
Punk-rock indien engagé !
Rencontre avec Black Fire
Du Punk-Rock Navajo, c’est ce que distille depuis les monts San Francisco, le clan Benally formé par deux frères et leur sÅ“ur. Au-delà d’une furieuse énergie rock n’roll, nos jeunes compères se servent de leur musique pour diffuser des messages à caractère politique.
Formé dans le milieu des années 90, Black Fire se compose de Klee, chanteur, guitariste accompagné de sa sœur Jeneda, une belle indienne qui joue de la basse et de son frère Clayson à la batterie. Tous les trois utilisent la création comme ultime arme contre toutes les oppressions. Leur côté punk, s’exprime plutôt dans leur attitude sur scène et dans leurs textes plutôt que dans le tempo. Si on leur trouve un style Ramones, c’est qu’ils ont collaboré avec Joey Ramones peu de temps avant sa mort en 2001. D’ailleurs les Black Fire disent volontiers qu’il a même été pour eux un conseiller spirituel. CJ le bassiste des Ramones les a énormément accompagné en produisant leur album « One Under Nation ». Black Fire, on l’aura compris, c’est avant tout une affaire de famille. Le père, Jones Benally, est une figure tutélaire qui confère sa sagesse au sein du clan. Berta Benally, la maman, chaperonne le groupe et joue son rôle d’attaché de presse.
D’énergiques messages politiques
Le rock comme émetteur d’énergiques messages politiques, voilà une démarche salutaire ! Les maux engendrés par le capitalisme, les dégradations sur l’environnement, les critiques politiques sont les principaux thèmes développés dans leurs chansons. Nos jeunes indiens sont engagés ! Certes ils sont en colère et l’on vous dira pourquoi, aussi ils chantent pour garder espoir. Espoir d’un avenir meilleur pour les très nombreuses communautés indiennes, mais aussi l’espoir que les injustices finissent par s’éteindre un jour dans le monde. Quand ils ne sont pas au bercail pour garder les troupeaux de brebis et leurs chevaux, les Black Fire empoignent leurs instruments lors de multiples concerts pour informer plus particulièrement le public des exactions commises envers les populations indiennes. Elles sont malheureusement trop nombreuses.
Leur culture a été pillée, arrachée, détruite. On a voulu leur imposer une culture qui n’était pas la leur. « Les enfants des indiens ont été emmené de force à l’école, sous couvert de bonnes intentions républicaines, pour leur apprendre un langage, une culture qui n’était pas la leur. Désormais on constate un renouveau de cette culture, que l’on croyait perdu par l’intérêt portée par un nombre toujours plus grand d’indiens qui redécouvrent les pratiques ancestrales. » Cette réappropriation de leur culture, permet de recouvrer une certaine dignité mais leur combat pour récupérer leurs terres spoliées par les occupants américains parait bien vain ! Le constat est amer, nombre de leurs territoires ont été saccagés, souillés, violés puisque dans la culture indienne, ils sont sacrés.
Sauver nos montagnes
Terres sacrées. C’est le cas des monts San Francisco. Dans cette région montagneuse, 14000 membres de la communauté ont été délocalisés dans le passé pour cause d’extraction de matières premières. Désormais, ce sont 13 tribus qui sont menacés par les projets d’extension d’une station de ski dans ces monts de l’Arizona. Ce complexe touristique ne connaît pas de réel engouement et malgré cela il a été décidé de continuer à investir dans la réalisation de nouvelles pistes sur ces monts où il ne neige jamais ! La neige artificielle est fabriquée à partir des eaux usées de la ville toute proche de Flagstaff.
C’est pour combattre un projet aussi absurde que Klee Benally utilise un autre de ses talents avec la réalisation d’un documentaire qui montre l’ineptie d’un tel projet et les conséquences néfastes tant au niveau culturel qu’écologique. Le documentaire « The Snowbowl effect » présente ainsi les points de vue des promoteurs et les témoignages des indiens. Mais les communautés indiennes ont besoin d’aide pour faire pression sur les médias et les institutions afin de faire comprendre le caractère sacré de ces monts et tenter de les sauver. Le site internet www.savethepeaks.org relaie les infos sur les avancées du projet et une pétition à l’attention du Service des Forêts des Etats-Unis est a signée en ligne.
Les luttes indiennes ne sont pas prêtes de s’éteindre avec la famille Benally. Leurs messages ne s’adressent pas qu’aux communautés locales des monts San Francisco mais aussi à toutes les autres populations qui connaissent elles aussi des difficultés, d’où selon Jones Benally, la nécessité d’être solidaires les uns des autres.
Bloc-Notes
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