Festival du Film d ’Europe centrale
A la découverte d’un cinéma invisible
Petit dernier de la série des festivals de cinéma nantais, le Festival du Film d’Europe centrale a lancé sa toute première édition début avril autour de films récents issus des cinémas polonais, tchèques, roumains et hongrois. Avec un objectif clair : donner accès au public nantais à des films à peu près absents des écrans français. Rencontre avec Jeanne Fourrier, l’une des organisatrices de ce jeune festival.
Le nom de l’association organisatrice du festival est déjà tout un programme : Accès au cinéma invisible, celui d’Europe centrale en l’occurrence, car il faut bien commencer quelque part, et pourquoi pas en Europe, dans ces pays à l’est de l’Allemagne que l’on connaît assez mal. L’idée du festival était déjà là quand Jeanne Fourrier, étudiante en droit, et Alexis Thébaudeau, étudiant en lettres passionné de cinéma, ont choisi de mettre à profit leur année Erasmus à Prague en 2006 pour en ramener des films et essayer de mieux faire connaître à Nantes le cinéma de cette partie d’Europe que l’on voit rarement sur nos écrans. Ils en ont donc profité pour arpenter les festivals de cinéma et rencontrer des responsables de centres culturels afin de recueillir de l’aide et concrétiser leur projet.
Résultat : un festival sur trois jours qui a proposé 6 films récents, en majorité parus en 2006 et 2007, deux conférences sur le cinéma d’Europe de l’est et des concerts, en partenariat avec le Katorza et le Pôle étudiant.
Des films récents et de qualité
Le choix des films s’est fait selon plusieurs critères : " Nous voulions des films récents, de qualité et accessibles au public", précise Jeanne. "Et des films que nous avions vus et aimés personnellement". Des contraintes plus techniques entraient aussi en ligne de compte : les films devaient être issus de pays d’Europe centrale dont la production cinématographique est suffisamment dynamique et, surtout, disposer déjà d’un distributeur français susceptible de fournir des copies pour le festival. C’était le cas pour les quatre films diffusés au Katorza et notamment California Dreamin’ de Cristian Nemescu, sélectionné à Cannes en 2007 dans la catégorie Un certain regard et déjà sorti en France, de même que pour Les Paumes blanches, film hongrois de Szabolcs Hajdu dont les producteurs exécutifs ne sont autres que les Kassovitz, père et fils. Pour autant, les copies diffusées par les distributeurs pour ce genre de films sont en général assez peu nombreuses, les salles qui les accueillent également, et la durée de vie de ces films sur les écrans est donc limitée. Une deuxième chance leur était ainsi accordée par le biais du festival. Pour Moi qui ai servi le roi d’Angleterre, film tchèque de Jiri Menzel, il s’agissait même d’une avant-première, le film devant sortir sur les écrans français en mai 2008.
Eclairages culturels et historiques
"Nous avons aussi été motivés par la volonté de faire comprendre les arrière-plans culturels et historiques de ces films, de faire partager la culture de ces pays", ajoute Jeanne. Les deux conférences sur le cinéma de cette région avaient ainsi pour objectif d’expliciter les spécificités des productions cinématographiques d’Europe centrale et tout d’abord de préciser ce que l’on entend par là.
Le travail de diffusion de ce cinéma semble donc d’autant plus nécessaire que cette partie de l’Europe va jouer un rôle croissant dans l’Union européenne.
Située théoriquement entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’est, la délimitation de l’Europe centrale ne va pas forcément de soi, sa définition géographique étant remise en cause par certains pays pour des raisons identitaires liées à l’histoire complexe de cette région. Historiquement, l’Europe centrale comprend l’Allemagne et les anciennes zones d’influence allemande, c’est-à-dire les pays issus de l’ex-empire austro-hongrois : l’Autriche, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, la Pologne et la Slovénie. Suite à la division de la guerre froide, l’Allemagne se considère comme faisant partie de l’Europe de l’Ouest, de même que l’Autriche, tandis que les autres pays cités ont l’héritage soviétique en commun. Ceci n’est pas sans influence sur leur cinéma actuel. Sous cet angle-là, la Roumanie présente les mêmes caractéristiques, bien qu’elle soit en fait à cheval entre l’Europe centrale et l’Europe de l’est. On l’aura compris, les frontières de cette zone sont mouvantes, influencées par les évolutions politiques et idéologiques passées et présentes. Le travail de diffusion de ce cinéma, qui ne date pas d’hier, semble donc d’autant plus nécessaire que cette partie de l’Europe va jouer un rôle croissant dans l’Union européenne.
Pas d’inquiétude, le public étant au rendez-vous ; une deuxième édition du Festival est prévue pour continuer l’exploration du cinéma de cette région. Les projets d’ Accès au cinéma invisible concernent aussi la consolidation de l’association, la création d’un petit journal sur l’actualité de ce cinéma, et la diffusion du plus grand nombre de films possibles. Nous leur souhaitons donc longue vie et bonne chance.
Emilie Le Moal
Photo du bandeau : California Dreamin’
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