Taxi de Noche, projection de nuit
Facho à Madrid !
Vendredi, 3ème jour du festival. Ou plutôt 3ème nuit, ce qui tombe bien pour visionner Taxi de Noche, de Carlos Saura, proposé par l’indispensable Absurde Séance. Une plongée glauque au coeur d’un Madrid pourri par le racisme, mais qui tombe hélas vite dans la bluette un peu mièvre...
En traversant les Pyrénées, le titre du film de Carlos Saura a gagné un "de Noche" supplémentaire, une précaution prise afin de ne pas confondre le film avec son homonyme français. Qu’on se rassure, la comparaison entre le film espagnol et la production Besson s’arrête au titre.
Il faut l’avouer, le résumé du film et sa projection dans le cadre de l’Absurde Séance avaient de quoi mettre la bave aux lèvres (ou la nausée, c’est selon). Jugez plutôt : Paz, incarnée par la sublime Ingrid Rubio, est une jeune fille qui décide de plaquer ses études. Elle se retrouve à travailler avec son père, chauffeur de taxi madrilène. Peu à peu, Paz réalise que son géniteur et ses collègues ont un passe-temps original : traquer et décimer les "ordures" de Madrid, comprendre les drogués, Noirs, prostituées et autres homosexuels. Radical, le pitch ! Le film, un peu moins...
Au point mort
Taxi de Noche commence sur les chapeaux de roues, avec une introduction qui met très vite dans l’ambiance, malsaine évidemment, de cette brochette de taxis dégénérés, autoproclamée "la Famille". Avec un sujet aussi grave et une première scène de ce calibre, on s’attend à un portrait au vitriol de l’Espagne moderne et des pulsions racistes, homophobes et misogynes qui la gangrènent.
Carlos Saura s'est-il volontairement bridé, en s'interdisant d'approfondir son sujet ultra-polémique, mais passionnant ?
Hélas, là où Santiago Segura, réalisateur du dément Torrente, et Alex de la Iglesia, responsable du Crime Farpait, nous auraient gratifié d’un film "coup de boule", ce Taxi-là décélère progressivement pour arriver très vite en bout de course. Et pendant que le compteur tourne, le moteur ronronne, et le film tout autant. La love-story entre Paz et un jeune tenté par la fascisme plombe littéralement le film, qui n’ose pas aller au bout de son sujet. Carlos Saura s’est-il volontairement bridé, en s’interdisant d’approfondir son sujet ultra-polémique, mais passionnant ?
Reste qu’au final, le film ne mérite pas non plus d’être mis au bûcher. Les acteurs sont dans l’ensemble très convaincants, bien que le jeu de certains verse allègrement dans la caricature par moments. La photographie du film sert bien l’ambiance nocturne et menaçante souhaitée par Saura. Bonne surprise également, la présence de Manu Chao au générique, crédité comme "collaborateur musical". On retrouve en effet quelques tubes de la Mano Negra dans la bande-son.
Un film inégal donc, mais qui manque cruellement de cojones pour pleinement satisfaire les amateurs de l’Absurde Séance, repartis majoritairement déçus de la projection. Pas de doute, le prochain film de l’Absurde, The Abandoned de Nacho Cerda, devraient les réconcilier avec l’inénarrable Jean-Maurice, gourou de cette secte cinéphile.
Alexandre Hervaud
Le site de l’Absurde Séance : http://absurdeseance.free.fr
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