Oh les beaux jours
Rencontre avec le metteur en scène Joë l Jouanneau
Théâtre Universitaire de Nantes
Joë l Jouanneau écrit et met en scène depuis plus de vingt ans. Ce passionné nous parle de sa dernière mise en scène, ’Oh les beaux jours’. Empreinte d’humour noir, cette oeuvre saisit par l’interprétation juste et poignante de la comédienne Mireille Mossé. Elle marque la conclusion du cycle Beckett. Joë l Jouanneau se consacre désormais à de nouveaux projets…
Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas du hongrois Imre Kertész, la dernière pièce que vous aviez mis en scène avant Oh les beaux jours, traitait de votre intimité. Mettre en scène Beckett, c’est une façon pour vous de moins vous impliquer émotionnellement ?
L’écriture, c’est mettre de l’encre noire sur une page blanche, noircir ; tandis que la mise en scène éclaire une page.
Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas est une pièce plus intime. Avec Oh les beaux jours, c’est plus un cadeau à une comédienne, Mireille Mossé, avec qui j’ai travaillé à plusieurs reprises. Je voulais montrer que c’est une comédienne talentueuse. C’est une très grande artiste. Or, sa petite taille l’empêche souvent d’avoir de grands rôles. Oh les beaux jours a quand même une part d’intime, c’est un hommage à ma femme, elle qui est confrontée à la page blanche, au temps qui passe…D’ailleurs, Beckett a écrit Oh les beaux jours l’année où il s’est marié !
Pourquoi cette décision d’achever votre cycle Beckett avec cette pièce ?
Pour moi, Winnie est comme une poupée fragile, qui se brise et ce personnage pouvait être Mireille. L’actrice est magnifiée dans ce texte qui est difficile malgré quelques notes d’humour.
C’est une pièce plus gaie que les précédentes…
Oui, je n’ai pas coupé un seul mot. Je souhaitais garder cette dynamique de gaieté notamment à travers le titre : Oh les beaux jours. C’est le dernier Beckett que je mets en scène. Après En attendant Godot, La dernière bande et Fin de partie qui sont trois pièces très dures, j’ai décidé de finir avec une pièce plus légère, plus solaire.
Que représente, pour vous, la mise en scène ?
Je suis un metteur en scène de l’écriture plus que des décors. L’écriture, c’est mettre de l’encre noire sur une page blanche, noircir ; tandis que la mise en scène éclaire une page. Pour moi, je suis un metteur en scène de l’écriture plus que des décors . Ce sont deux démarches différentes et complémentaires à la fois. C’est l’ombre et la lumière. Je préfère mettre en scène les textes des autres car je peux me dévoiler tout en me cachant derrière les auteurs, tandis que quand ce sont mes textes, j’ai plus de pudeur.
Il y a un éclectisme dans les pièces que vous mettez en scène…
Certes elles sont éclectiques mais elles ont également un point commun : leur radicalité. Ce sont des écritures musiciennes qui, souvent, parlent du thème de l’enfance, de la perte de l’innocence et de l’impossible passage à l’âge adulte. Ces pièces parlent toutes du verbe être et non du verbe avoir.
Aujourd’hui, tout le monde sait tout, l’enfance est massacrée.
Et pour la suite, quoi de prévu ?
Bientôt , je ne serai plus metteur en scène. En 2009, j’adapterai un grand texte de Sophocle puis je me consacrerai pendant trois ans à l’enfance en proposant mes propres textes et ceux des autres notamment ceux de Dickens. Pour cela, j’irai dans les écoles. Je veux laisser la mise en scène derrière moi et dire aux enfants que le chemin vers l’âge adulte est difficile, que le monde, ce n’est pas de la ouate mais qu’ils doivent garder l’envie de découvrir ce monde quand même !
Propos recueillis par Aurore de Souza Dias
Oh les beaux jours au Théâtre Universitaire de Nantes du jeu 10 au ven 18 janvier 08. Plus d’infos sur www.tunantes.fr
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