FESTIVAL UNIVERCINE ALLEMAGNE NANTES
Vie et mort d’un secret
Schweigen ist silber (Le Silence est d’Argent), documentaire de Florian Aigner
Diffusé dans le cadre du festival Univerciné allemand, "Schweigen ist Silber", de Florian Aigner, est une investigation autour d’un secret de famille. Si Le Silence est d’Argent tout au long du documentaire, le réalisateur tente de mettre en lumière la face cachée d’une mère et ses conséquences sur sa famille.
“C’était une histoire à faire un film”, raconte le réalisateur Florian Aigner. Au départ, il voulait en faire une fiction, mais la forme documentaire est vite apparue comme une évidence. Tout commence en 1996 : Renate meurt et emporte avec elle un lourd secret. Sa petite fille découvre une importante correspondance entre sa grand-mère et un certain Raymond Bourgeois, un Français qu’elle a rencontré durant la Seconde Guerre mondiale. La famille découvre alors, que Diete, le fils unique de Renate, possède un demi-frère, Thomas.
Le réalisateur mène l’enquête
Florian Aigner, mari de la petite fille de Renate, s’est passionné dès lors pour cette histoire pas comme les autres. Mais il faudra attendre 2005, pour que Diete admette la vérité et accepte de tourner le film. Pour réaliser son film, Florian Aigner a embauché un détective privé pour identifier Thomas Bourgeois et a commencé le film sans savoir s’il allait le retrouver. Le film a donc été monté chronologiquement et devient une véritable enquête qui apporte son lot de suspense. Son montage est simple et répétitif : lecture des lettres que se sont échangées les amants de la guerre en voix-off, nombreuses photos des protagonistes sur des chansons de Charles Trenet puis interviews des membres de la famille.
Florian Aigner a embauché un détective privé pour identifier Thomas Bourgeois et a commencé le film sans savoir s’il allait le retrouver.
Au fil de l’enquête, les interrogations, la frustration et l’incompréhension s’emparent des acteurs. Le film fonctionne parfaitement et forme un tout pathétique que la sœur de Renate égaille par ses expressions inattendues et amusantes. Au fur et à mesure, le portrait de Renate se dessine et la famille tout entière se réapproprie cette nouvelle vie et tente de la comprendre, de lui donner un sens. Toute la difficulté pour le réalisateur a été de ne pas s’impliquer dans une telle histoire, “il faut rester metteur en scène” rappelle-t-il.
Un film riche de thématique
Le film brasse de nombreux thèmes comme la rupture, le mensonge, la honte et l’amour. Tout d’abord, il y a la dislocation d’une famille à cause de la guerre et la séparation de deux frères qui ne connaissaient pas l’existence de l’un et de l’autre. Puis les nombreux non-dits occupent une place centrale dans le film. Durant toute l’existence des protagonistes, les mensonges s’enchaînent et finissent par devenir ridicules. Enfin, le réalisateur insiste aussi sur la pression sociale de l’époque d’après-guerre, cette honte d’avoir une mère allemande pour Thomas Bourgeois, le déshonneur de tomber enceinte d’un Français durant la guerre pour Renate et la difficulté pour la famille d’admettre la part d’inconnue d’une femme aimée. Mais c’est bien l’amour et le désire de construire un avenir en pardonnant les fautes du passé qui l’emportent sur la colère et la déception. Le réalisateur répète que la dernière partie du film a représenté “un cadeau pour moi” , le merveilleux aboutissement d’une longue investigation. Il nous livre là, une jolie leçon de vie et de courage pour une histoire presque improbable et pourtant bien réelle.
Léna LE TROADEC
Prochaine séance : Katorza, mardi 13 novembre à 16 heures.
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