Rona Hartner : "Servus Draga !"
Rona Hartner à la Nuit du Voyage de Thouaré sur Loire (44)
Actrice primée, chanteuse exaltée, danseuse enflammée, RONA HARTNER est une femme à qui aucune forme d’expression ne semble pouvoir étancher la soif d’art et d’humanité. Dialogue bucolique avant la sortie de son prochain film "Tombé d’une étoile".
Robe tzigane et baskets multicolores, Rona Hartner est autant capable de peindre dans un avion, que de renouveller la musique tzigane en la mâtinant d’électro, d’arpenter les marches de Cannes que d’accepter l’invitation du festival de musique nomade de Thouaré sur Loire.
Avec son guitariste Laurent THILLIER et ses quatre autres musiciens, elle y a bouleversé le public par sa spontanéïté, sa gouaille, et sa générosité.
Sur un banc, dans le parc inondé de soleil de la salle du Pré Poulain, elle revient sur quinze ans de carrière. Polyglotte, elle parle français avec un accent insolite. Quoiqu’elle elle soit désormais installée à Paris, elle est née en Roumanie, en 1973. C’est lorsqu’elle vivait à Bucarest, au début des années 90, qu’elle fut remarqué comme comédienne et chanteuse. Depuis, elle n’a cessé de brûler les planches du théâtre, en jouant Shakespare, Dostoïevsy, Miller, Goldoni, Tchekov, Brecht, où en se livrant au one-woman-show.
Tony Gatlif et l’électro.
Puis, elle a joué dans plus d’une vingtaine de films, sous la direction de Mickaël HANEKE (Le Temps des Loups), James IVORY (Le Divorce) et bien sûr Tony GATLIF, par deux fois (Gadjo Dilo, Je suis né d’une cigogne). Dans Gadjo Dilo, son rôle de Sabina la rebelle, amante enflammé du personnage de Romain DURIS, marquera le début de sa carrière internationale, et figera son image d’icône tzigane auprès du grand public.
Depuis, elle n’a cessé de multiplier les expériences cinématographiques, les rencontres culturelles, et les métissages musicaux. Rien que de très normal pour cette femme transculturelle.
"Les tziganes s’adaptent à toutes les cultures en une génération" dit-elle. Rona Hartner met ce postulat en pratique dans sa musique : tzigane-jazz-rock, tzigane-electro, tzigane-bio, elle accomode sa musique maternelle à toutes les sauces des pays qu’elle traverse. Qu’on ne lui parle pas de ‘musiques du monde’ ! Elle voit plutôt le monde comme une musique.
Si il y a une scène qui rock et qui roll, c'est celle qui frémit sous les pieds nus de la prêtresse tzigane.
Fin de l’interview. Elle quitte la pelouse ensoleillée pour réapparaître dans les lumières de la scène.
Aimable à la ville, enflammée à la scène.
Batterie, basse, saxs, guitare, violon : cinq musiciens la précèdent sur les planches, comme cinq doigts d’une main ouverte pour le partage. Une main pour toucher, une main pour cogner. Rona surgit, et c’est autant une caresse qu’une taloche !
Klezmer pop, danse roumaine frénétique, rock transylvanien, java des montagnes Maramures, tout l’éventail des compositions s’ouvre sous les doigts du quintet de jazzmen électriques qui porte Rona Hartner, née pour chanter et danser sans trêve comme si sa vie en dépendait.
Dans sa voix fougueuse que rien ne peut tarir, on sent le souffle mélancolique des gens du voyage ; quand elle danse, pieds nus, ceinture argentée, c’est insolente comme une Esméralda moderne.
Soudain, c’est un étrange danseur, autant athlète que jongleur, qui vient se contorsionner comme un saltimbanque dans son dos, avant de l’emporter dans un tango des plus classique, tandis que la musique de Piazolla se transforme en ‘sentiment qui se danse’.
Un courant vivifiant parcourt la salle, et toutes les hypes du rock sont ravalées au rang de brailleries boiteuses. Si il y a une scène qui rock et qui roll ce soir-là dans la région, c’est bien celle qui frémit sous les pieds nus de la prêtresse tzigane.
Elderlezi -la musique du temps des Gitans-, vient clore près de deux heures de voyage au pays des ’sans frontière’. Un final qui impose la Nuit du Voyage comme un festival incontournable pour les oreilles et les yeux ouverts aux musiques d’ailleurs.
Dans sa langue maternelle, on lui dirait : "Merci la Belle !" : "Servus, Draga !".
Renaud CERTIN
Photos : René FRAUD
Ces deux dernières collaborations musicales : "Une légende tzigane " autour du violoniste roumain Kostovitza, et un album en compagnie du "Trio Bonne Nouvelle". Un peu plus ancien, l’ album "Boum Ba Clash" avec DJ ClicK.
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