
L’Å“il dans le rétro au Live Bar
Un dernier pour la route !
Petite ambiance nostalgique jeudi 23 décembre au Live Bar : le groupe nantais, L’Å“il dans le rétro fait ses adieux aux cafés-concerts qui les ont presque vu naître. Leur chanteur a accepté de répondre à mes quelques questions (un peu mesquines). Petit retour sur un groupe qui monte…
Fragil : On doit vous la poser souvent mais comment vous est venu ce goût pour le rétro ? L’œil dans le Rétro : J’ai toujours eu un penchant pour les années 20, ce côté droit, un peu viril et mauvais garçon… Un peu comme Renaud à ses débuts. Et puis, c’est plutôt culotté de faire de l’accordéon aujourd’hui. Au début, on faisait des reprises mais c’est l’esprit de Marc Augeret surtout qui nous plaît.
Fragil : On vous compare souvent aux Négresses Vertes, ça vous saoule pas un peu ? L’O d l.r :Non, pas du tout. Les Négresses Vertes ont un côté latin. Nous, c’est plutôt Europe de l’Est avec la clarinette qui donne un petit côté Audiard. Et nos chansons sont plus réalistes et font référence à notre côté voyou. Mais on n’est pas tous branché chanson française, il y en a certains qui ne connaissaient pas Jacques Brel par exemple et qui n’aiment pas la chanson française !
Fragil : Vous êtes 7, ça se passe comment pour l’écriture des textes ? L’O.d.l.r :Comme souvent, c’est le chanteur qui écrit. Il y a trois ou quatre compositeurs : le clarinettiste, le saxophoniste et le guitariste. Et puis, on est tous plus ou moins arrangeurs.
Fragil : Et qu’est-ce qui vous inspire ? L’O.d.l.r :Tout ce qu’on voit dans la rue et le cinéma, celui d’Audiard surtout, celui qui n’est pas politiquement correct, car personne n’aime le politiquement correct « on est tous contre la pensée unique ! ». Mais on reste un groupe de mecs donc on essaie de garder notre identité virile tout en ayant un peu d’humour même dans les chansons d’amour.
Fragil : Justement, il y a une phrase dans « Une chaussure à son pied » que j’ai trouvée drôle et touchante : « Ce que je cherche dans les coins louches, ce sont les contours d’une bouche »… L’O.d.l.r : Ouais, cet homme cherche l’amour, mais il se trompe d’endroit. « Il ne sait pas chercher », il va dans les bars, il boit trop…C’est une expérience que beaucoup d’entre nous ont vécu, je pense…Il y a dans l’album beaucoup d’images et de clins d’œil comme ça qui deviennent presque universels…
Fragil :Vous avez débuté comment ? L’O.d.l.r :Au départ, on était trois amis d’enfance et on a monté notre groupe de rock. On était déjà branché sur les sujets plutôt réalistes. On jouait à des mariages. Puis, on a « croisé » celui qui est devenu notre saxophoniste. On est parti sur les routes et on jouait dans les bars en acoustique. On jouait aussi dans la rue dès 9h du matin, après on jouait sur les marchés puis dans les bars jusqu’à minuit. Toute la journée, suivant l’heure où on le jouait, un même morceau suscitait des émotions différentes. Une chanson pouvait très bien marcher à 11h du soir et pas du tout à 11h du matin.
Fragil : L’œil dans le rétro, c’est un univers à part en fait ? L’O.d.l.r : Ouais, à force de jouer dans la rue, notre vocabulaire est devenu commun, il est fait de mélanges. Notre atmosphère est chaleureuse, virile. En fait, je rêve d’un concert avec plein de gens différents et que des vieux au premier rang, je trouve qu’il y a encore trop de clivage social.
Fragil : Vous avez débuté dans les cafés-concerts comme celui-ci. Aujourd’hui, c’est de plus en plus difficile pour les jeunes groupes de trouver des lieux pour jouer, vous en pensez quoi ? L’O.d.l.r : Je ne pense pas qu’il y ait moins de cafés-concerts… Peut-être que les gens ont moins envie d’y aller. C’est aussi une question de génération, la nouvelle scène, c’est plutôt l’électro.
Fragil : C’est surtout à cause des nouvelles lois sur le bruit, les gens veulent habiter en ville mais n’en supportent pas les contraintes… L’O.d.l.r : Cet arrêté municipal date du 19ème siècle ! Ce n’est plus de la sécurité mais du sécuritarisme ! Il y a comme un refus de l’aspect sensuel entre les gens ! La ville est faite de joies mais aussi de frustrations.
Fragil : Et quelles sont vos frustrations à vous ? L’O.d.l.r :On commence juste à pouvoir se payer. C’est le problème de l’intermittence, on a tous un boulot à côté. On est tous passionnés. Il ne faut surtout pas faire de la musique pour l’argent, les trois quarts fonctionnent grâce au bénévolat !
Fragil :Vous compter collaborer bientôt avec d’autres artistes ? L’O.d.l.r : On a déjà travaillé avec La Rue Kétanou. En fait, on aimerait collaborer avec des groupes dont le style musical serait complètement différent du nôtre ! Et avec des gens plus vieux aussi. J’aime quand toutes les générations sont mélangées !
Fragil :Ok, merci, à ce soir au concert ! L’O.d.l.r : Merci, a ce soir. Alors !
Propos recueillis par Sabrina ROUSSEAU.
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