Elections Municipales nantaises 2008 #2 : Sprechen Sie Europa ?
Nantes européenne, Nantais européens
Avec la Maison de l’Europe et Euradionantes
Les chefs de file des trois principales listes en lice pour la mairie de Nantes s’expriment sur l’Europe. Deuxième volet. Prospective. Comment Nantes peut-elle devenir une ville européenne ? Quelles perspectives pour les nantais ? Enfin, plus compliqué… Do you speak any foreign language ?
Suite des petits déjeuners politiques à l’initiative de la Maison de l’Europe, auxquels étaient invitées les têtes de liste des trois principales formations en lice aux municipales. Toujours devant le micro d’Euradionantes, et dans l’ordre d’apparition à l’écran : Benoît Blineau (Liste Nantes-Démocrate 2008 [1], Jean-Marc Ayrault (Liste Nantes et Plus [2]) et Sophie Jozan (Liste Ensemble à Nantes [3]).
Les trois candidats évoquent tour à tout la place de Nantes en Europe, la modification du tissu économique et social de la région, et finalement les échanges culturels et l’apprentissage linguistique.
Nantes, métropole européenne
Nantes, métropole européenne ? Plus facile à dire qu’à faire. La sixième ville de France en terme démographique peut-elle espérer faire partie des 50 premières villes d’Europe ? Bon point : elle appartient déjà au réseau Eurocités [4].
Cependant, selon le candidat du parti de François Bayrou, "Nantes n’est pas assez active, et aussi trop excentrée. Mais elle devrait profiter de la suppression des départements pour devenir une région forte." Le maire sortant de Nantes n’en a cure : il considère que la biennale estuaire, autant que toute l’histoire économique de Nantes et de Saint Nazaire ont souligné leur co-développement autour de l’estuaire de la Loire. La Métropole devrait sortir renforcée de cette identité. C’est dans cette idée que le réaménagement des 350 hectares de l’Ile de Nantes s’opère. La candidate fidèle à Nicolas Sarkozy ne l’entend pas exactement ainsi. Elle porte un projet comparable, mais différent : la création du Port Liberté sur l’Ile de Nantes, autour d’un grand projet architectural qui symboliserait la ville à l’étranger.
L’activité économique, l’emploi et le plombier polonais
Prolongeant son idée, Sophie Jozan explique que l’attractivité symbolique de Nantes concourra à son attractivité économique, qui bénéficiera aux PME-PMI locales et à la création d’emplois. Optant logiquement pour des solutions libérales, elle considère que ce développement économique mènera à des progrès sociaux : "L’économique amène la paix autant que le politique.". Puis, elle ajoute, en évoquant les harmonisations des normes comptables : "L’Europe est un espace idéal pour organiser la dérégulation du marché."
De quoi mettre les travailleurs sur le qui-vive ! Car implantation rime aussi avec délocalisation ! Il importe, selon Jean-Marc Ayrault, de rassurer les citoyens sur ce thème. La solution serait un salaire minimum propre à chaque état, dépendant de son PIB (et donc du pouvoir d’achat local).
L’Espace Interrégional défend les intérêts des Pays de Loire, de Bretagne et de Poitou-Charentes, et informe les collectivités locales des décisions prises à Bruxelles.
Le poids des Régions à Bruxelles
Benoît Blineau entend défendre fortement les intérêts de la Métropole devant la Commission européenne. Il appelle donc de ses vœux la création d’un lobby nantais à Bruxelles. Ce que le candidat semble ignorer, c’est que ce lobby existe déjà ! Il s’agit de l’Espace Interrégional, dont les 16 salariés défendent à Bruxelles les intérêts des Pays de Loire, de Bretagne et de Poitou-Charentes, et informent les collectivités locales des décisions prises dans leurs grands domaines d’activité. Qu’à cela ne tienne ; il poursuit : pour renforcer l’économie de la région marquée par la présence d’Airbus et d’Aker-Yard, il entend développer les partenariats…avec les associations culturelles.
Des Associations qui font vivre l’Europe entre l’Erdre et la Loire
Jean-Marc Ayrault a lui aussi la veine associative, et rappelle qu’à Nantes, les assos pro-européennes sont nombreuses : le mensuel Europa, Euradionantes, la galerie Cosmopolis, les festivals de cinéma d’Europe (Univerciné et Festival Espagnol), les centres culturels gravitant autour du Centre Culturel Européen, la Maison de l’Europe, le Relais Europe Direct, les échange Erasmus, sans oublier le rôle de la Chambre de Commerce et d’Industrie. Pour favoriser les rencontres entre les citoyens européens, le premier co-listier de la liste Nantes démocrate 2008 regrouperaient toutes ces assos à vocation européennes en un pôle européen international, autour de la Maison de l’Europe -sur le modèle de la maison de l’Europe rennaise. Il en survole la question du financement, qui ne serait que minoritairement assuré par les collectivités territoriales et majoritairement par les entreprises.
Des langues, des jumelages et une Cité Internationale
Sprechen Sie Europa ? La conseillère municipales et régionale, qui a longtemps vécu à l’étranger, insiste sur la pratique réelle de la vie dans une autre langue et offre des lauriers aux programmes Erasmus [5] : « …qui ont ouvert des perspectives inconnues aux générations précédentes. »
Jean-Marc Ayrault est plus nuancé, et prend acte de la baisse de performance de certains jumelages [6]. Il entend redynamiser les échanges linguistiques en les ouvrant à tous les milieux sociaux, car "L’Europe n’est pas encore vécue humainement par tous.".
Benoît Blineau lui emboîte le pas et pose dans son programme que chaque nantais puisse profiter d’un apprentissage linguistique ludique à proximité de son domicile, grâce à des cours de langues du soir donnés par des étudiants étrangers. Lui aussi entend ouvrir l’accès à l’Europe à tout les publics, grâce aux séjours linguistiques, mais sans approuver de financement des collectivités territoriales, "par souci d’économie" (une locution adverbiale qui semble son leit-motiv).
Pour dynamiser la présence des étudiants étrangers sur le territoire, le député-maire fait confiance à la future Cité Internationale. En liaison avec cette cité, la Maison de l’Europe nantaise devrait s’associer à ses homologues régionaux, dans le but d’obtenir une labellisation ‘Europe Direct’. La vice-présidente de la section locale de l’UMP est elle aussi favorable à cette Cité U dédiée aux étudiants étrangers. Mais la nature de cette cité U n’apparaît jamais clairement ; certains craignent qu’elle ne rassemble que des étudiants étrangers, au dépens de ce brassage qui fait le bonheur des études hors des frontières.
Les études à l’étranger, l’apprentissage des langues : des projets pas si facile à mener lorsqu’on est étudiant sans le sou. Les candidats en restent là. Fragil.org va un peu plus loin, et donnera bientôt quelques tuyaux pour devenir de vrais eurocitoyens. Pour en savoir plus sur la vision de l’Europe par les trois candidats, première partie des entretiens.
Renaud Certin
Allons y faire un tour :
La maison de l’Europe de Nantes, à l’origine de ces rencontres.
Les podcasts des rencontres sont sur le site de la radio européenne nantaise Euradionantes
Des interviews de chaque candidat sur le site de Prun’.
Le Taurillon, en dépit d’un nom étrange, ce magazine eurocitoyen est la version française d’un site polyglotte très documenté, qui ne parle que de politique européenne. Selon qu’il se nomme Taurillon, New Federalist, Eurobull ou Taurin Magazine, il se décline en Français, Anglais, Italien, Allemand.
[1] Liste Nantes-Démocrate 2008 : Modem
[2] Liste Nantes et Plus : PS, Verts, PCF, Alternatifs, MRC, UDB
[3] Liste Ensemble à NantesUMP, Nouveau Centre, Gauche moderne, Radicaux
[4] Eurocités est un réseau de 130 villes de 30 pays de l’Union Européenne, qui vise à un développement économique et social durable des métropoles européennes.
[5] Erasmus : nom des programmes d’échanges qui permettent d’aller étudier d’un trimestre à une année entière à l’étranger.
[6] Nantes est jumelée avec Cardiff, au Pays de Galles, Sarrebrück, en Allemagne, et Seattle aux Etats-Unis.
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