à chaque visiteur de s’approprier l’image et d’en faire une interprétation. J’ai voulu mettre en scène la notion d’habitation. Avec une question : Comment habiter ce monde ? Et plus précisément à travers l’accession à la propriété de la classe moyenne. Est-ce réellement le bon choix pour accéder au bonheur ?".
C’est à chaque visiteur de s’approprier l’image et d’en faire une interprétation
La consommation ne résoud rien
Influences du montage cinématographique, du peintre Edward Hopper ou encore du photographe Jeff Wall, Amélie Labourdette a voulu recomposer un univers hétérogène où l’harmonie n’existe pas. "La pratique du photomontage renvoie à une nouvelle perception du monde. "La part manquante" apporte cette sensation de flottement, d’incohérence. La lumière éclaire les éléments de manière illogique et j’ai volontairement apporté des défauts de perspective."
Entre les fragments de ces mises en scène, on peut déceler une critique de la société contemporaine qui voudrait faire croire que le bonheur passe par la consommation. "Pourtant, cela ne résout rien. Habiter ce monde passe par la part manquante, par le vide. C’est dans cet interstice que peut émerger la création et la poésie." explique l’artiste. "C’est un peu comme la fin d’une psychanalyse, ce moment où on a intégré le manque qui existe en chacun de nous. Quand on ne cherche plus à le combler, on accède à une nouvelle façon d’explorer le monde et on retrouve la liberté."
Benoît Balthy
"La part manquante" Amélie Labourdette, à l’Heidigalerie, 1 rue Beaurepaire, Nantes jusqu’au 1er juillet 2008.
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