Critique théâtre
La Dolce Vita selon Dario Fo
Faut pas payer ! ou Farce militante
L’Italie en crise, un peuple affamé et miséreux qui tente de refaire surface, des femmes qui ne peuvent plus gérer leurs maisons, des scènes de violence politique et verbale racontées sans ambages sur le ton rafraichissant de la Commedia dell’arte, tel est le coup de génie réussi par Dario Fo en 1974.
L’Italie dépeinte par Dario Fo est celle des dures années 70. Pauvreté, misère, vol, mensonges… chacun tente de s’en sortir comme il peut. Les ouvriers se retrouvent confrontés à des difficultés financières sans précédents qui les amènent alors à user de toute leur ingéniosité et de leur force collective. Vols dans les supermarchés, grossesses feintes pour déjouer les regards policiers, mensonges au sein des familles… Les stratagèmes ne se comptent plus pour tenter d’améliorer une situation bien désespérée.
Le tour de force de cette pièce ? Cette situation extrêmement critique, noire et qui semble sans issue peut être drôle. Sur des airs légers et enjoués de commedia dell’arte, Dario Fo donne à ce plaidoyer contre le gouvernement italien de l’époque, une forme burlesque qui lui permet une dénonciation sans concession. Cascades, grimaces, personnages exagérant le moindre de leur geste… Tous les ingrédients sont réunis, le public rit du début à la fin.
Sur des airs légers et enjoués de commedia dell’arte, Dario Fo donne à ce plaidoyer contre le gouvernement italien de l’époque, une forme burlesque
Le rire est ici salvateur. Parfois jaune mais souvent bon enfant, il allège ce pamphlet qui n’en reste pas moins préoccupant par sa pertinence. Dario Fo visionnaire ? Certainement. En tout cas Jacques Nichet, metteur en scène, a fait le choix de cette pièce sans tenter de l’adapter au contexte contemporain. Et malgré cette contrainte historique, le spectateur avisé ne pourra s’empêcher de penser à quelques aléas sociaux actuels.
« Faut pas payer ! », caractérisée par l’auteur comme une « farce militante » se déguste sans façon, s’apprécie pour sa vivacité, sa plume acérée, son jeu dynamique et juste mais surtout pour le talent indéniable de Dario Fo qui avait alors compris que les meilleures accusations sont celles proférées avec humour.
Amélie Féraud
Photo : Victor Pascal
"Faut pas payer !", Dario Fo. Mise en scène : Jacques Nichet. Traduction : Valeria Tasca et Toni Cecchinato. A voir Au Grand T jusqu’au samedi 8 décembre.
Bloc-Notes
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