Elections Municipales nantaises 2008 #1 : Mon Europe à moi
J’U.E. Ã la Nantaise
Avec la Maison de l’Europe et Euradionantes
A l’initiative de la Maison de l’Europe, les trois principaux candidats à la Mairie de Nantes étaient invités à s’exprimer sur l’Union européenne. Premier volet. Panorama : l’Europe selon quelles valeurs ? Avec quelles institutions ? Et surtout, pour quoi faire ?
Petits déjeuners politiques pour les têtes de liste des trois principales formations en lice pour piloter la mairie de la sixième ville de France. A l’invitation de la Maison de l’Europe, et devant le micro d’Euradionantes, Benoît Blineau (Liste Nantes-Démocrate 2008 [1]), Jean-Marc Ayrault (Liste Nantes et Plus [2]) et Sophie Jozan (Liste Ensemble à Nantes [3]) se prêtent au jeu à tour de rôle. Avec volubilité, ils évoquent leur rapport personnel à l’Europe, leur vision de l’Union, les perspectives de la présidence française, et quelques sujets plus délicats.
Mon Europe à moi
L’Europe avant d’être politique, est géographique. C’est dix ans avant la réunification allemande que Benoît Blineau s’est ouvert à l’Europe, en entreprenant un tour d’Europe, durant lequel lui est apparu la réalité des totalitarismes de l’Est. Depuis dit-il, l’ "Europe est devenu mon jardin." ; il tempère cependant : "Je suis un militant naturel de l’Europe, …mais pas un militant actif." L’expérience de Sophie Jozan est toute autre. C’est son installation durant plusieurs années en Asie qui a fondé son opinion : "La France est invisible depuis l’Asie. La seule taille pertinente, c’est l’Europe (…) Ma conviction européenne est au cœur de mon engagement politique.". Plus modeste, mais sans demeurer en reste, le maire sortant rappelle qu’il est tout simplement président du groupe amical franco-allemand de l’assemblée nationale. Rien de très étonnant pour cet ancien professeur de langue germanique, à cheval entre les deux pays fondateurs de l’Europe.
L’Union Européenne, pourquoi faire ?
On ignore souvent que les deux tiers des lois votées au Parlement français sont des ratifications de décisions du parlement européen. L’Union européenne paraît trop souvent abstraite, alors que ses raisons d’être sont profondes, à commencer par l’amitié entre des états hier belligérants.
Jean-Marc Ayrault admet la difficulté : "L’Europe n’est pas une chose évidente (..) Elle se construit non pas autour d’un héritage, mais de valeurs communes, parmi lesquelles on compte évidemment les droits de l’homme, mais aussi les droits syndicaux, le droit à l’éducation, et de nombreux autres." Emboîtant le pas à Sophie Jozan, pour qui l’Union Européenne est avant tout "la seule solution pour lutter à armes égales contres les puissances économiques émergentes asiatiques", le candidat du Modem adopte la concision : "L’Europe est la seule réponse contre la Chindia." [4].
L’Union européenne paraît trop souvent abstraite, alors que ses raisons d’être sont profondes, à commencer par l’amitié entre des états hier belligérants.
Et si on parlait des Traités Constitutionnels ?
Les trois candidats lancent un plaidoyer unanime en faveur du Traité de Lisbonne, signé par l’Elysée le 13 décembre 2007, puis ratifié par le parlement français le 07 février 2008. (Pour en savoir plus, l’avis critique du politologue Raoul-Marc Jennar.)
Le candidat du Modem se dit "écoeuré par le résultat du référendum de 2005 ! et demande un second référendum pour ratifier le mini-traité de Lisbonne. La candidate de la majorité présidentielle se dit simplement "satisfaite de la solution du traité simplifié., mais souligne que "c’est l’humain qui fait les choses (et non les institutions ndr)…c’est par les échanges de personnes que l’on construira l’Europe." Le député-maire sortant est lui aussi favorable à un référendum pour légitimer l’adhésion au nouveau traité qui permettrait de "sortir l’Europe de l’ornière constitutionnelle". Cette Europe des "institutions obscures et incontrôlables (par les citoyens ndr)" a mené au "Non" au Traité Instaurant une Constitution pour l’Europe. Sophie Jozan abonde dans le même sens et regrette elle aussi la perception faussée que les citoyens se font du fonctionnement de l’Europe : "On prend les choses à l’envers : on explique l’Europe par ses institutions. Cette vision institutionnaliste a freiné la perception citoyenne et l’ancrage de l’Europe dans le quotidien."
Impossible n’est pas français : la présidence tricolore aux commandes de l’UE
L’Union européenne se rapprochera bien de Nantes, et s’y posera furtivement fin 2008. La tête de liste de Ensemble à Nantes rappelle qu’une de ces conventions thématiques se tiendra à Nantes, sous l’égide de la France.
Explication : à la présidence de l’Union Européenne, c’est chacun son tour d’être le chef, pour six mois. Depuis le 01 Janvier 2008, c’est la Slovénie qui tient les rênes, succédant ainsi à l’Allemagne et au Portugal. La présidence consiste à l’organisation de tous les colloques et réunions autour des sujets majeurs, et la préparation de leur traitement. Le premier Juin 2008 ce sera la France qui s’en saisira. La perspective de ce travail titanesque donne déjà des cheveux blancs a quelques hauts fonctionnaires !
En 2009, ce sera au tour de la Grande-Bretagne de prendre la direction. Cependant, devant l’opting out [5] de la Grande-Bretagne à l’égard du respect des droits fondamentaux, le député-maire s’élève : "Je suis donc opposé à ce que la présidence (de l’UE) par la Grande-Bretagne soit assurée par Tony Blair, lui-même ressortissant d’un pays n’appartenant pas l’Eurogroup [6]". Optimiste, le président du groupe PS-PRG à l’Assemblée annonce 2009 comme l’année d’un redémarrage de l’Europe, celle de la Croissance économique, impulsée par la coordination des politiques économiques et un dialogue entre la banque centrale et l’Eurogroup.
L’Europe toujours plus loin ? Quelques mots sur les frontières…
Europe géographique, Europe politique, Europe culturelle, Europe linguistique….Les frontières de l’Europe et de son Union sont aussi floues que ses institutions sont nombreuses [7].
L’élargissement [8]. s’approche désormais les frontières symboliques de l’Oural et des Balkans. Considérant qu’il ne faut pas aller plus loin, la tête de liste de Nantes Démocrate 2008 s’oppose à l’adhésion de la Turquie. Sophie Jozan considère, elle, qu’une bonne part de la culture européenne provient d’Europe Centrale. Elle considère donc légitime l’élargissement vers l’Est, et invite à des efforts en faveur des nouveaux adhérents. A la question du Kosovo, elle répond : "La gestion de ce conflit sera primordiale dans la construction de l’Europe". Enfin, considérant la question de l’émigration, Jean-Marc Ayrault demande qu’elle soit traitée de manière responsable, notamment en favorisant le co-développement.
Migration, déplacements, langues et place de Nantes en Europe : la suite des entretiens dans le deuxième volet.
Renaud CERTIN
Allons y faire un tour :
La maison de l’Europe de Nantes, à l’origine de ces rencontres.
Les podcasts des rencontres sont sur le site de la radio europénne nantaise Euradionantes
Des interviews de chaque candidat sur le site de Prun’.
Le Taurillon, en dépit d’un nom étrange, ce magazine eurocitoyen est la version française d’un site polyglotte très documenté, qui ne parle que de politique européenne. Selon qu’il se nomme Taurillon, New Federalist, Eurobull ou Taurin Magazine, il se décline en Français, Anglais, Italien, Allemand.
[1] Liste Nantes-Démocrate 2008 : Modem
[2] Liste Nantes et Plus : PS, Verts, PCF, Alternatifs, Radicaux de gauche, MRC, UDB
[3] Liste Ensemble à Nantes :UMP, Nouveau Centre, Gauche moderne, Radicaux
[4] Chindia, néologisme qui met dans le même panier la Chine et l’Inde, deux puissances émergentes aux traditions économiques, politiques et philosophiques totalement différentes.
[5] Opting out sorte de droit de réserve. Ici, il s’agit pour la Grande-Bretagne de prendre, si elle l’estime nécessaire, des libertés à l’égard du respect des droits fondamentaux.
[6] Le groupe des Pays de l’UE qui utilise l’Euro. Parmi ces 27, seuls 15 utilisent l’Euro comme monnaie unique.
[7] Les principales institutions européennes : Commission européenne à Bruxelles, Parlement européen à Strasbourg, Conseil européen des Ministres etc… En dépit d’une ressemblance de nom, le Conseil de l’Europe n’a rien à voir avec l’UE. La Russie siège dans cette assemblée géo-politique distincte de l’UE.
[8] On compte : Allemagne, France, Italie, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni, Espagne, Pologne, Roumanie, Hongrie, Grèce, Portugal, République tchèque, Suède, Autriche, Bulgarie, Danemark, Finlande, Slovaquie, Irlande, Lituanie, Lettonie, Slovénie, Chypre, Estonie, Malte. 27 !
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